La situation d’Arber Xhekaj ne cesse de faire jaser dans les cercles montréalais et ailleurs dans la LNH.
À un an de devenir joueur autonome avec compensation, avec un contrat d’une modeste valeur de 1,3 million de dollars, le défenseur le plus intimidant du Canadien semble aujourd’hui être perçu comme un luxe inutile… et comme une pièce de transaction de choix pour Kent Hughes.
Et c’est là tout le paradoxe. Parce que si Xhekaj est l’un des joueurs les plus populaires au Québec, autant pour ses poings que pour son charisme brut, il est aussi l’un des plus souvent écartés des formations projetées.
Sur DailyFaceoff, The Athletic ou tout autre simulateur crédible, le shérif des pauvres est souvent le septième défenseur. Pire encore : dans certaines projections, il n’apparaît même pas.
Le problème est structurel. La ligne bleue du Canadien déborde de gauchers, de jeunes talents et de contrats garantis.
Noah Dobson est arrivé avec le statut de futur défenseur numéro un. Lane Hutson est un prodige offensif qui va manger les minutes. Alexandre Carrier va jouer son 20 minutes par match.
Kaiden Guhle est intouchable. Jayden Struble, lui est préféré.
Et Mike Matheson, malgré les rumeurs d’échange, est encore là. Résultat? Il y a une congestion évidente. Et malgré sa robustesse, Arber Xhekaj semble être le maillon faible du casse-tête défensif de Martin St-Louis.
Pas à cause de son manque de volonté. Mais à cause de ce qu’il est… ou de ce qu’on voudrait qu’il devienne.
L’ironie, c’est que Martin St-Louis s’est récemment lancé dans une envolée de compliments à propos de Xhekaj dans le podcast Missin’ Curfew, affirmant que le jeune défenseur avait « un coffre à outils très complet », qu’il ne faisait « pas que se battre », et qu’il avait un « énorme potentiel ». Ce sont des propos qui, en surface, pourraient rassurer les partisans.
Mais quand on se souvient que St-Louis a passé toute la saison à le critiquer, à le punir pour sa robustesse excessive, à l’envoyer dans les gradins, à nier publiquement que quelqu’un dans le vestiaire l’appelait « le Shérif » (ce qui est manifestement faux)… ces éloges estivaux tombent à plat.
Pire encore : ils sonnent faux. Hypocrites. Comme un aveu public maladroit visant à regagner une part d’opinion publique alors que Xhekaj est ouvertement sur le marché.
Et si les choses ont changé, c’est en grande partie parce que le rêve (ou le cauchemar) de Nicolas Hague à Montréal a pris fin.
Le colosse gaucher a été échangé à Nashville dans la nuit du 30 juin. Vegas l’a sacrifié dans une transaction visant à libérer de l’espace salarial, un objectif clair alors que les Golden Knights devait sauver de l'argent pour signer Mitch Marner.
Vegas a obtenu en retour deux joueurs au profil très modeste : Jeremy Lauzon, un défenseur québécois blessé plus de la moitié de la dernière saison, et Colton Sissons, un plombier de 31 ans au contrat raisonnable dont la moitié du salaire était retenu par les Predators.
C’est dire à quel point Vegas était pressé de libérer les 5,5 M$ par saison que Hague commandait… et c’est dire aussi que si Montréal l’avait acquis, Arber Xhekaj aurait été sacrifié dans l’opération.
Le clan d’Arber Xhekaj, incluant ses représentants et des membres proches de sa famille, est parfaitement au courant que leur protégé a bel et bien été inclus dans des discussions sérieuses entre les Canadiens et les Golden Knights de Vegas.
Et ça change tout.
Pendant que le grand public s’accrochait encore à l’idée d'un shérif » intouchable, aimé de ses partisans et pilier de robustesse dans l’univers "soft" du CH, la réalité derrière les rideaux est sans pitié : Kent Hughes a bel et bien considéré échanger Xhekaj.
Pas juste une rumeur. Pas juste du bruit de vestiaire. Des discussions concrètes ont eu lieu, et selon ce qu’on comprend, le nom de Xhekaj aurait bel et bien pu prendre le chemin de Vegas.
Il faut dire que Hague représentait exactement le profil que recherche Martin St-Louis. Un gaucher plus constant défensivement, moins porté sur les combats inutiles, plus encadré dans un système strict. Le fait qu’il ait gagné la Coupe Stanley n’a fait que hausser sa valeur dans les yeux du CH.
Or, le clan Xhekaj a vu clair.
Même si le DG Kent Hughes a tenté de sauver la face en prétendant que Xhekaj faisait toujours partie des plans, même si Martin St-Louis a soudainement commencé à lancer des fleurs à son défenseur dans les médias, le mal est fait : Arber Xhekaj sait qu’il est devenu un pion.
