En plein mois d’août, alors que la plupart des équipes dorment encore dans la chaleur suffocante de l’entre-saison, Kent Hughes et Jeff Gorton, eux, continuent à travailler dans l’ombre.
Leur mission : trouver ce fichu deuxième centre top 6 qui manque au Canadien depuis une éternité. Et voilà qu’un nom revient, avec insistance, dans les discussions : Jared McCann.
McCann, c’est l’archétype du joueur qui attire l’œil d’un directeur général intelligent : polyvalent, fiable, constant et ... surtout ... abordable.
À 29 ans, il sort de trois saisons consécutives à plus de 60 points, dont une campagne monstrueuse en 2022-23 où il a marqué 40 buts et amassé 70 points en 79 matchs.
Ce n’est pas un coup d’éclat isolé. Depuis qu’il a atterri à Seattle, il est devenu la pierre angulaire de l’attaque du Kraken, leur meilleur pointeur depuis l’entrée de l’équipe dans la LNH.
Et pourtant, malgré ce statut, il est disponible sur le marché des échanges.
Les rumeurs ne datent pas d’hier : McCann avait déjà été mentionné avant la date limite des transactions 2025, et cet été, les discussions se sont ravivées.
Des insiders comme David Pagnotta et d’autres sources proches du Kraken confirment qu’il fait partie des noms écoutés attentivement par le DG Ron Francis.
Pas parce que Seattle veut se débarrasser d’un problème, mais parce qu’ils voient en McCann une valeur d’échange maximale avant que son contrat n’arrive à échéance en 2027.
Ce contrat, parlons-en. Signé en mars 2022, c’est une entente de 5 ans pour 25 M $ qui le garde sous contrôle jusqu’à la fin de la saison 2026-27.
Son cap hit annuel de 5 M $ est un bijou dans la LNH moderne.
Pas de clauses alambiquées, juste une liste de dix équipes à qui il peut refuser un échange.
Pour une formation comme Montréal, c’est l’équivalent d’acheter une Ferrari au prix d’une Honda Civic… mais avec un réservoir qui ne fuit pas.
Alors, pourquoi Seattle bougerait-il son meilleur buteur ?
Parce que le Kraken, après trois saisons d’existence, commence à remodeler sa structure salariale et à donner plus de place à sa relève.
Avec Matty Beniers, Shane Wright et une profondeur offensive en construction, Seattle cherche à équilibrer ses lignes, ajouter de la jeunesse et, surtout, récupérer des choix et des espoirs.
McCann, lui, est à son apogée ... c’est maintenant ou jamais pour en tirer le maximum.
C’est là que Montréal entre en scène. Hughes voit en McCann la réponse immédiate au trou béant derrière Nick Suzuki.
Un joueur capable de jouer centre ou ailier, en première ou deuxième vague d’avantage numérique, et même de donner un coup de main en désavantage.
Un gars qui, par sa simple présence, pourrait libérer Ivan Demidov de la pression insensée qui lui tombera dessus dès son premier match au Centre Bell.
Et ce n’est pas juste une question de statistiques. McCann, dans un vestiaire, c’est un moteur discret. Pas le grand gueule qui hurle dans le corridor, mais le pro constant qui fait la job, soir après soir.
Dans un marché comme Montréal, ça vaut de l’or. Ça permet aussi à Martin St-Louis de jongler avec ses trios sans tout faire exploser à chaque blessure.
Le hic ? Ce genre de joueur ne s’obtient pas pour une poignée de cennes noires.
Seattle ne lâchera pas McCann contre un troisième choix et un espoir en fin de parcours. Il faudra payer.
Et c’est là que les spéculations commencent. Kirby Dach ? Hughes dira qu’il est intouchable… jusqu’au moment où l’opportunité de mettre la main sur McCann se présentera vraiment.
Dach, après deux saisons tronquées par les blessures et un retour incertain, représente un pari que Seattle pourrait envisager, surtout s’il est accompagné d’un choix de première ronde (protégé top 10) ou d’un jeune joueur comme Joshua Roy.
La transaction idéale pour Montréal, évidemment, serait de garder Dach et d’envoyer plutôt un choix élevé et un espoir.
Mais dans le monde réel, Hughes devra être créatif. Seattle ne manque pas de profondeur à l’aile gauche ou au centre, mais ils pourraient être intéressés par un défenseur jeune et costaud, ou par un espoir prêt à percer rapidement.
Jayden Struble ? On entre là dans les scénarios où Hughes doit mesurer l’impact à long terme.
L’intérêt du Canadien pour McCann n’a rien de farfelu. Il répond à une logique pure : l’équipe a besoin d’un centre productif, fiable, et sous contrat à moyen terme.
McCann est exactement cela. De plus, sa capacité à produire dans une équipe qui n’a jamais été une puissance offensive comme Tampa ou Colorado prouve qu’il n’a pas besoin de vedettes autour de lui pour performer.
Imaginez-le aux côtés de Cole Caufield, Juraj Slafkovsky ou Demidov…
Mais ce qui rend ce dossier fascinant, c’est le timing. Nous sommes en août. Habituellement, ce genre de transaction se produit soit juste avant la date limite, soit au repêchage.
Si ça se joue maintenant, c’est parce que Seattle teste le marché et que Hughes veut frapper avant que d’autres clubs ... et il y en aura ... ne se mêlent à la course.
Une fois que la saison commence, les prix montent. Et à ce moment-là, Montréal se retrouverait peut-être à devoir lâcher plus que prévu.
On dit souvent que certaines transactions marquent un tournant dans la reconstruction d’une équipe.
McCann pourrait être ce moment-là pour le CH. Il ne viendrait pas juste combler un besoin immédiat : il enverrait aussi un message clair à la ligue, aux partisans et aux joueurs dans le vestiaire.
Ce message, c’est : « On est prêts à gagner maintenant. » Et après avoir vu des années de « reconstruction » à la sauce lenteur extrême, ça ferait du bien.
Bien sûr, il y a un risque. McCann n’est pas immortel.
Une blessure, une adaptation plus lente à la pression montréalaise, et l’investissement pourrait sembler lourd.
Mais ce risque existe pour tous les joueurs de ce calibre.
La différence, c’est que McCann, avec son cap hit raisonnable, ne plomberait pas la masse salariale comme un contrat de 9 ou 10 M $. Et s’il devait être échangé plus tard, il garderait de la valeur.
À 29 ans, Jared McCann est dans la fleur de l’âge pour un joueur offensif.
Il connaît son jeu, il sait comment se préparer, il a l’expérience des séries et la polyvalence pour s’adapter à plusieurs rôles.
En d’autres mots : il est prêt à être un pilier. Si Montréal le rate, on risque de le voir briller ailleurs, et ça, ce serait une gifle de plus à encaisser pour une fanbase qui commence à perdre patience.
Kent Hughes a donc un choix à faire. Prendre le risque maintenant, ou attendre encore, en espérant que Dach explose enfin, que Slafkovsky devienne un centre miracle, ou que le prochain repêchage offre une solution immédiate.
Spoiler : ça n’arrivera pas. Les vrais deuxièmes centres de calibre LNH ne tombent pas du ciel. Ils s’achètent. Et McCann est présentement en vitrine.
Seattle écoute. Montréal réfléchit.
Et si Hughes veut vraiment que le Canadien passe de l’ère de la reconstruction à celle de la compétition, c’est peut-être maintenant que ça se joue.
Parce que des McCann, il n’y en a pas vingt sur le marché.
Et ceux qui existent disparaissent vite.
À suivre ...