Transaction pour Connor McDavid: panique à Edmonton

Transaction pour Connor McDavid: panique à Edmonton

Par David Garel le 2025-07-08

C’est le genre de transaction qui déclenche immédiatement une guerre de commentaires sur X, alimente les débats dans les stations de radio sportives, et fait grincer bien des dents en Alberta.

Mardi soir, les Oilers d’Edmonton ont acquis Isaac Howard, ancien espoir du Lightning de Tampa Bay, en retour du 32e choix au total du repêchage 2024, Sam O’Reilly.

Un « un pour un » simple en apparence, mais lourd de conséquences.

Il n’en fallait pas plus pour que plusieurs analystes y voient un geste de panique de la part du DG Stan Bowman Les Oilers, coincés dans une fenêtre de compétition de plus en plus étroite avec Connor McDavid libre comme l’air en 2026, ne peuvent plus se permettre d’attendre.

Ils veulent du renfort, maintenant. Pas dans deux ou trois ans. Et c’est précisément ce que leur promet Isaac Howard, un ailier gaucher de 21 ans, qui vient de se retirer de l’Université Michigan State après une saison spectaculaire dans la NCAA.

Selon Frank Seravalli, Howard sera inséré directement dans la formation des Oilers dès la soirée d’ouverture.

Choisi au 31e rang en 2022, Howard sort d’une saison où il a été couronné meilleur joueur de la NCAA, avec 26 buts et 52 points en 37 matchs.

Offensivement, le talent est indéniable. Il patine bien, a un flair naturel pour les espaces dangereux, et possède un tir précis. Mais il y a des bémols. Howard n’est pas très grand (5 pieds 11, 190 livres), joue avec une certaine arrogance, ce que certains scouts appellent poliment du« cockiness », et a déjà brûlé des ponts à Tampa Bay, menaçant de devenir joueur autonome en août 2026 si on ne le signait pas immédiatement.

Julien BriseBois a refusé de plier. Il a tenu bon, puis a décidé de couper court : bye bye Howard.

Et voilà que les Oilers arrivent en sauveurs… ou en désespoir de cause.

De l’autre côté de la transaction, les Bolts reçoivent un profil complètement différent. Sam O’Reilly est plus jeune (19 ans), plus complet, et beaucoup plus modeste dans son approche.

Cet champion avec les Knights de London n’a pas que levé la Coupe Memorial, il a été un rouage essentiel d’une formation dominante dans la OHL. Centre (et ailier) droitier de 6 pieds 1 et 190 livres, O’Reilly est reconnu pour sa rigueur défensive, son anticipation, et son style 200 pieds qui rappelle… Patrice Bergeron.

C’est d’ailleurs ce nom qui revient constamment dans les comparaisons faites par les recruteurs : Bergeron. Rien de moins.

Et pourtant, c’est lui qu’on échange.

Il faut bien le dire : cette transaction est un pur reflet de deux philosophies complètement opposées. Tampa Bay mise sur la patience, la relance, et la profondeur au centre. Edmonton, au contraire, carbure à la panique. On veut prouver à McDavid que l’équipe est « all in », qu’elle agit vite, qu’elle est agressive.

Mais peut-on sérieusement croire qu’Isaac Howard sera le facteur déterminant dans la décision de Connor McDavid de signer ou non un contrat à long terme avec les Oilers? "C'mon". On est loin du blockbuster.

Autre critique : les Oilers n’avaient-ils pas déjà des profils similaires? On pense à Matthew Savoie, un autre petit ailier talentueux mais pas dominant physiquement.

Ajouter Howard ne résout pas le manque criant d’ailiers robustes et complets capables de jouer en séries. Oui, il va marquer des buts. Mais il va aussi se faire brasser.

Et à 21 ans, l’étiquette de « NHL ready » ne fait plus aussi forte impression qu’à 18 ou 19. Il est en âge de performer maintenant, et s’il ne le fait pas, les critiques seront immédiates.

Sur les réseaux sociaux, les réactions sont vives. Certains saluent le courage des Oilers d'obtenir un espoir "NHL-ready", mais possédant un plafond moins élevé que Sam O'Reilly.

D’autres déplorent l’abandon trop rapide d’un joueur de centre rare et précieux. 

Même l’argument du besoin immédiat de marqueurs ne convainc pas tout le monde, puisque le problème d’Edmonton demeure davantage structurel qu'au niveau des buts marqués.. On empile les ailiers de finesse, mais qui va jouer en désavantage numérique? Qui va améliorer la ligne bleue? Quel gardien va venir sauver cette équipe non-balancée?

À première vue, les Bolts semblent avoir raflé la mise. Ils ont obtenu un joueur plus jeune, sous contrôle pour plus longtemps, qui joue au centre, qui est droitier, et qui possède une éthique irréprochable. Et ce, en se débarrassant d’un espoir capricieux qui refusait de signer.

La pression vient maintenant de passer sur les épaules d’Isaac Howard. Et ça, Julien BriseBois le savait très bien. En échangeant un problème contre une solution potentielle, il a transformé un dossier louche en actif précieux.

Et maintenant?

Sam O’Reilly prendra le chemin du développement, sans pression, dans une organisation rodée qui sait attendre. Isaac Howard, lui, est catapulté dans le feu de l’action, dans une organisation qui panique, où chaque match est une audition, chaque erreur est amplifiée, et chaque décision est scrutée à la loupe par le clan McDavid.

Deux opposés.

Et si les Oilers avaient simplement sacrifié leur futur centre de troisième trio des 10 prochaines années, un joueur fiable, droitier, qui peut tuer des punitions, pour une étincelle à court terme qui pourrait s’éteindre rapidement?

Ça, seul le temps le dira.

Mais pour l’instant, ce qui saute aux yeux, c’est que Julien BriseBois a fait ce qu’il fait toujours : il a maximisé un élment du marché en voie de perdre toute valeur. Et les Oilers, eux, ont fait ce qu’ils font trop souvent : agir dans l’urgence.

Cette transaction-là, qu’on se le dise, a été faite pour Connor McDavid. Point final. Il n’y a aucune autre lecture logique.

Comme l’embauche de Kris Knoblauch, son ancien entraîneur junior, un geste clairement motivé par le désir de rassurer le capitaine.

Comme les tentatives répétées d’ajouter des éléments offensifs, aussi précaires soient-ils. Chaque mouvement du "front office" est désormais filtré à travers une seule question : est-ce que ça va plaire à Connor?Mais ce jeu-là, aussi compréhensible soit-il, est dangereux.

Quand on bâtit une équipe pour un seul homme, même s’il est le meilleur joueur du monde, on perd souvent la vision d’ensemble. On se retrouve à faire des choix à courte vue, en sacrifiant peut-être la structure pour flatter un ego.

La question à 10 millions : Connor McDavid est-il rassuré?