Pour le défenseur et ses prochesj, cette trahison a un goût amer, comme si elle venait de sa propre famille. L’organisation a profité de son image de dur à cuire pour vendre des chandails et du rêve aux partisans… mais c’est cette même organisation qui l’a discrètement offert sur le marché des transactions.
Pour lui, ce n’est pas juste une décision de hockey : c’est une blessure personnelle, une trahison émotionnelle de la part de ceux qu’il croyait être les siens. Le CH n’est pas seulement son employeur, c’était sa maison. Et aujourd’hui, il comprend qu’on a envisagé de le jeter dehors.
Et c’est peut-être là que le torchon brûle.
Selon des gens bien informés, la relation entre le clan Xhekaj et l’état-major du Canadien est tendue depuis la date limite des transactions, moment où des rumeurs internes sur un possible échange ont commencé à circuler.
Il n’est donc pas étonnant que le camp du joueur ait refusé de commenter les récents propos de Martin St-Louis, qui affirmait il y a quelques jours au balado « Missin Curfew » qu’il voyait un grand potentiel en Arber. Trop peu, trop tard, selon certains proches.
Arber Xhekaj, lui, connaît maintenant sa vraie valeur aux yeux du club. Et pour un joueur aussi émotif, aussi investi, ce genre de révélations peut transformer une saison… ou provoquer une sortie fracassante.
Aujourd’hui, ce qui complique les choses, c’est que Xhekaj a encore de la valeur. Une grande valeur même, si on lit entre les lignes des rumeurs.
Son salaire est bas, son style est unique, et dans une LNH de plus en plus axée sur la vitesse mais qui revient aux vertus des séries (robustesse, intimidation, présence physique), Xhekaj représente une arme précieuse.
Pittsburgh, entre autres, est souvent cité parmi les équipes intéressées. Quand on regarde le pauvre côté gauche de la défensive des Penguins avec des noms comme Pickering (le meilleur espoir des Penguins), Graves ou Wotherspoon, on peut comprendre pourquoi le shérif est dans le viseur du DG Kyle Dubas.
Mais les Penguins sont loin d'être les seuls. Le défenseur géant du Canadien de Montréal est extrêmement populaire sur le marché des transactions.
Le CH, de son côté, aimerait sans doute inclure Xhekaj dans un package pour obtenir un centre ou un ailier établi. Mais ça veut aussi dire perdre un joueur qui n’a que 23 ans, qui vend des burgers à son effigie et qui attire les foules au Québec.
Ce qui rend la situation encore plus explosive, c’est le camp d’entraînement qui s’en vient. Avec tous les défenseurs sous contrat, et avec un Mike Matheson toujours présent malgré les rumeurs d’un départ imminent, quelqu’un va devoir chauffer les gradins.
Est-ce que ce sera Jayden Struble, qui a reçu une offre qualificative mais n’a toujours pas signé? Ou est-ce que ce sera Xhekaj, pour qui l’été aura été une suite de messages contradictoires, entre mépris voilé et compliments de dernière minute?
Martin St-Louis jure qu’il croit en lui. Mais toutes ses décisions de l’année passée vont dans l’autre sens. Et Kent Hughes n’a toujours pas donné d’assurance publique.
Pire encore : il a tout fait pour obtenir Hague.
Et à cela s’ajoute la composition des trios. Le premier trio – Caufield, Suzuki, Slafkovsky – est dans le béton. Le deuxième, avec Kirby Dach entre Patrick Laine et Ivan Demidov, fait grincer des dents. Laine n’a plus de vitesse. Dach n’est pas un vrai centre. Et le CH tente toujours de liquider Laine pour faire de la place à Zachary Bolduc.
La troisième ligne (Bolduc – Newhook – Anderson) et la quatrième (Gallagher – Evans – Kapanen) tiennent la route, mais il manque encore un vrai centre top-6. Tout ça pour dire que d’autres transactions s’en viennent.
Et pour les réussir, il faut des actifs. Joshua Roy est dans la vitrine. Le choix de 1ère ronde 2026 aussi. Et Arber Xhekaj malgré sa popularité, est sur la liste.
L’histoire d’Arber Xhekaj à Montréal est celle d’un conte de fées brutalement interrompu. Un joueur jamais repêché, devenu icône. Un défenseur au style rugueux, devenu produit dérivé. Un intimidateur devenu héros populaire. Et maintenant? Un actif sur le marché. Un problème à résoudre. Un joueur sacrifiable.
Et pourtant, dans une équipe encore trop jeune, trop petite et trop douce, Xhekaj est exactement ce qu’il manque : du caractère, de la robustesse, du style.
Mais parfois, dans les hautes sphères du hockey, ce qui manque n’est pas toujours ce qu’on conserve.
Surtout avec Martin St-Louis comme coach.