Tristesse dans la famille de Michael Pezzetta: un moment bouleversant

Tristesse dans la famille de Michael Pezzetta: un moment bouleversant

Par Marc-André Dubois le 2025-04-06

Le Canadien de Montréal continue d’écrire l’un des chapitres les plus imprévisibles et inspirants de sa saison. En s’imposant 2 à 1 face aux Prédateurs de Nashville, à l’étranger, au terme d’un deuxième match en autant de soirs, l’équipe de Martin St-Louis a prouvé une fois de plus qu’elle refuse de mourir.

Ce cinquième gain consécutif ne vient pas seulement garnir la colonne des victoires : il envoie un message à toute la Ligue nationale.

Oui, le Canadien est bel et bien en train de se frayer un chemin vers les séries éliminatoires.

Comment parler de cette victoire sans mettre en lumière la performance sensationnelle de Jacob Dobeš? Le jeune gardien tchèque a été fumant devant la cage montréalaise. Avec 34 arrêts sur 35 tirs, Dobeš a tenu le fort avec une maturité et un sang-froid dignes d’un vétéran.

Cette victoire n’est pas banale. Elle survient au terme de deux matchs en deux soirs, avec un voyagement éreintant entre les deux rencontres. Le genre de situation où, historiquement, les équipes cèdent physiquement, mentalement. Mais pas ce Canadien-là.

À cinq matchs de la fin de la saison, le Tricolore s’offre maintenant une avance de six points sur les Rangers de New York, dans la course pour le dernier rang donnant accès aux séries. C'est pratiquement dans la poche.

Mais derrière cette euphorie collective, un moment profondément troublant est venu glacer le sang des partisans : le combat de Michael Pezzetta contre Andreas Englund.

Combat? Le mot est généreux. Ce fut une exécution publique.

Pezzetta, dans un effort désespéré de justifier sa présence dans l’alignement, a jeté les gants contre le géant suédois.

Ce qu’on a vu ensuite, c’est une tempête de coups au menton, sans aucune riposte. Englund a connecté, encore et encore. Pezzetta a plié, titubé, mais est resté debout. Par fierté. Par instinct de survie.

Mais tout le monde savait.

Ce n’était pas du hockey. C’était une agression. Un sacrifice humain.

Michael Pezzetta ne se bat pas pour inspirer ses coéquipiers. Il se bat pour survivre. Il sait qu’il est à la fin de son contrat. Il sait que son avenir à Montréal est terminé. Il sait que son profil de joueur n'appartient plus à la LNH.

Alors, il encaisse. Il encaisse pour espérer un contrat au salaire minmum ou à deux volets, quelque part, n’importe où. Il se sacrifie, comme chair à canon, pour offrir à son entraîneur un semblant d’utilité.

Mais ce soir, il s’est fait détruire.

Et pendant que le Centre Bell vibrera peut-être bientôt au rythme des séries, la famille Pezzetta, elle, devra vivre avec les séquelles de ce combat. Les risques de commotion. Les migraines. Les trous de mémoire. Les cauchemars.

Ce qui choque encore davantage, c’est que pendant que Pezzetta mangeait les coups à pleine gueule, Arber “Arbax” Xhekaj était absent.

Absent, non pas blessé, mais réchauffant le banc, lui qui n'a joué que 9 maigres minutes.

Celui que tout le monde surnommait autrefois “le Shérif” a vu, impuissant, son coéquipier et ami se faire massacrer par Englund. Xhekaj aurait pu l’arrêter. Il aurait pu se battre. Il aurait pu venger.

Mais Martin St-Louis ne veut rien savoir d’Arber Xhekaj. Il le tient à l’écart. Il préfère Pezzetta comme bouc émissaire.

Un choix cruel, incompréhensible.

Une tristesse qui dépasse le hockey.

Le plus dur, dans tout cela, c’est la dimension humaine du drame Pezzetta. Ce n’est pas un mauvais gars. C’est un coéquipier apprécié, un travailleur acharné, un joueur au cœur immense.

Mais le cœur ne suffit plus dans la LNH.

Ce soir, ce qu’on a vu, c’est un homme au bout du rouleau, qui se bat pour ne pas mourir dans l’oubli. Et tout le monde, autour, le laisse faire.

Personne pour le protéger. Pas même son propre entraîneur.

Et pendant que Pezzetta saignait en silence, Kent Hughes et Jeff Gorton observaient en retrait. Muets. Inactifs.

Lui ont-ils parlé? Lui ont-ils dit ce qu’ils comptent faire de lui?

On laisse Pezzetta aller au front, jusqu’à ce que son corps ne suive plus. 

Pezzetta va quitter Montréal cet été. C’est une certitude.  

