Ce n’est plus un bruit de fond. Ce n’est plus une rumeur discrète dans un coin d’article. C’est une réalité cinglante : les Rangers de New York sont à un carrefour, et le nom d’Alexis Lafrenière est désormais au centre de toutes les discussions.
Ce matin, alors que l’organisation new-yorkaise encaisse les séquelles d’une saison désastreuse, les rumeurs d’échange atteignent une intensité rarement vue et c’est le jeune Québécois qui porte, bien malgré lui, tout le poids de cette instabilité.
Nos pensées accompagnent Alexis et sa famille. Car derrière la spéculation, les chiffres, les tableaux d’alignement, il y a un être humain. Un jeune homme de 22 ans. Un fils. Un frère. Un athlète qui n’a jamais triché. Et pourtant, aujourd’hui, on parle de lui comme d’un actif à liquider.
La saison 2024-2025 des Rangers a été un désastre. Un dossier de 39-36-7, une cinquième place dans la section Métropolitaine, et surtout une absence cruelle des séries éliminatoires pour la première fois en quatre ans. Le rêve d’une dynastie construite autour de Panarin, Zibanejad, Fox et Lafrenière a fondu comme neige au soleil.
Peter Laviolette a été congédié. Mike Sullivan, champion de la Coupe Stanley à deux reprises, a été nommé. Mais le ménage ne s’arrête pas là. Selon Arthur Staple de The Athletic, les Rangers veulent revamper leur alignement de fond en comble.
Trois seuls joueurs seraient « intouchables » : Igor Shesterkin, Artemi Panarin et Adam Fox. Trois hommes aux clauses de non-mouvement totales. Tous les autres sont sur écoute. Y compris Lafrenière. Y compris Zibanejad. Y compris Kreider.
Et voilà que Bleacher Report jette de l’huile sur le feu. Dans un article publié aujourd’hui, le média affirme que le Canadien de Montréal est le favori pour faire l’acquisition d’Alexis Lafrenière.
Le lien est évident : Jeff Gorton l’a repêché en 2020, il le connaît mieux que quiconque. Montréal a besoin d’un ailier top-6, québécois de surcroît. Et Lafrenière a besoin d’un nouveau départ.
Mais le choc est total : les Rangers exigeraient Juraj Slafkovsky en retour. Et ça, il n’en est pas question pour Gorton et Kent Hughes. Slafkovsky, tout juste éclot, est intouchable. Le CH veut ajouter Lafrenière à Slafkovsky, pas les échanger.
Un autre package sur la table?
Le CH pourrait toutefois miser gros : les 16e et 17e choix du prochain repêchage, potentiellement Logan Mailloux, voire un jeune attaquant comme Emil Heineman. Le nom de Michael Hage circule, mais Gorton voudrait l’éviter. En face, les Rangers veulent des joueurs prêts, pas des projets.
Et pendant ce temps, d’autres équipes surveillent :
Calgary aimerait ajouter un ailier comme Lafrenière pour compléter son top-6. Ils peuvent offrir Rasmus Andersson et des choix, eux qui possèdent deux choix de première ronde.
Le Mammoth d'Utah veut un joueur vedette pour conquérir sa nouvelle base de partisans. Lafrenière, avec Keller et Cooley, ferait sensation.
Anaheim pourrait proposer Trevor Zegras dans un échange de jeunes en difficulté.
Chicago a besoin d’un ailier pour Connor Bedard, et regorge de jeunes défenseurs prometteurs.
Minnesota pourrait offrir Marco Rossi, un centre talentueux, dans une transaction presque miroir.
Mais aucune de ces pistes ne génère autant de tension émotionnelle que Montréal.
Le malaise a explosé lorsque le nom de Lafrenière a été soigneusement évité lors de la conférence de presse de Mike Sullivan.
L’entraîneur a dit avoir parlé à tous les joueurs. Il a nommé Brennan Othmann, Gabe Perreault… mais pas Lafrenière. Un oubli? Un message? Un oubli volontaire? Dans ce contexte de rumeurs, le silence est plus parlant que les mots.
Sullivan a pourtant été clair :
« Chaque joueur doit mériter sa place. Il n’y aura pas de passe-droit. »
Une déclaration qui, même sans le nommer, semblait viser Lafrenière, accusé de ne pas avoir livré la marchandise après sa prolongation de sept ans.
Autre élément à surveiller : les Rangers auraient un intérêt marqué pour Vladimir Gavrikov, selon Staple. Le défenseur des Kings sera agent libre sans compensation le 1er juillet.
Cela laisse entendre que Drury prépare déjà un nouveau noyau. Et pour ce faire, des salaires devront quitter. Lafrenière et ses 7,45 M$ annuels sont dans la ligne de mire.
L’organisation a 11 M$ de marge salariale, mais devra renouveler des contrats importants, dont celui de K’Andre Miller. Il y aura des victimes. Et Lafrenière semble en voie d’en devenir une.
Pendant ce temps, le cœur du Québec suspendu à une rumeur.
À Saint-Eustache, c’est l’angoisse. La famille Lafrenière vit cette journée comme un choc. Personne ne mérite ça. Pas après avoir donné autant. Pas après avoir encaissé les critiques, les changements de trios, les promesses brisées. Et pourtant, le ciel tombe ce matin.
Il tombe aussi sur Montréal, où l’idée de voir Lafrenière en bleu-blanc-rouge ressuscite une vieille flamme. Celle du joueur québécois vedette. Celle du Rimouskois tant espéré. Celle de la rédemption d’un ancien premier choix… à la maison.
Chris Drury nie. Il se cache derrière des déclarations vagues. Mais la vérité est là : il écoute. Il évalue. Il sonde. Et s’il peut échanger Lafrenière contre un retour immédiat, il le fera. C’est ce que demandent les résultats. C’est ce que dicte l’échec.
Mais nous, aujourd’hui, nous pensons à Alexis. À ce qu’il vit. À ce qu’il a vécu. À ce qu’il pourrait redevenir dans un environnement qui le veut. Un joueur d’impact. Un visage pour Montréal. Un Québécois sauvé par Montréal, comme tant d’autres l’ont été avant lui.
Le malaise est énorme. Les rumeurs font rage. Mais une chose est sûre : quelque chose est brisé à New York. Et peut-être que c’est à Montréal de réparer Lafrenière.
Et au milieu de tout cette tempête, il y a un autre facteur qui fait grincer des dents : le contrat de Mika Zibanejad.
À 8,5 millions de dollars par saison jusqu’en 2030, l’attaquant suédois de 31 ans est devenu, aux yeux de plusieurs, un indésirable de luxe. Un boulet contractuel. Un « salary dump » que les Rangers tentent désespérément de glisser dans une transaction plus alléchante.
C’est un secret de Polichinelle dans les coulisses de la LNH : New York cherche à s’en débarrasser. Et certains se demandent : est-ce que le Canadien de Montréal serait assez téméraire pour absorber une partie de cette masse salariale?
À ce stade de leur reconstruction, avec autant de jeunes à signer, ce serait un pari audacieux, voire dangereux. À moins d’un gros bonbon qui l'accompagne, l’idée d’ajouter Zibanejad au casse-tête financier du Tricolore ne tient pas la route.
À moins... que Lafrenière soit inclus dans le "package deal"...