Tristesse au Brésil: Donald Trump commet l'irréparable

Tristesse au Brésil: Donald Trump commet l'irréparable

Par David Garel le 2025-08-01

C’est un tremblement de terre diplomatique et sportif qui secoue actuellement les coulisses de la Coupe du monde 2026.

À moins d’un an du tournoi, qui doit se tenir conjointement aux États-Unis, au Mexique et au Canada, le président Donald Trump vient de signer un décret présidentiel d’une violence inouïe à l’égard du Brésil, menaçant, sans aucune gêne, d’empêcher les ressortissants brésiliens d’entrer sur le territoire américain.

Le tout, en pleine guerre commerciale avec à peu près tous les partenaires stratégiques de la planète. Mais le Brésil, c’est différent. Le Brésil, c’est sacré. C’est le pays du football. Et pour des millions de fans, imaginer une Coupe du monde sans la Seleção, c’est comme imaginer les Jeux olympiques sans la flamme.

Au cœur de la tourmente : une ordonnance présidentielle qui établit un état d’urgence nationale en réponse à ce que Trump décrit comme des menaces extraordinaires contre la sécurité, l’économie et la politique étrangère des États-Unis, émanant directement du gouvernement brésilien.

Dans ce document incendiaire, Trump ne se contente pas de dénoncer un simple désaccord diplomatique : il accuse littéralement le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva d’avoir orchestré des attaques ciblées contre la liberté d’expression américaine, d’avoir persécuté l'ancien président du Brésil (Jair Bolsonaro) et d’avoir imposé des censures massives à des plateformes américaines opérant sur leur propre territoire.

Il cite spécifiquement le juge de la Cour suprême du Brésil, Alexandre de Moraes, qu’il accuse d’agir de façon tyrannique en gelant des comptes, censurant des contenus américains, menaçant des dirigeants d’entreprises américaines de poursuites criminelles, et même en poursuivant des citoyens américains pour des propos tenus… sur le sol américain. Un degré d’ingérence que Trump qualifie de sans précédent.

Résultat : des sanctions économiques massives, soit 40 % de droits de douane supplémentaires sur une large gamme de produits brésiliens, et, surtout, la menace d’un bannissement des Brésiliens, y compris des joueurs, journalistes, et supporters désirant entrer sur le territoire américain en vue de la Coupe du monde 2026.

Une première historique. Une folie pour certains. Une tactique électorale pour d’autres. Mais quoi qu’il en soit, une menace bien réelle.

Le Brésil n’a pas tardé à réagir. Le ministère des Relations extérieures a publié un communiqué officiel dénonçant une ingérence inacceptable dans les affaires internes du Brésil, accusant Trump de mentir, de travestir la réalité, et de vouloir punir un pays démocratique pour avoir enquêté sur un ancien président soupçonné de tentative de coup d’État.

Le Brésil affirme que la justice agit en toute indépendance et que les accusations de Trump relèvent de la manipulation politique.

Luiz Inácio Lula da Silva, visiblement furieux, a dénoncé lors d’une allocution improvisée une menace à la paix mondiale et un chantage grotesque contre un peuple pacifique. Et surtout, il a martelé que le Brésil sera à la Coupe du monde, que cela plaise à Donald Trump ou non.

Ce conflit pourrait avoir des conséquences catastrophiques. On parle ici de la plus grande nation du football mondial : cinq Coupes du monde, des légendes comme Pelé, Ronaldo, Romário, Ronaldinho, Neymar, des centaines de millions de partisans à travers le globe.

Exclure le Brésil du tournoi, ou lui empêcher l’entrée sur un des territoires, hôtes ne serait pas simplement un affront diplomatique : ce serait un sabotage pur et simple du tournoi.

Les retombées seraient immenses. La FIFA, déjà échaudée par les controverses entourant le Mondial au Qatar, n’a pas encore commenté publiquement, mais en coulisses, selon des sources internes à Zurich, l’inquiétude est intense.

Un haut fonctionnaire aurait déclaré : 

“S’il manque le Brésil, ce n’est plus une Coupe du monde. C’est une farce.”

Les commanditaires, eux aussi, tremblent. Plusieurs marques majeures, dont certaines brésiliennes, menacent déjà de se retirer si la situation n’est pas clarifiée rapidement. Le groupe AmBev, partenaire officiel, aurait même suspendu temporairement sa campagne marketing prévue pour l’automne.

Même aux États-Unis, le décret présidentiel de Trump provoque un tollé. Des membres du Congrès, tant démocrates que républicains, ont exprimé leur opposition à ce qu’ils qualifient de caprice présidentiel dangereux.

Le sénateur républicain Marco Rubio, pourtant fidèle allié de Trump, a déclaré :

 “Nous pouvons être en désaccord avec la justice brésilienne sans menacer de faire dérailler un événement planétaire.”

Dans les milieux du soccer américain, c’est la consternation. Le sélectionneur de l’équipe américaine a même refusé de commenter, visiblement pris de court.

