Parlons-en franchement, parce que le malaise est réel.
Un rôle trop petit pour Caleb Desnoyers, ce n’est pas juste une impression de partisans frustrés sur X ou dans les commentaires Facebook.
C’est ce que le match contre la Tchéquie a projeté à l’écran, froidement, sans filtre, sans montage.
Douze minutes vingt-six secondes d’utilisation.
Une passe au tableau.
Une présence correcte ici et là.
Mais rien qui force l’œil.
Rien qui oblige le commentateur à lever le ton. Rien qui te fait dire : ok, lui, c’est un gars différent.
Et c’est là que le malaise s’installe.
Parce que Caleb Desnoyers, ce n’est pas un joueur anonyme.
Ce n’est pas un projet marginal.
C’est un Québécois repêché très haut, identifié depuis longtemps comme un joueur supposé dominer à ce niveau-là.
Le genre de joueur qui, dans un tournoi junior, devrait imposer son rythme, même quand le rôle n’est pas idéal.
Même quand l’entraîneur ne lui déroule pas le tapis rouge.
Oui, il a dit les bonnes choses après le match.
Oui, il a parlé de mentalité, de rester prêt, de « jouer sa game ».
Oui, la longue passe sur la première présence était belle.
Mais après ça?
Après ça, le match s’est joué sans lui.
Et pendant ce temps-là, d’autres, eux, criaient leur présence à chaque présence.
Michael Hage, par exemple.
Un an plus vieux, oui. Mais pas repêché quatrième au total.
Pas annoncé comme un visage de génération.
Et pourtant, chaque présence était lourde, engageante, dangereuse.
Trois points. Un but. Deux passes. Une influence claire. Visible. Indiscutable.
La comparaison fait mal, mais elle est inévitable.
Quand tu es un haut choix, surtout à un tournoi junior, tu n’as pas le luxe de te fondre dans le décor.
Tu n’as pas le luxe d’être simplement « correct ».
Les partisans ne demandent pas la perfection. Ils demandent un impact. Un moment. Une séquence qui te définit.
Et c’est exactement ce qui manque présentement autour de Caleb Desnoyers.=
Les réseaux sociaux l’ont senti. Rapidement. Trop rapidement. Des commentaires durs, parfois injustes, parfois excessifs… mais qui partent d’un malaise bien réel. Celui de voir un Québécois, seul représentant de la province dans l’équipe, coincé dans un rôle secondaire, sans réelle occasion de renverser la perception.
La saison junior de Desnoyers à Moncton est bonne, personne ne le nie. Les chiffres sont là. Mais le Championnat du monde junior, ce n’est pas la LHJMQ. Ce n’est pas une ligue de développement. C’est une vitrine brutale. Un endroit où les futurs joueurs dominants se détachent du lot.
Et hier, contre la Tchéquie, Caleb Desnoyers ne s’est pas détaché.
Après le match, il a parlé comme un gars convaincu de son affaire.
« Ma mentalité, c’est de toujours rester prêt, je sais ce que je peux faire. Mon objectif a toujours été d’amener ma propre game », a-t-il lancé avec calme.
Le problème, c’est que cette “propre game-là”, personne ne l’a vraiment vue contre la Tchéquie.
Quand Desnoyers dit que « c’est tellement facile de jouer avec des gars talentueux comme ça », la question devient inévitable : pourquoi est-ce que ce talent-là ne saute pas aux yeux, alors que d’autres, moins décorés sur papier, crèvent l’écran à chaque présence?
Ce n’est pas une condamnation.
Ce n’est pas une fin de parcours. Mais c’est un signal. Un avertissement.
À ce niveau-là, le talent seul ne suffit plus. Il faut imposer sa présence. Forcer la main du coach. Rendre l’utilisation impossible à ignorer.
Pour l’instant, le rôle est trop petit.
Et le malaise, lui, est bien réel.
Misère...