Et pourtant, on continue de l’exposer.

Pourquoi?

Pour camoufler le fait qu’on ne veut plus de Xhekaj? Pour retarder un rappel de Florian Xhekaj, plus jeune, plus rapide, plus efficace? Pour éviter de trop brasser l’alignement avant les séries?

Les raisons importent peu, au fond.

Ce qu’on voit, c’est un homme détruit.

Ce soir, le Canadien a gagné. Le Canadien a fait un pas de plus vers les séries.

Mais pendant que les partisans rêvent au printemps, une famille pleure en silence.

Les Pezzetta, quelque part en Ontario, ont vu leur fils se faire pulvériser. Humilier. Déshumaniser.

Et personne, au sein de l’organisation, ne semble prêt à dire stop.

Il est temps que ça cesse.

Il est temps de sortir Michael Pezzetta de cette spirale destructrice.

Avant qu’il ne soit trop tard.

Michael Pezzetta a mis son corps – mais surtout son cerveau – en danger.

Et il faut qu’on arrête de normaliser ça.

Parce que ce n’est plus du hockey. Ce n’est plus un sport. C’est un homme qui joue à la roulette russe avec sa santé, et possiblement son avenir.

Les coups d’hier, portés directement au menton par Andreas Englund, pourraient avoir des conséquences irréversibles.

On le sait. Ce n’est pas nouveau. Les données scientifiques sont claires et accablantes. Chaque coup à la tête, chaque commotion, chaque impact violent peut causer des lésions cérébrales cumulatives.

Et chez les enforcers – les « goons » comme on les appelait jadis – c’est une réalité documentée, effrayante, tragique.

On parle de l’encéphalopathie traumatique chronique (CTE). Une maladie dégénérative du cerveau causée par des traumatismes répétés.

Des noms comme Derek Boogaard, Wade Belak, Steve Montador ou Bob Probert sont tristement liés à cette maladie.

Des hommes, comme Michael Pezzetta, qui faisaient leur métier avec passion. Qui se levaient chaque jour pour se battre, littéralement, pour leur survie professionnelle.

Des hommes qui ont perdu la mémoire, sombré dans la dépression, souffert de paranoïa, qui ont fait des tentatives de suicide, parfois fatales.

Et Pezzetta, hier, a pris une claque de plus vers ce destin.

La CTE ne se manifeste pas du jour au lendemain. Elle s’installe lentement. Elle détruit à petit feu.

Troubles de concentration. Changements d’humeur. Problèmes de sommeil. Confusion. Démence.

Et elle ne peut être diagnostiquée qu’après la mort.

Voilà la route que Michael Pezzetta est peut-être en train d’emprunter… pour un contrat minimum.

Ce qui rend ce moment encore plus insupportable, c’est de penser à ceux qui regardaient le match à la maison.

Ses parents. Ses frères. Sa copine. Ses amis.

On imagine leurs visages blêmes, les mains devant les yeux, la panique.

Combien de fois encore pourront-ils supporter de voir Michael se faire martyriser sur la glace?

Combien de coups reste-t-il avant que les conséquences deviennent visibles, mesurables, irréparables?

La douleur familiale n’est jamais prise en compte dans les décisions sportives. Mais elle est bien réelle. Et elle dure bien plus longtemps que les bleus visibles.

Comme si tout cela faisait partie du jeu. Comme si le sacrifice de Pezzetta était normal. Prévisible. Accepté.

C’est inacceptable.

Dans une ligue qui prétend vouloir « protéger ses joueurs », il est impensable qu’on laisse un gars comme Pezzetta aller se faire massacrer pour 3 minutes de glace.

Le hockey évolue. Mais à Montréal, pour Pezzetta, on semble rester coincé dans une époque révolue.

On continue de l’envoyer comme chair à canon, jusqu’au jour où ce sera trop tard.

Car c’est là qu’on en est.

On ne parle plus de performances.

On ne parle plus de points au classement.

On parle de santé. De son cerveau. 

Michael Pezzetta, lui, a perdu un autre morceau de lui-même. De son intégrité. De sa fierté. De sa santé.

Il n’a pas donné un spectacle. Il a offert un sacrifice.

Et si on ne l’arrête pas, le prochain combat pourrait être celui de trop.

Pas pour une mise en échec.

Pas pour un point au classement.

Mais pour sa mémoire. Pour sa famille. Pour sa vie.

Le Canadien est en route vers les séries.

Mais Pezzetta, lui, est en train de foncer droit dans un mur.

Et il est temps que quelqu’un tire sur le frein d’urgence.

Avant qu’on ne se réveille un jour… et qu’il soit trop tard.