Qui sera le deuxième centre du Canadien de Montréal cette saison?
La question semblait en voie d'être réglée avec la réhabilitation de Kirby Dach, l'émergence potentielle de Zachary Bolduc et le développement d'espoirs comme Michael Hage. Mais voilà que les déclarations de Jeff Gorton à RG Media et les révélations sur Ivan Demidov viennent tout bouleverser.
Dans une entrevue exclusive accordée à RG, Jeff Gorton a été questionné sur la possibilité d'ajouter un deuxième centre par voie de transaction.
Sa réponse :
« Non, je pense que nous sommes à l'aise. On sait qu'on n'est pas un produit fini. On va continuer de regarder et de tenter d'améliorer notre équipe, comme toujours. Beaucoup de gens parlent des centres, mais nous avons des centres dans notre organisation et nous sommes à l'aise avec ça en vue du camp. »
Des propos vagues, prudents, presque désengagés. Et surtout, peu rassurants. Parce que si le plan A, Kirby Dach, ne fonctionne pas, quel est le plan B? Et si Zachary Bolduc n'est pas prêt à assumer cette responsabilité?
Il faut le dire : malgré son optimisme apparent, Jeff Gorton semble lui-même incertain. Il ne nomme jamais Dach, ni Bolduc, ni Newhook. Il se contente de parler de "centres dans l'organisation".
Pendant ce temps, Ivan Demidov, le joyau du repêchage 2024, refuse tout simplement d'explorer cette voie. Même si Kent Hughes avait déjà ouvert la porte à l'idée de voir Demidov jouer au centre, tout porte à croire que le jeune Russe ne veut rien savoir.
Selon Marco D'Amico au podcast Poolcast, Demidov a déclaré ne pas aimer les mises en jeu et ne pas se sentir à l'aise à cette position. Il a admis que ses habiletés au cercle étaient faibles et qu'il n'avait pas l'intention de travailler là-dessus.
« Je vais jouer là où l'équipe me mettra, mais je ne suis pas bon aux mises en jeu. » aurait-il dit, de façon dégoûtée, à RG Media.
Un refus qui ne passe pas inaperçu. Parce que dans les bureaux du CH, on aurait bien aimé que Demidov adopte l'attitude de Zachary Bolduc, qui, lui, s'entraîne désormais spécifiquement aux mises en jeu avec un entraîneur personnel.
Le Canadien voit Bolduc comme un exemple d'implication. Et il aurait aimé que cette rigueur déteigne sur le Russe.
Mais voilà : Demidov veut évoluer à l'aile, là où il peut exploiter son coup de patin (encore à améliorer), sa créativité et sa vision du jeu. Et ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Le problème, c'est que cela complique le casse-tête du CH.
Les médias russes l’avaient pourtant annoncé dès les premiers jours suivant son repêchage : Ivan Demidov n’est pas un centre, il n’a jamais été un centre, et il ne le sera jamais.
On le comparait déjà à Kirill Kaprizov, un ailier explosif, imprévisible, qui génère de l’offensive sans se soucier du reste.
Ce n’est pas un reproche, c’est la nature même de son génie. Lui imposer la charge mentale et défensive d’un centre serait un frein à son développement.
D’ailleurs, lors des séries Capitals de Washington, plusieurs observateurs ont noté à quel point Demidov semblait hésitant, voire passif, lorsqu’il n’avait pas la rondelle dans sa zone défensive.
Et pourtant, malgré cette réalité, le Canadien a tenté un dernier effort pour tester son engagement. Ivan Demidov s’est vu proposer poliment mais clairement de suivre l’exemple de Zachary Bolduc en travaillant avec l’ancien spécialiste Marc Bureau sur les mises en jeu.
Une initiative toute simple, sans engagement contractuel, mais qui aurait montré une ouverture à progresser comme centre. La réponse fut nette : Demidov a refusé.
Pas par arrogance, mais par lucidité. Il sait qui il est, et ce qu’il n’est pas. Et cette lucidité place à nouveau Kent Hughes et Jeff Gorton devant un mur : ils devront trouver un véritable deuxième centre, car Demidov, aussi flamboyant soit-il, ne veut rien savoir de cette responsabilité.
Pendant ce temps, Kirby Dach avance comme un indésirable. Il est en santé, il patine, il s'entraîne, mais personne ne sait vraiment où il en est dans sa progression.
Jeff Gorton, dans son entrevue, ne l'a même pas nommé. Est-ce parce qu'on ne veut pas lui mettre de pression? Ou est-ce parce qu'on doute? La blessure de Dach a été grave. Sa réhabilitation, longue. Et l'histoire du CH récente est pleine de ces "plan A" qui se sont effondrés.
Le plus ironique, dans tout ça, c'est que le Canadien possède une monnaie d'échange de premier plan pour aller chercher un deuxième centre : Mike Matheson.
Un défenseur gaucher, expérimenté, excellent en relance, très respecté dans la LNH. Et pourtant, Jeff Gorton a été catégorique :
« Quand je regarde notre défensive avec Mike dedans, je la trouve vraiment bonne. »
Il insiste :
« Il affronte les meilleurs tous les soirs, il joue en désavantage numérique, il peut jouer 25 minutes. Il a récolté 62 points il y a deux ans. Et l'année dernière, il s'est mis en retrait pour laisser Lane Hutson émerger. C'est un leader. »
En clair, Mike Matheson ne sera pas échangé. Gorton clôt le dossier.
Mais cela pose un autre problème : s'il n'est pas échangé, il devra jouer. Et avec l'arrivée de Noah Dobson, il y a congestion à gauche. Lane Hutson, Kaiden Guhle, Arber Xhekaj, Jayden Struble, Adam Engstrom : tous veulent leur place. Et Matheson occupe beaucoup d'espace.
Jeff Gorton affirme aussi que le CH est désormais un marché attirant pour les joueurs, malgré les impôts :
« Oui, les taxes, on comprend, c’est définitivement un facteur, mais il y a des façons de contourner ça. »
Il parle de l'héritage du CH, de la ville, du personnel d'encadrement, des jeunes vedettes :
« Quand on parle aux agents et aux joueurs, il y a de l'enthousiasme. On sent que les gens dans la ligue nous prennent au sérieux. »
Mais pour être sérieux, il faut régler la question du deuxième centre. Et vite. Parce que Kirby Dach est un pari. Bolduc, un projet. Demidov, un refus catégorique. Et Michael Hage, encore un peu jeune.
Jeff Gorton a peut-être démenti des rumeurs. Mais il n'a rassuré personne.