Le Québec médiatique n’a jamais connu une revanche aussi cruelle, aussi spectaculaire, aussi personnel que celui qui oppose aujourd’hui Pierre Karl Péladeau à son ex-conjointe Julie Snyder.
Pendant que TVA et TVA Sports vivent une lente agonie, englués dans des dettes vertigineuses, des choix stratégiques catastrophiques et des audiences en chute libre, Julie Snyder signe un retour triomphal.
Le cauchemar de Péladeau a un nom. Il s’appelle Julie.
Revenons à la source. En 2013, TVA faisait un choix lourd de conséquences : abandonner Occupation Double, l’émission phare de son réseau, pour miser à fond sur les droits de la LNH, avec la création de TVA Sports. Un pari audacieux, financé à coup de 720 à 800 millions de dollars, pour arracher les droits francophones à RDS. Pierre Karl Péladeau croyait que le hockey allait faire de TVA Sports une machine à cash. Il a tout perdu.
TVA Sports est aujourd’hui plombée par plus de 300 millions de dollars de pertes, selon les documents financiers. La chaîne est un gouffre. Elle a dû être sauvée par un prêt d’urgence de 91 millions accordé par Québecor Média. Sa marge de crédit bancaire, autrefois de 150 millions, est tombée à 20 millions. C’est une entreprise sous respirateur artificiel.
Et pendant ce temps, qu’est devenue Occupation Double?
En 2017, Julie Snyder récupère les droits d’Occupation Double et relance le format sur Noovo, propriété de Bell. C’est le début de l’ascension. Et cette année, c’est l’explosion : OD Tentations au soleil, version plus sexy et sulfureuse, devient la production originale la plus vue sur Crave en 2024.
Mais Julie ne s’arrête pas là. Elle l’annonce avec fierté : le format s’exporte maintenant en anglais. Pour la première fois depuis 2003, Occupation Double traverse les frontières. La nouvelle série Temptations Under the Sun sera tournée à Chypre et diffusée partout au Canada anglais. Un coup de maître.
Et surtout, une claque publique à Pierre Karl Péladeau.
Comme si ce n’était pas assez, Julie Snyder revient aussi à Radio-Canada avec une comédie dramatique féministe corrosive, intitulée Le gouffre lumineux. Produite par Productions J. Financée en partie… par l’État. Autrement dit : avec l’argent public que Péladeau déteste.
C’est là que l’humiliation devient complète. Pierre Karl Péladeau accuse depuis des années Radio-Canada de concurrence déloyale, de détruire les médias privés à coups de subventions. Et pourtant, c’est sa propre ex-femme qui vient maintenant s’enrichir sur cette même plateforme qu’il combat avec rage.
Il suffoque. Elle jubile.
Ce n’est plus une guerre froide. C’est une guerre totale. Et dans cette guerre, Julie Snyder gagne sur tous les fronts. Il faut se souvenir de tout ce que Péladeau lui a fait vivre.
Oui, le divorce entre Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder fut l’un des plus sordides de l’histoire du showbiz québécois. Et il ne s’est pas limité aux tribunaux. Selon des documents judiciaires rendus publics, Julie Snyder a été suivie par une agence de sécurité privée, Garda, à la demande de Québecor, alors même que le couple était en instance de séparation.
Ce n’était pas de la fiction : Julie a raconté qu’elle se sentait épiée en permanence, et des preuves irréfutables ont été déposées devant la Cour.
La facture? 45 000 $ en appels téléphoniques sur une période de quelques semaines, que PKP a tenté de lui faire payer.
En parallèle, Vidéotron a poursuivi Productions J, la boîte de Julie, dans un apparent conflit d’intérêts. À l’interne, tous savaient que la volonté de briser l’empire Snyder venait directement du sommet.
On lui a retiré ses émissions, on a mis fin à ses collaborations, on a tenté de l’effacer du paysage.
Mais Julie Snyder s’est relevée. Et elle a transformé son humiliation en empire. Elle est maintenant la productrice #1 au Québec, à la tête d’une machine à cash indépendante, agile, branchée. Elle est présente sur toutes les plateformes : Noovo, Crave, Radio-Canada, même Amazon Prime via ses collaborateurs.
