Une légende humiliée : Kovalev devient la cible facile du Journal de Montréal

Une légende humiliée : Kovalev devient la cible facile du Journal de Montréal

Par André Soueidan le 2025-11-27

À Montréal, on a un talent unique : prendre une légende de la LNH, quelqu’un qui a gagné la Coupe Stanley, qui a porté le flambeau du Canadien pendant ses plus belles années post-2000… et lui rentrer dedans comme si c’était un nobody qui sort d’un podcast obscur.

C’est exactement ce qui vient de se passer avec Alex Kovalev, victime d’un texte gratuit, condescendant et ridiculement réducteur signé Jean-Nicolas Blanchet.

Le plus ironique? Blanchet commence en disant qu’il n’a “jamais été un grand partisan de Kovalev”.

Au moins, c’est honnête : la suite du texte n’est qu’un long règlement de comptes sentimental complètement déconnecté de la réalité.

On se croirait dans un blog personnel, pas dans un média qui prétend analyser du hockey.

Kovalev donne son opinion professionnelle ... professionnelle, parce qu’on parle d’un gars qui a vécu la LNH, qui a survécu à la LNH, qui a joué avec les plus grands, qui a été un joueur d’élite, qui a traversé les pressions de Montréal ... et la réponse du Journal de Montréal, c’est littéralement :

« De quoi je me mêle? »

Sérieusement?

Depuis quand un joueur qui a 1 316 matchs dans le corps, 1 029 points, une bague de la Coupe Stanley, des milliers de minutes de power play et un vécu que ni Blanchet ni personne à Québecor ne peut même imaginer, n’a plus le droit d’émettre une opinion technique sur un joueur de 19 ans?

Depuis quand une carrière complète en LNH devient un motif de disqualification?

Blanchet a même la maladresse de comparer les statistiques de Kovalev à 19 ans ... un kid à sa première saison dans une ligue beaucoup plus violente et défensive — avec celles de Demidov aujourd’hui.

C’est l’équivalent de dire que Brett Hull n’avait pas d’affaire à donner des conseils à Cole Caufield parce qu’il n’a pas scoré 40 buts à 19 ans.

C’est absurde. C’est malhonnête. C’est une comparaison qui n’a aucune valeur sportive. Aucune.

Kovalev ne descend pas Demidov.

Il ne jalouse pas Demidov.

Il ne compare pas Demidov à lui.

Il dit simplement une vérité que tous les entraîneurs répètent à leurs jeunes joueurs talentueux depuis 100 ans :

« Il doit être plus productif. »

Point.

Fin de l’histoire.

Aucune attaque personnelle. Juste une observation d’un gars qui a vécu exactement ce que Demidov vit aujourd’hui : beaucoup de talent, beaucoup d’attention, et beaucoup d’attentes.

Mais Blanchet transforme ça en sermon.

En ton de “belle-mère”.

En commentaire toxique.

Et comme argument final, il ressort… les vieilles histoires de 2004, la feinte de blessure contre Boston, la chicane avec Carbo....

Bref, quand t’es rendu à fouiller dans les archives VHS pour discréditer quelqu’un, c’est parce que ton argument principal ne tient plus debout.

Le plus drôle, c’est la conclusion :

Blanchet affirme que Demidov “aura une plus belle carrière que Kovalev”.

Juste comme ça.

Déclaré.

Scellé.

Définitif.

Un joueur de 19 ans, après 22 matchs.

Bang.

Finito.

Il va faire mieux qu’un gars qui a joué 20 ans et gagné la Coupe Stanley.

Aucune nuance.

Comme si la LNH était un jeu vidéo où l’on prédit la carrière d’un joueur après 18 points.

Mais surtout :

Blanchet fait exactement ce qu’il reproche à Kovalev.

Il parle trop vite.

Il juge sans recul.

Il dramatise.

Il impose une vérité comme si c’était gravé dans le béton.

La réalité, c’est la suivante : Ivan Demidov est un joyau.

Il est spectaculaire.

Il travaille fort.

Il sourit.

Il est déjà un favori de foule.

Mais ça n’enlève absolument rien au fait que Kovalev a le droit ... et même la légitimité ... de dire qu’un jeune talent doit apprendre à convertir ses jeux brillants en résultats concrets.

S’attaquer aux commentaires d’Alex Kovalev en ressortant son passé, ses erreurs ou ses statistiques d’il y a 30 ans, ce n’est pas un argument : c’est une diversion.

Juger la pertinence d’une opinion en fouillant des épisodes du passé, ça n’a aucun lien avec le développement d’Ivan Demidov aujourd’hui.

Ce qu’il faut analyser, c’est le commentaire lui-même, pas le curriculum vitae de celui qui le formule.

On peut débattre ... réellement ... de ce que Demidov doit améliorer : son efficacité en zone payante, sa gestion des possessions profondes, sa sélection de tirs, sa façon de transformer ses moments spectaculaires en séquences productives.

On peut comparer son profil technique à celui de Kovalev : un artiste, certes, mais un artiste qui a appris à devenir dangereux.

Mais utiliser les blessures feintes de 2004, les histoires de vestiaire ou les chiffres d’un Kovalev de 19 ans pour discréditer son opinion? Ça n’a rien à voir.

C’est un raccourci paresseux qui évite complètement la vraie discussion : Ivan Demidov est un phénomène… mais ça n’empêche pas qu’un ancien joueur élite puisse pointer des détails à polir, sans qu’on cherche à l’effacer de l’histoire pour se donner raison.

Et si Kovalev, avec ses 1 000 points, 20 ans de carrière, une bague, une expérience en coaching et des dizaines de saisons dans la pression montréalais, n’a pas le droit de dire ça…

Qui l’a?

Jean-Nicolas Blanchet?

Le contraste est gênant.

Misère...