Les joueurs, eux, sont médusés. Weston McKennie aurait confié à un proche : 

“Pas de Brésil? Je préfère même pas y penser.”

Mais pourquoi Trump s’en prend-il soudainement au Brésil avec autant de violence? Officiellement, il invoque la censure, les violations des droits humains et la persécution de Bolsonaro. Mais plusieurs analystes y voient une manœuvre politique.

D’une part, le Brésil a récemment renforcé ses liens économiques avec la Chine et la Russie dans le cadre de l'alliance BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud)  défiant ouvertement l’hégémonie américaine.

D’autre part, la proximité idéologique entre Trump et Bolsonaro, tous deux figures de la droite populiste, n’est pas un secret. Trump chercherait ainsi à faire pression sur Lula pour qu’il lâche prise dans les poursuites judiciaires contre Bolsonaro.

D’autres avancent une théorie encore plus cynique : Trump utiliserait cette crise comme levier pour galvaniser sa base électorale en pleine campagne présidentielle. 

“Rien de tel qu’un ennemi étranger pour rallier les troupes,” dit un commentateur politique. Et tant pis si cela implique de menacer l’existence même de la plus prestigieuse compétition sportive au monde.

Le décret entre en vigueur dans sept jours. Les tarifs douaniers frapperont de plein fouet les exportateurs brésiliens.

Et si le Brésil réplique, ce qui est probable, Trump a promis de renforcer encore davantage les mesures punitives, incluant une possible interdiction complète de visas pour les ressortissants brésiliens. Cela inclurait joueurs, journalistes, familles, équipes techniques… tout le monde.

À moins d’un miracle diplomatique, les prochaines semaines pourraient donc sceller le sort du Brésil à la Coupe du monde. Et à travers cela, c’est l’essence même du football international qui s'effindre.

Car qu’est-ce qu’une Coupe du monde sans les "samba boys" ? Qu’est-ce qu’un tournoi sans les chants brésiliens, sans les dribbles magiques, sans la ferveur de Rio?

Ce que nous vivons en ce moment dépasse largement le sport. C’est une démonstration brute de pouvoir. C’est une preuve que les conflits géopolitiques n’épargnent rien, pas même le ballon rond. Et c’est, peut-être, un point de non-retour dans l’instrumentalisation politique des grands événements sportifs mondiaux.

Le monde regarde. La FIFA retient son souffle. Le Brésil se prépare. Et Trump, fidèle à lui-même, fait vaciller l’équilibre global… à coups de décrets.

La question est simple : ira-t-on vraiment jusqu’à priver la planète de son cœur footballistique?

Si c’est le cas, alors ce ne sera plus la Coupe du monde. Ce sera la Coupe des intérêts américains. Et à ce jeu-là, personne ne gagne.

Ce qui fait peur, c'est que la FIFA semble d'accord avec la folie du président américain. Dans une manœuvre qui en dit long sur les liens désormais étroits entre Donald Trump et la FIFA, l’organisation mondiale du football a annoncé, à la stupéfaction générale, l’ouverture d’un nouveau bureau au cœur même de la Trump Tower à New York.

La nouvelle a été officialisée lors d’un événement en présence du président de la FIFA Gianni Infantino, de la légende brésilienne Ronaldo Nazario… et de la Coupe du monde des clubs, exposée fièrement dans le hall d’entrée du gratte-ciel.

Pour Infantino, il s’agit d’un geste symbolique fort :

« La FIFA est une organisation mondiale, et pour être mondiale, il faut aussi être local. »

Officiellement, ce bureau servirait à « accompagner l’élan nord-américain » autour du Mondial 2026. Mais pour beaucoup, il s’agit surtout d’un aveu de proximité entre Infantino et Trump, dans un contexte déjà explosif.

Car si la FIFA a choisi de placer physiquement son influence dans l’empire immobilier du président américain, elle ne peut plus "faker" l’indépendance face à une administration qui menace de boycotter… l’un de ses pays membres les plus prestigieux.

Et comme si cela ne suffisait pas, les inquiétudes économiques liées aux tarifs douaniers punitifs de Trump viennent s’ajouter au chaos.

Plusieurs marques internationales, notamment dans l’agroalimentaire, le textile ou la technologie, envisageraient déjà de revoir à la baisse leur implication publicitaire, voire de se retirer purement et simplement du tournoi. Le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada et le Mexique, pourtant coorganisateurs du Mondial, sont tous frappés par des hausses de tarifs allant de 10 à 25 %, ce qui compromet la rentabilité attendue de l’événement pour les commanditaires.

Des hauts dirigeants de multinationales auraient même, selon Sky News, annulé leur présence aux réunions préparatoires prévues cet automne à Miami.

Et au milieu de tout cela, la FIFA, plutôt que de faire front commun pour préserver la neutralité du sport, installe tranquillement ses quartiers dans l’immeuble d’un président qui fait planer la menace d’une Coupe du monde à deux vitesses… sans le Brésil.

Quelle tristesse...