Pendant ce temps, Péladeau… compte ses pertes.
Et TVA Sports, jadis porte-étendard, est devenu un fardeau. Les cotes d’écoute, catastrophiques depuis le début, sont en chute libre. L’intérêt général se désintègre.
TVA Sports n’est pas un projet d’avenir, c’est une erreur comptable.
Péladeau croyait acheter du prestige. Il a acheté une pierre tombale.
Et que dire du rêve des Nordiques?
Longtemps, la ville de Québec a cru que Pierre Karl Péladeau était l’homme de la situation. Qu’il allait ramener le hockey. Qu’il allait redonner à la capitale nationale sa fierté perdue. Mais au fil des années, la vérité a éclaté : ce projet n’a jamais été le sien.
C’était le rêve de Julie. C’est elle qui portait le projet. C’est elle qui l’a poussé, qui l’a médiatisé, qui l’a transformé en passion. Péladeau ne faisait que suivre. Par amour ou par convenance.
Et après le divorce, tout a disparu. Il a tout laissé tomber.
Aujourd’hui, il investit dans les Alouettes, dans Freedom Mobile, mais plus dans le hockey. Il a tourné le dos à Québec.
Et pour les partisans des Nordiques, c’est un coup de poignard. Jeff Fillion l’a dit à haute voix : « Le projet des Nordiques, c’était la bébelle à Julie. »
Et Julie? Elle est partie. Et elle a tout emporté.
Occupation Double. La créativité. La jeunesse. L’intelligence télé. Le public. La sympathie. La modernité. La vision. Julie Snyder est partie avec tout. Ce qu’il reste à Pierre Karl Péladeau, c’est un empire vidé de sa substance, une coquille qui résonne dans le vide.
Le château TVA ne tient plus que sur des dettes et des illusions. Et le succès de Julie, aujourd’hui, dévoile la vérité : sans elle, PKP n’a jamais rien su bâtir qui tienne la route.
On se souviendra tous de 2013 pour la vie: TVA mise tout sur la LNH, abandonne Occupation Double, et laisse tomber sa productrice-vedette.
Pour quoi? Pour une promesse jamais tenue : celle du retour des Nordiques. Un chèque catastrophique signé en panique pour arracher le Canadien à RDS. Mais sans Julie, sans créativité, sans relais populaire, le projet s’est écroulé. TVA Sports est devenu un gouffre. Et les Nordiques ne sont jamais revenus.
Les Nordiques, c’était Julie.
Elle y croyait. Elle avait mobilisé la province. Elle avait fait rêver le Québec avec la série Montréal-Québec. Elle avait convaincu PKP de s’en mêler. Mais c’était sa vision. Sa “bébelle”. Son combat.
Et une fois évincée, ce rêve s’est vidé de sens. Péladeau a acheté les Alouettes. Il a investi dans Freedom Mobile pour sauver les déboires de Quebecor. Du sport, du hockey? Plus rien. La ville de Québec a été sacrifiée sur l’autel de son divorce.
Et pendant ce temps-là, Julie Snyder signe la revanche du siècle.
Ce que Julie Snyder laisse derrière elle, c’est un homme qui ne comprend plus le monde.
La télé a changé. Le public a changé. Julie, elle, a changé avec lui. Elle est sur Crave, sur Noovo, sur TOU.TV, elle parle aux jeunes, aux femmes, aux familles. Elle ose. Elle invente. Elle gagne. PKP? Il pleure contre Radio-Canada. Il dénonce les subventions. Il accuse l’État. Mais il oublie que sa propre ex est aujourd’hui la reine du contenu financé. Elle reçoit les millions qu’il méprise. Et elle les transforme en or.
Et c’est là que la vérité explose : Péladeau n’a jamais voulu le succès de Julie. Il voulait la posséder. Et quand elle lui a échappé, c’est tout son empire qui s’est effondré.
Ce n’est pas qu’un divorce personnel. C’est un effondrement stratégique. Elle est partie, et il n’a plus su quoi faire. TVA a perdu son étoile. Québecor a perdu son âme. Et aujourd’hui, chaque victoire de Julie Snyder est une gifle en pleine figure pour son ex-mari.
Et tout ça, parce qu’elle a eu le courage de partir...