Une fête tourne au vinaigre: tristesse pour Jonathan Huberdeau

Une fête tourne au vinaigre: tristesse pour Jonathan Huberdeau

Par David Garel le 2025-06-13

Hier, sur les ondes de TVA Sports, Jonathan Huberdeau a montré un visage qu’on ne lui avait jamais vu aussi clairement : celui d’un homme brisé, mélancolique, et surtout, lucide.

Lucide sur sa carrière, sur ses regrets, sur la courbe descendante de son passage à Calgary… et sur ce que les partisans et les journalistes évitent à peine de dire tout haut : le succès fulgurant des Panthers de la Floride a commencé le jour où Jonathan Huberdeau les a quittés.

Et même s’il tente de sauver les apparences, on sent tout le poids de cette vérité lui écraser les épaules.

« Je regarde ça, ce sont des bons matchs… La Floride, c’est vraiment une équipe complète. C’est incroyable de les voir aller. »

Ces mots, prononcés d’une voix douce et presque étranglée, résonnent comme une confession d’impuissance. Alors que ses anciens coéquipiers se battent en finale de la Coupe Stanley pour une troisième année consécutive, lui se contente d’un vœu "faux" lancé à la caméra :

« Je leur souhaite de gagner la coupe Stanley quand même. »

Un “quand même” douloureux. Un “quand même” plein de sous-entendus. Parce que tout le monde le sait : Jonathan Huberdeau ne la gagnera probablement jamais, cette coupe Stanley.

Pas à Calgary. Pas dans une équipe qui s’apprête à reconstruire. Pas avec un troisième trio pour seule consolation. Et surtout pas avec le départ imminent de Rasmus Andersson, leur meilleur défenseur droitier, qui annonce encore plus de chaos dans l’alignement.

Comment est-on passé de l’espoir à la déchéance ? Il faut revenir à mai 2022. Ce qui devait être le printemps de la consécration pour les Panthers s’est transformé en scandale médiatique.

Alors que la Floride, fraîchement couronnée du Trophée des Présidents, affrontait le Lightning de Tampa Bay au deuxième tour, une rumeur a explosé comme une bombe.

Le journaliste sportif Pat Donovan, épaulé par Aaron Jacobson, a révélé en ondes sur 95.3 WDAE & AM 620 que plusieurs joueurs des Panthers, menés par Jonathan Huberdeau, avaient été aperçus dans un club de danseuses de Tampa, à 3 heures du matin, la veille du quatrième match de la série.

C’est dans la nuit précédant le match #4 face au Lightning de Tampa Bay, en mai 2022, que tout a basculé pour Jonathan Huberdeau.

Alors que les Panthers faisaient déjà face à l’élimination, plusieurs joueurs, dont lui, ont éét pris la main dans le sac.

Cette nuit a provoqué un tollé à travers la ligue. Cette soirée, jugée irresponsable et honteuse par les dirigeants, a été la goutte de trop pour le DG Bill Zito. Depuis ce soir-là, sa carrière s'est effondrée.

Les Panthers ont perdu quelques heures plus tard pour se faire balayer 4-0.

Le malaise a été instantané. Les images de cette défaite cuisante sur la glace se sont superposées aux murmures sordides de ce qui s’est réellement passé la nuit d’avant.

Les blagues ont fusé. Les critiques aussi. Le DG Bill Zito, furieux et humilié, a immédiatement enclenché une opération de nettoyage. Et Huberdeau, symbole involontaire de cette soirée noire, a été sacrifié.

Il n’est jamais revenu.

Même aujourd’hui, on reparle encore de cette soirée dans les médias. TSN, ESPN, même les panels du Hockey Night in Canada lancent des flèches à demi-mots :

« Espérons que les Panthers éviteront les clubs de danseuses à Edmonton… ». L’allusion est cruelle, mais persistante. Parce que cette histoire a laissé une trace. Elle est devenue un mème, un running gag, un stigmate collé à la peau de Jonathan Huberdeau.

Et hier, quand il a plaidé pour l’introduction d’un tournoi de qualification dans la LNH, comme dans la NBA, pour permettre à des équipes comme les Flames d’avoir une dernière chance d’atteindre les séries, on a senti le désespoir.

« C’est sûr que ça donnerait une chance aux équipes comme nous cette année, qui n’ont pas eu la chance de faire les séries. »

Une chance. Juste une chance. Car même avec 96 points, les Flames ont raté les séries. Et cette injustice statistique n’a fait qu’ajouter à l’amertume de Huberdeau. À 32 ans, lui qui rêvait d’une bague et d’un défilé, se retrouve désormais à plaider pour des systèmes alternatifs. Des béquilles pour ne pas être oublié.

Et pourtant, sur papier, il vient de connaître sa meilleure saison avec les Flames : 62 points, dont 28 buts. Mais à quel prix ? Dans quel contexte ? Dans une organisation qui envisage ouvertement la vente de ses actifs.

La réalité est sans pitié : Calgary n’a pas d’avenir immédiat.

Rasmus Andersson sera échangé. La reconstruction va s’accélérer. Et Huberdeau, lié au club jusqu’en 2031 avec un contrat de 10,5 M$ par saison, est vu non pas comme un meneur, mais comme un contrat impossible à déplacer. Une erreur figée dans un deal qu’on ne veut plus assumer.

Pendant ce temps, en Floride, tout fonctionne. Tkachuk est une star. Barkov est un capitaine exemplaire. Bennett est un monstre. Ekblad, Bobrovsky, Montour, Lundell, Verhaeghe… la machine est huilée, confiante, conquérante. Les Panthers ont remporté 28 matchs de séries depuis le départ de Huberdeau. Ils en avaient 24… dans les 28 années précédentes.

Le message est clair, brutal, impossible à ignorer :

Les Panthers sont devenus une puissance… dès qu’il est parti.

Et Jonathan Huberdeau, malgré tous ses efforts, ne peut que regarder ça de loin.

Hier, sur TVA Sports, Huberdeau a tenté de dire qu’il « regarde encore les Panthers », qu’il leur « souhaite la Coupe Stanley », qu’il est passé à autre chose. Mais ses yeux racontaient une autre histoire.

Celle d’un homme qui a tout perdu.

Celle d’un joueur qui aurait pu soulever la Coupe… mais qui a soulevé la honte.

Celle d’un père à naître, qui doit maintenant transmettre un héritage teinté d’amertume.

Parce que même s’il a touché le pactole à Calgary, il n’a jamais retrouvé son âme.

Nos pensées vont à Jonathan Huberdeau.

Pas pour ses statistiques.

Pas pour ses millions.

Mais pour ce qu’il aurait pu être… et pour ce qu’il ne sera plus jamais.