Kent Hughes n’a jamais manqué une occasion de rappeler que ses décisions à la tête du Canadien sont « logiques et rationnelles ».
Pas question de se laisser influencer par l’émotion. Sauf que, au repêchage de 2023, cette fameuse rationalité a dû faire un tour de magie et disparaître sous les projecteurs.
Parce que choisir David Reinbacher au lieu de Matvei Michkov, c’est un peu comme préférer un bol de riz blanc à un festin gastronomique. C’est fade, c’est plat, et surtout, ça ne rassasie pas.
Reinbacher était classé bien loin sur la plupart des listes pour un choix top 5. Et quand son nom a résonné dans l’amphithéâtre, une vague de silence puis un murmure de déception s’est abattue sur les partisans montréalais.
Le choix de Reinbacher a eu l’effet d’une douche d’eau glacée, un réveil brutal après les espoirs nourris par l’idée de repêcher Michkov, ce prodige offensif que tous voyaient comme le meilleur attaquant disponible après Connor Bedard.
Mais non, Hughes et son équipe ont préféré prendre le défenseur « sûr », le choix qui ferait moins de vagues et qui n’effraierait personne.
Sauf que là, on parle d’un joueur dont certains experts commencent déjà à murmurer qu’il pourrait finir par être… un flop. Un flop!
Un joueur sans confiance, un défenseur tiède dont le plus grand accomplissement serait d’atteindre le statut de 4e défenseur.
C’est ça, la fameuse rationalité?
Pendant ce temps, Michkov a débarqué à Philadelphie, et devinez quoi? Il est déjà en train de s’éclater en présaison.
Allumé, créatif, il a rapidement décroché sa place sur la première unité de power play des Flyers.
En fait, il montre exactement le type de talent que le Canadien aurait eu bien besoin pour dynamiser une attaque qui fait bâiller plus qu’autre chose.
Pourtant, le choix de l’éviter était censé être une décision « rationnelle », parce que, voyez-vous, le Canadien ne voulait pas de complications avec son contrat en Russie ou son « attitude ».
Depuis quand la confiance et un brin d’arrogance sont-ils des défauts pour un joueur de talent?
Marc De Foy souligne que Hughes voulait prendre le joueur « qui correspondait le mieux aux besoins de l’équipe ».
Mais un talent comme Michkov, ça ne se refuse pas, peu importe le contexte.
Là, on a préféré la prudence et choisir un défenseur qui est actuellement blessé, en plus d’avoir montré très peu lors de son camp d’entraînement.
Hughes, qui parlait de vouloir des décisions logiques, se retrouve maintenant avec un joueur qui pourrait prendre des années à se remettre complètement de cette blessure, alors que Michkov est en train de récolter des points et de faire tourner les têtes dans une équipe rivale.
C’est quoi, la prochaine justification? Que Reinbacher a un bon caractère et qu’il est docile?
Hughes nous a pourtant servi son mantra de la transparence, en disant vouloir expliquer les « tenants et aboutissants » de chaque décision.
Alors comment expliquer cette décision aujourd’hui? Les partisans montréalais, qui connaissent leur hockey, savaient déjà à l’époque que Michkov était le choix logique, même s’il fallait attendre quelques années.
Parce qu’on ne reconstruit pas une équipe avec des choix conservateurs et timides. On vise les gros coups.
Mais Hughes a préféré passer à côté d’un talent générationnel, et aujourd’hui, on se retrouve à espérer que Reinbacher guérisse bien et puisse un jour atteindre un statut respectable.
Si ce joueur choisi top 5 parvient à devenir un défenseur de deuxième paire, ça va déjà être célébré comme une réussite!
Misère… Pendant ce temps, Michkov va sans doute accumuler les buts et faire ce qu’il fait de mieux : dominer offensivement.
En fin de compte, il y a une ligne mince entre la rationalité et la peur.
Prendre des décisions rationnelles, c’est évaluer les risques de façon objective, sans se laisser paralyser par les scénarios négatifs.
La peur, elle, pousse à éviter l’incertitude à tout prix, quitte à laisser passer une opportunité en or.
En choisissant Reinbacher plutôt que Michkov, Kent Hughes a confondu rationalité et frilosité.
Il a pris le chemin de la sécurité, mais aujourd’hui, c’est Michkov qui brille ailleurs, tandis que le Canadien espère que son choix « rationnel » finisse par donner quelque chose.
Malheureusement, ce qui est censé être rationnel finit souvent par ressembler à une décision guidée par la peur d’échouer.
Et dans un sport où il faut oser pour gagner, cette approche timorée pourrait coûter cher bien plus longtemps qu’on ne l’aurait cru.
Misère ...