Tristesse pour Samuel Montembeault: le gardien vendu pour des miettes

Tristesse pour Samuel Montembeault: le gardien vendu pour des miettes

Par David Garel le 2025-09-13

Scandale à Montréal. Samuel Montembeault a été vendu... pour des peanuts...

Il y a des moments dans la carrière d’un joueur de hockey où l’on comprend qu’on s’est fait avoir. Où l’on regarde autour de soi, on voit d’autres noms, d’autres chiffres, d’autres statuts… et on réalise que notre loyauté a été exploitée.

C’est exactement ce que vit Samuel Montembeault en ce moment. Et c’est d’une tristesse immense. Parce que Montembeault a toujours été irréprochable. Il n’a jamais triché, ni sur la glace, ni dans sa vie professionnelle.

Il a voulu rester à Montréal, il a voulu être le numéro un, il a voulu représenter le Québec dans les couleurs du CH. Et pour ça, il a accepté de signer un contrat à rabais. Trois ans. 3,15 millions de dollars par saison. Sans clause. Sans protection. Sans vision.

Aujourd’hui, ce contrat lui explose en pleine figure. Pas parce qu’il a régressé. Au contraire. Montembeault est à son sommet. Mais parce qu’il a été trop gentil. Trop humble. Trop naïf. Et parce que son agent, Paul Corbeil, l’a laissé signer un des pires contrats de gardien de la LNH moderne.

À l’époque, plusieurs avaient salué le geste. L’équipe avait besoin de stabilité, pris dans un ménage à trois et Montembeault venait d’évincer Jake Allen. Il voulait rester. Il voulait aider. Il croyait au plan.

Mais aujourd’hui, cette signature est perçue comme un désastre contractuel. Une anomalie économique. Un cadeau inespéré pour le Canadien de Montréal, qui détient maintenant entre ses mains un gardien numéro un, adoré de ses coéquipiers, performant, régulier… et payé comme un auxiliaire.

Pire encore, il ne possède pas se clause de non-échange. Rien. Aucun levier. Zéro contrôle. Aucune protection.

Comment expliquer qu’un agent ait pu laisser passer une telle opportunité ?

Comment se fait-il qu’on ait accepté de figer le potentiel d’un gardien en pleine ascension à un prix aussi bas ?

Peut-être croyait-on, à tort, que Montembeault ne franchirait jamais ce fameux cap de la régularité. Peut-être doutait-on de sa constance. Mais aujourd’hui, les faits sont là. Montembeault a éclaté.

Et ça, Kent Hughes le savait. C’est là où l’histoire devient fascinante. Le directeur général du Canadien a flairé la bonne affaire. Il a vu venir la montée en puissance de son gardien. Et il l’a signé au bon moment.

Pas pour récompenser la grandeur du joueur, non. Pour l’obtenir à rabais. Il a joué son rôle à la perfection : offrir la sécurité à court terme au joueur, tout en protégeant la flexibilité salariale de l’équipe.

C’est son travail. Mais celui de Paul Corbeil, c’était de s’assurer que son client ne devienne pas le gardien le plus sous-payé de la ligue. Et il a échoué.

Pire encore : ce contrat bloque Montembeault à un âge critique. À la fin de son contrat, il aura pratiquement 31 ans. Il ne sera plus aussi attirant pour les autres équipes. Il aura manqué sa chance de signer LE contrat de sa vie. Parce qu’au fond, c’était maintenant ou jamais.

On parle d’un joueur indispensable, mais traité comme un joker interchangeable dans la structure salariale de l’équipe.

Et maintenant, à chaque arrêt, à chaque victoire, à chaque série de statistiques éblouissantes, c’est Kent Hughes qui sourit. Et Paul Corbeil qui pleure.

C’est pour ça que, même si les rumeurs ne disent pas que Montembeault partira demain matin, son nom est maintenant au cœur de toutes les discussions de transaction, et ce, jusqu’à l’été 2027.

Personne ne croit que Samuel Montembeault va signer un nouveau contrat avec le Canadien. Ni les joueurs. Ni les dirigeants. Ni lui-même. Pourquoi le ferait-il? Pourquoi prolonger une relation où il a été trahi, sous-payé, et exposé au bon vouloir de l’équipe... comme s'il était un moins que rien...

On le sait : Kent Hughes ne veut plus perdre de joueurs gratuitement. Il l’a répété. Il préfère transiger un an trop tôt qu’un an trop tard.

Et dans le cas de Montembeault, la logique commence à s’imposer. Il en est déjà à la 2e saison de son contrat de 3 ans. Il n’y a plus de raison d’attendre. D’autant plus que, dans les coulisses, le nom de Jacob Fowler fait de plus en plus de bruit.

Le jeune américain de 20 ans, recruté par l’équipe avec enthousiasme, est considéré par bien des recruteurs comme le prochain grand gardien du CH.

Il a tout ce que l’organisation recherche : le calme, la technique, l’intelligence, l’attitude. Et surtout, une capacité étonnante à élever son jeu quand ça compte.

Si Fowler force la main dès le camp, s’il réussit à surpasser Kähkönen et Dobes dans la hiérarchie, tout le reste suivra naturellement. Et dans cette logique, le maillon le plus vulnérable… c’est Montembeault.

