Ce serait terminé.
Arber Xhekaj ne fait plus partie des plans du Canadien de Montréal. Pas besoin de communiqué officiel. Pas besoin d’attente. Denis Gauthier vient de lâcher une bombe qui confirme ce que tout le monde pressentait : Xhekaj sera échangé cet été.
C’est la fin d’une époque, et le début d’un véritable tremblement de terre médiatique.
Dans une déclaration glaciale, sans détour, l’ancien défenseur de la LNH et analyste de RDS a mis cartes sur table :
« Si le Canadien a besoin d’un morceau pour compléter une grosse transaction cet été, c’est Xhekaj qui va partir. Pas Reinbacher. Pas Mailloux. C’est lui. »
Boom.
Il faut prendre les propos de Denis Gauthier avec tout le sérieux qu’ils méritent. L’ancien défenseur de la LNH, aujourd’hui analyste bien respecté à RDS, n’est pas du genre à lancer des rumeurs en l’air.
« Xhekaj a encore une certaine valeur à travers la ligue. Pas assez pour un échange un contre un contre un défenseur top-4 ou un 2e, mais assez pour être la pièce déclencheuse dans une transaction plus grosse. Il a une aura. Il brasse la soupe, comme on dit. »
Ce jugement, il vient d’un gars qui a lui-même fait sa carrière sur la robustesse. Denis Gauthier, c'était un monstre physique. Ses mises en échec étaient cinglantes, parfois à la limite.
Gauthier comprend ce que vit Xhekaj. Il sait la difficulté d'évoluer dans une LNH de plus en plus axée sur la vitesse et le jeu de position, quand ta plus grande force, c’est ton impact physique. Sa lecture de la situation est donc particulièrement significative.
Xhekaj vit un cauchemar éveillé. Pour un joueur qui a galvanisé Montréal à ses débuts, qui a fait lever le Centre Bell avec ses poings et son cœur gros comme le monde, c’est un verdict sans pitié.
Mais c’est la réalité. Et le pire, c’est qu’on le voyait venir. Lâché subtilement par Martin St-Louis depuis des mois, privé de son rôle de protecteur, relégué aux estrades dans les matchs les plus physiques de la saison, Xhekaj était déjà un homme en sursis.
Et maintenant, on le sait : c’est terminé.
Gauthier ne parle pas à travers son chapeau. Il connaît les coulisses. Il sait comment les DG pensent, comment les agents manœuvrent, comment les dossiers mijotent bien avant le repêchage.
Sa déclaration est une condamnation sans appel : Xhekaj est devenu un extra dans un film où il jouait autrefois le rôle principal.
Et c’est là tout le drame.
Parce que Xhekaj n’est pas un figurant. C’est un électrochoc Un personnage. Une force brute qui change l’allure d’un match.
Mais cela ne suffit plus.
Aux yeux de Martin St-Louis, il n’est pas un défenseur top-6. Il ne rentre pas dans le moule. Il ne pense pas comme il faut, ne bouge pas la rondelle comme il faut, ne gère pas les transitions comme il faut. Et dans un monde gouverné par les systèmes, la robustesse ne paie plus. Du moins, pas à Montréal.
Et pendant ce temps-là, les clubs adverses se frottent les mains.
Philadelphie. Chicago. Boston. Utah. Des destinations qui reviennent en boucle. Des équipes qui veulent retrouver du chien, de l’intimidation, du leadership émotionnel. Des organisations qui voient ce que Montréal refuse de voir : Xhekaj a une valeur unique.
Chez les Flyers, Daniel Brière est prêt à rebâtir avec du "grit". Le nouveau coach, Rick Rochett, voit en Xhekaj un soldat parfait.
À Chicago, on cherche quelqu’un pour protéger Connor Bedard, pour mettre un frein aux Rempe et autres chasseurs de têtes.
À Boston, Xhekaj "fit' tout de suite avec la mentalité des "Big Bad Bruins". Mais Kent Hughes ne prendra jamais le risque de l'envoyer chez un rival de division.
En Utah, André Tourigny rêve d’implanter une culture dure, physique, passionnée.
En entrevue au 98,5 FM, le coach du Mammoth a dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas :
« Quand ils rentrent Xhekaj dans la formation à Montréal, la ville vire de bout en bout. Il y a de la robustesse en séries, et ça fait partie du hockey. C’est ce que les gens aiment. »
Tourigny n’a pas simplement fait une analyse technique. Il a tendu une perche. Il a envoyé un signal très clair à Kent Hughes :
« On le veut. »
Le coach de l’Utah, qui veut bâtir une équipe avec du mordant dans un nouveau marché, a identifié Xhekaj comme l’une des pièces de son casse-tête identitaire.
Il veut une figure marquante, un joueur qui incarne la robustesse, la fierté, le défi. Et dans toute la LNH, qui mieux qu’Arber Xhekaj pour faire vibrer une foule à chaque mise en échec?
Le message de Tourigny, couplé à l’analyse de Gauthier, scelle le constat : Xhekaj sera un joueur très en demande cet été. Et pour le Canadien, chaque décision sur lui aura des répercussions massives.
Le nom de Xhekaj revient partout. Et ça ne date pas d’hier.
Ce que Gauthier dévoile, c’est que le CH songe à utiliser Xhekaj dans un "package deal". Pas en pièce principale. Pas comme joueur vedette. Comme ingrédient décisif dans une transaction plus grosse. Un deuxième centre? Un gros défenseur droitier? Peu importe l’objectif, Xhekaj pourrait être la clé.
Et c’est là que le paradoxe devient cruel.
Parce qu’en même temps que le grand frère est poussé vers la sortie, le petit frère, Florian Xhekaj, est en train de s’imposer comme la révélation de l’année à Laval.
Son entraîneur, Pascal Vincent, ne tarit pas d’éloges. Il parle d’un joueur qui excelle dans toutes les situations, qui apprend à une vitesse folle, qui pourrait jouer dans la LNH très bientôt.
« Il manque juste du temps. »
Une phrase lourde de sens. Parce que ce temps, Arber ne l’a plus.
Il est sur la sellette. Chaque match qu’il passe dans les gradins est une preuve de plus. Chaque entrevue de Martin St-Louis qui l’ignore est un clou de plus dans le cercueil.
Et la famille Xhekaj regarde tout ça avec le cœur serré. Le rêve de voir les deux frères jouer ensemble à Montréal est en train de mourir. Lentement. Cruellement. Le petit va monter. Le grand va partir.
Et pourtant, Arber Xhekaj avait tout pour incarner l’âme de ce club. L’énergie brute. L’instinct protecteur. L’amour des partisans. Mais dans un monde de chiffres, d’analytique et de transition rapide, les coeurs n’ont plus la cote.
Martin St-Louis veut des défenseurs propres, précis, prévisibles. Et Arber Xhekaj n’est rien de tout cela. Il est imprévisible. Emotif. Sanguin. Et, surtout, libre.
Et c’est pourquoi il sera échangé.
Loin d’être un secret, c’est maintenant une certitude. Confirmée. Validée. Officiellement officieuse.
Le Shérif pliera bagage.
Et dans quelques mois, quand il frappera pour une autre équipe, quand il fera lever les foules à Philadelphie, Chicago ou Salt Lake City, Montréal se demandera comment elle a pu le laisser filer.
Mais ce jour-là, il sera trop tard.
Car Denis Gauthier avait raison. Arber Xhekaj va partir. Et Montréal, une fois de plus, aura perdu plus qu’un joueur : elle aura perdu une âme.