Groupe TVA espérait sauver sa saison désastreuse avec un coup médiatique en exclusivité : une entrevue avec la superstar mondiale Céline Dion.

Après les lourdes pertes financières subies par TVA Sports, l’entretien de 20 minutes réalisé par Jean-Philippe Dion était vu comme une bouffée d’oxygène.

Cependant, les espoirs ont été rapidement anéantis. La prestation de Céline Dion, diffusée après une série d’apparitions similaires sur NBC, CBC, le magazine People et la BBC, s’est révélée un véritable flop, au point de mécontenter les commanditaires et de décevoir le public.

L’animateur Jean-Philippe Dion, pourtant aguerri, n’a pas pu faire des miracles avec les 20 minutes allouées. Les attentes étaient élevées, mais Céline n’a fait que répéter ce qu’elle avait déjà confié dans ses précédentes interviews.

Hugo Dumas, journaliste à La Presse, a dressé un bilan sans concession des dégâts médiatiques. Il est difficile de passer après les géants de l’information internationale, et TVA en a fait les frais.

L’émission spéciale intitulée "Céline brise le silence", diffusée dimanche soir, a tenté de plonger dans l’intimité de la chanteuse.

TVA a tellement fait de promotion pour cet évènement raté et a vendu aux commanditaires le prix élevé d'un grand show de télé unique. Finalement, ce fut l'équivalent d'un pétard mouillé. 

On peut comparer la situation avec les séries de la Coupe Stanley, diffusées en exclusivité sur TVA Sports, mais qui peinent à attirer les gens. On tente d'en faire un grand évènement vu que les droits exclusifs ont été achetés 720 millions de dollars, mais sans le Canadien de Montréal, les partisans de hockey ne sont aucunement intéressés.

Résultat? Les dirigeants sont déçus, les commanditaires sont mécontents car ils sentent qu'ils ont payé le gros prix pour rien et au final, tout le monde perd de l'argent.

Malgré cet échec retentissant, Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor, jure qu'il n'a aucune intention de fermer TVA.

Pourtant, le Groupe TVA a montré la porte de sortie à près de 40 % de son effectif. Cette restructuration comprend la refonte du secteur de l'information et l'arrêt des activités de production interne de contenu de divertissement. Mais pour Céline, on a mis le paquet pour sauver l'année horrible de TVA Sports. Sans succès.

Parmi les employés licenciés, 300 travaillent en production interne, 98 sont liés aux activités des stations régionales de TVA, et 149 autres se trouvent dans divers secteurs de l'entreprise. Ces personnes ont reçu un préavis de licenciement d'au moins 16 semaines, selon un communiqué de l'entreprise.

Le Groupe TVA justifie ce chambardement par les bouleversements médiatiques causés par la multiplication des plateformes de diffusion numérique sur demande, telles que Netflix, Amazon Prime, Disney+, Apple TV+, Crave, TOU.TV Extra, Peacock, Roku, Hulu, et autres.

Parallèlement, les revenus publicitaires sont massivement absorbés par les géants du web comme Google, YouTube, Facebook, Instagram, TikTok, et X. On pensait qu'avec Céline, on allait enfin pouvoir remettre "TVA sur la map", mais le contraire est arrivé.

Le secteur de la télédiffusion du Groupe TVA a enregistré un déficit de près de 13 millions de dollars, comparativement à 1,6 million à la même période l'année précédente. Il est clair que le modèle d'affaires de la télévision traditionnelle est profondément  transformé à jamais.

Pierre Karl Péladeau continue de montrer du doigt les répercussions des plateformes payantes sur l'industrie télévisuelle.

Il a montré que ces plateformes atteignent un public plus large que la télévision traditionnelle. L'échec de l'entrevue de Céline Dion est le meilleur exemple. Tout le monde avait déjà vu ses entrevue avec les Américaines, les Anglais et les Français sur les réseaux sociaux. L'entrevue qui a suivi à TVA  n'avait plus rien d'exclusif.

"Nous avons le devoir de sauver TVA", a déclaré Péladeau.

"C’est plus qu’une marque, c’est un véhicule historique pour notre culture, notre langue." Il a insisté sur le fait qu'il ne s'agit pas de la fin de TVA et qu'il souhaite rester propriétaire de la chaîne.

Dans tous les cas, c'est bel et bien la fin des "entrevues exclusives" comme celle d'hier soir. Céline Dion a rappelé qu’elle souffrait de spasmes vocaux depuis près de 17 ans, une condition amplifiée par le syndrome de la personne raide.

Des extraits d’un spectacle donné à Ottawa en octobre 2019 montraient clairement la diva en difficulté, perdant le contrôle de son instrument vocal.

Le problème est qu'on avait déjà toutes ces informations en main. C'est comme si Céline Dion est venu répéter la même chose pour les Québécois qui ne comprenaient pas l'anglais.

Céline a tout essayé pour soulager ses douleurs : vapeur, eucalyptus, anti-inflammatoires, et même des doses extrêmes de Valium. 

« J’ai été jusqu’au maximum et au-delà de la dose acceptable, j’aurais pu arrêter de respirer, j’aurais pu mourir », a-t-elle confié. Cette révélation avait déjà fait le tour des médias depuis une semaine et interroge sur la responsabilité des dirigeants de TVA qui a présenté l'entrevue comme une "entrevue exclusive".

La chanteuse de 56 ans a simplement répété ad vitam eternam ce qu’elle avait confié aux Américains, aux Anglais, aux Français...

Elle ne veut plus mentir sur son état de santé, mais après l'avoir dit cent fois, on a compris le message. Elle se consacre désormais à la physiothérapie et à l’entraînement vocal pour tenter un retour sur scène, bien que la date et le lieu restent indéterminés. Bref, exactement les mêmes mot entendues partout dans le monde.

Céline a reconnu qu’il y avait des limites à fonctionner comme un robot et à ignorer ses propres besoins émotionnels, déclarant à Jean-Philippe Dion : « C’était pas correct, il aurait fallu que je vive mes deuils. »

Le problème est que justement, elle se répétait...comme un robot...

 Pour TVA, cet échec retentissant marque une nouvelle déception dans une année déjà bien difficile. Les ambitions de rebondir artistiquement après les déboires sportifs ont été, encore une fois, déçues.

Il faut lever notre chapeau à Pierre-Karl Péladeau de vouloir garder TVA et TVA Sports en vie. Mais à quel prix?

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