Ce n’est pas qu’on veut s’en débarrasser. C’est simplement qu’il devient le joueur de trop. Le seul dont on peut obtenir un retour intéressant. Le seul dont le contrat, bien que honteusement bas, représente une valeur exceptionnelle sur le marché.

Et c’est là que les rumeurs trouvent leur écho. On parle des Flyers. On parle des Oilers. Et ce n’est pas un hasard.

À Philadelphie, le dossier Carter Hart est clos. Même si le gardien a été déclaré non coupable, il ne veut plus revenir en arrière. Il veut un nouveau départ.

Et dans l’organisation, plusieurs ont identifié Montembeault comme une cible prioritaire. Son profil correspond parfaitement à ce que les Flyers recherchent. Un gardien fiable. Expérimenté. Pas trop âgé. Et surtout... pas cher.

Il en va de même à Edmonton. Stuart Skinner est loin d’avoir convaincu. Et malgré toutes les tentatives de stabiliser la situation, rien n’a fonctionné.

McDavid est à la croisée des chemins. Il veut gagner, tout de suite. Et les Oilers cherchent désespérément un gardien qui ne coulera pas leur saison au mois d’avril.

Là encore, Montembeault apparaît comme un nom logique. Il ne coûte rien. Il peut voler une série. Et il n’a besoin ni de temps d’adaptation ni d’une période d’essai. C’est un professionnel. Un vrai.

Ce n’est pas encore fait. Mais tout pointe vers un départ d'ici l'été 2027. Et le malaise, c’est qu’il ne s’agit pas d’un départ libre. Il s’agit d’une expulsion silencieuse. D’un scénario dicté non pas par la performance du joueur, mais par l’ineptie de son contrat.

Et pendant ce temps, d’autres gardiens signent des ententes qui font honte à ce que Montembeault a obtenu.

Le plus bel exemple? Spencer Knight. Un jeune talent qui n’a encore rien prouvé dans la LNH, qui revient d’un passage au programme d’aide aux joueurs, qui a terminé sa dernière saison avec une moyenne de 3,12 buts alloués par match et un taux d’efficacité de .896.

Et pourtant, les Blackhawks de Chicago viennent de lui offrir un contrat de 3 ans… à 5,83 millions $ par saison.

C’est presque le double du salaire de Montembeault, pour des performances inférieures, une expérience plus limitée, et un passif plus instable.

C’est à pleurer.

Et ce n’est pas un cas isolé. Il y a actuellement une dizaine de gardiens dans la LNH qui gagnent plus que Montembeault et qui n’ont jamais joué un rôle de partant.

Ni à long terme, ni en séries. Ils gagnent entre 4 et 6 millions pour être des numéros deux. Montembeault, lui, affronte les meilleurs soirs après soirs, souvent sans repos.

D’ailleurs, rappelons qu’il sera l’un des trois seuls gardiens pour représenter le Canada aux prochains Jeux olympiques. C’est dire à quel point il est respecté… à l’extérieur du Québec.

Parce qu’à Montréal, malgré tout, il reste une énigme. On ne lui a jamais vraiment donné un vote de confiance clair. Il a toujours dû faire sa place à l’entraînement. Et maintenant, c’est Jacob Fowler qui attire tous les regards.

Les signes sont là. L’organisation prépare déjà sa transition. Montembeault n’a jamais été dans leurs plans à long terme. Et lui-même commence à le comprendre. Il ne sera pas reconduit. Il ne sera pas prolongé. Il ne sera pas récompensé.

Il sera échangé avant la fin de son contrat.. Et dans ce processus, il perdra plus que du prestige. Il perdra ce qu’il aurait dû avoir dès le départ : un contrat à la hauteur de sa valeur.

Selon les évaluations des statistiques avancées, Montembeault vaut aujourd’hui 9 millions de dollars par saison. En intégrant les métriques de qualité d’arrêts, d’impact sur les victoires, de stabilité devant un club en reconstruction, il figure parmi les gardiens les plus précieux de la ligue. Ce n’est pas une opinion. C’est un fait basé sur les données.

Ce qui veut dire qu’il aurait pu, et dû, signer pour environ 27 millions sur 3 ans, au lieu des 9,45 millions qu’il reçoit.

Il a perdu près de 18 millions de dollars. Parce qu’il a été mal représenté. Parce qu’on l’a convaincu que c’était le bon choix. Et parce qu’il a fait confiance.

Aujourd’hui, cette confiance lui coûte une carrière à Montréal.

Et ce qui devait être une belle histoire, celle d’un gardien québécois devenu numéro un chez lui, est en train de virer au naufrage émotif et contractuel.

Quand il sera échangé, le public sera triste. Mais les dirigeants, eux, auront la conscience tranquille. Parce qu’ils savent qu’ils l’ont exploité au maximum. Ils savent qu’ils n’auront jamais un autre gardien aussi bon, aussi aimé, à un prix aussi ridicule.

Et ils ne feront rien pour le retenir.

C’est le hockey moderne.

Froid. Calculé. Injuste.

Mais surtout : profondément ingrat.