Triste scène à Buffalo: Mike Matheson refuse de partir

Triste scène à Buffalo: Mike Matheson refuse de partir

Par David Garel le 2025-06-05

Mike Matheson est devenu l’homme de trop à Montréal. L'homme qui refuse de partir...

Il y a des scènes qui en disent long. À Buffalo, en marge du Combine 2025, Mike Matheson a été aperçu dans une longue conversation avec Kent Hughes et Jeff Gorton.

Une heure et demie, montre en main. Officiellement, il ne s’agissait pas de négociations contractuelles. Officieusement, tout le monde a compris que le dossier Matheson est désormais sur la table.

Et pourquoi pas? L’ancien chouchou devenu bouc-émissaire est admissible à une prolongation de contrat dès le 1er juillet. Et malgré une saison calamiteuse, un effondrement au Mondial et une réputation qui s’effondre à chaque match, il veut rester.

Rester dans la ville où il se fait détruire sur les réseaux sociaux. Rester au sein d’une organisation qui ne pourra tout simplement pas lui offrir un rôle à la hauteur de ses attentes… ni de son salaire potentiel.

Parce que oui, Mike Matheson veut une prolongation. Mais pas à n’importe quel prix. Et le prix, justement, sera au cœur du problème.

Pas un défenseur #1. Et pourtant…

Soyons clairs. Le vrai coupable de l’effondrement de Mike Matheson cette saison, ce n’est pas Mike Matheson. C’est Martin St-Louis.

C’est lui qui l’a envoyé au bûcher, match après match, comme défenseur numéro un, pilier de la relance, quart-arrière en avantage numérique qui a perdu sa place au profit de Lane Hutson et sauveur défensif des pauvres à court d’un homme. Matheson n’a jamais été un défenseur #1. Il ne le sera jamais.

Dans un rôle effacé, moins exposé, protégé… il peut encore offrir de bonnes minutes. Il a du patin, il voit le jeu, il peut relancer l’attaque. Il n’est pas parfait, mais il n’est pas le désastre ambulant qu’on a vu en fin de saison et au championnat mondial avec le Canadien. C’est la surcharge de responsabilités qui l’a détruit.

Mais à Montréal, l’espace pour un vétéran gaucher payé 5 à 6 millions est… inexistant.

La vraie raison : Guhle et Hutson ont changé la donne.

C’est simple. Kaiden Guhle est à Montréal pour de bon. Lane Hutson aussi. Jayden Struble pousse. Arber Xhekaj est toujours là. Il n’y a aucune logique sportive ou financière à prolonger Mike Matheson pour quatre ou cinq ans, à fort prix, dans une équipe qui ne peut déjà pas donner du temps de jeu suffisant à ses jeunes. Pire encore : le garder bloque le développement des piliers de demain.

Les seuls scénarios viables pour le CH sont les suivants :

Lui offrir un contrat plus court (2-3 ans max).

À rabais.

Avec une clause modifiée ou sans protection.

Mais soyons réalistes : ce type de contrat, il le refusera si le marché UFA lui promet mieux ailleurs.

Le facteur émotif est rendu la seule arme de Matheson.

C’est là que le narratif émotionnel entre en jeu. Et c’est là que les médias traditionnels commencent à jouer leur rôle de bouclier.

Depuis des mois, la presse québécoise (La Presse, RDS, TVA Sports) multiplie les textes pour humaniser Matheson. On rappelle qu’il est montréalais. Qu’il est un ancien partisan du CH. Qu’il veut revivre les émotions de sa jeunesse.

Qu’il veut que son fils voit les drapeaux du CH sur les voitures pendant les séries. Qu’il accepte son rôle. Qu’il est loyal. Qu’il est gentil. Qu’il est respectueux.

Tout ça est vrai. Et touchant. Mais tout ça ne change rien à la réalité du cap salarial.

Un joueur ne peut pas se payer une prolongation en capital de sympathie.

Ce qui s’est passé à Buffalo est clair : Matheson veut rester. Hughes et Gorton l’aiment bien. Mais ils n’ont aucune raison rationnelle de lui donner un nouveau contrat à long terme. S’il veut rester, il devra accepter une réduction drastique de salaire.

On ne parle pas ici de passer de 4,875 M$ à 4 M$. On parle d’un contrat à 2,5 ou 3 M$ par année, sur deux ou trois ans. Et encore. Ça bloquerait quand même Struble ou Xhekaj.

Le seul moyen que cela passe, ce serait si Guhle ou Hutson glisse à droite. Encore une fois : ce serait accommoder Matheson, pas le plan idéal.

La logique commande un départ.

Matheson devient libre comme l'air en 2026. Le CH ne le ressignera pas à ce moment-là, c’est évident. Pourquoi alors prendre le risque de le garder une année de plus… pour le perdre pour rien? La meilleure décision, logique, froide, rationnelle,  serait de l’échanger dès cet été, pendant qu’il a encore de la valeur.

Il pourrait aider une équipe qui a un réel besoin à gauche : les Stars, les Bruins, les Predators, les Oilers… et leur offrir son expérience en séries, son calme et son leadership.

Mike Matheson est un bon soldat, un gars de cœur, un humain exceptionnel… mais il n’a plus sa place dans la structure du Canadien.

Surtout que sur les réseaux sociaux, c’est une boucherie. Dès que le nom de Mike Matheson apparaît dans une publication, les commentaires dégénèrent.

On parle de joueur “surpayé”, “inutile”, “minable en séries”. Certains vont jusqu’à l’insulter personnellement, oubliant qu’il est aussi un père de famille, un gars qui donne tout pour l’équipe.

Ça prend des proportions indignes. On ne critique plus son jeu, on attaque l’homme. Même sa rencontre avec Hughes et Gorton, à Buffalo, a déclenché une nouvelle vague de moqueries. Matheson n’est plus seulement un joueur critiqué. Il est devenu le symbole du malaise collectif d’une partie de la base dure des partisans du CH.

On a pitié de lui parfois.

Mais l’émotion n’a plus sa place dans ce dossier. Le CH a des décisions stratégiques à prendre. Le futur appartient à Hutson, Guhle, Reinbacher, et d’autres.

Matheson le sait. Hughes le sait. Montréal aussi.

Le plus grand service qu’on peut rendre à Mike Matheson aujourd’hui, ce n’est pas de le protéger médiatiquement. C’est de lui permettre de finir sa carrière ailleurs, là où il sera respecté… pour ses minutes, et non pour ses souvenirs.