Vente de BPM Sports: le nouveau patron savait pour Logan Mailloux

Vente de BPM Sports: le nouveau patron savait pour Logan Mailloux

Par David Garel le 2025-07-22

Il y a parfois des silences qui en disent long. Et dans le cas de BPM Sports, ce silence médiatique s’est étiré pendant des mois, alors que la seule station de radio entièrement dédiée au sport retardait les salaires de ses collaborateurs… et attendait discrètement d’être vendue.

Ce n’est que maintenant, à la dernière minute, que les grands médias généralistes s’agitent. Que La Presse publie un papier sur la « future vente » à Arsenal Média.

Mais pour quiconque était vraiment branché dans l’univers médiatique québécois, cette vente n’est pas une surprise.

Elle est inévitable. Et elle est déjà pratiquement bouclée dans les faits.

Pendant que les autres commentaient, Sylvain Chamberland, président d’Arsenal Média, agissait dans l’ombre. Il n’a pas fait de conférence de presse. Il n’a pas versé de larmes publiques. Il a négocié, planifié, structuré, et très bientôt, BPM Sports passera officiellement sous la bannière de son empire régional florissant. Une acquisition stratégique. Et audacieuse.

Il faut bien le dire : BPM Sports, tel qu’on le connaît, agonisait à petit feu.

Oui, les cotes d’écoute avaient grimpé dans la dernière année, profitant d’un virage numérique intelligent (YouTube, captation vidéo, clips viraux). 

Mais derrière cette façade de renouveau, les fondations étaient malades.

Les employés payés en retard. Les décisions de programmation jugées incompréhensibles.  Et surtout, un modèle d’affaires déficitaire, incapable de générer les revenus suffisants pour soutenir ses ambitions.

L’antenne 91,9 FM est faible. Elle couvre à peine Montréal. À l’extérieur de l’île, la station est tout simplement inaudible. Même dans la métropole, des zones entières n’ont pas accès à une réception décente.

Ajoutez à cela une faible capacité à vendre du temps publicitaire à prix fort, le nerf de la guerre en radio, et vous avez un cocktail prêt à exploser.

Ce n’était un secret pour personne dans le milieu : RNC Média, propriétaire de BPM Sports, voulait se départir de cette station problématique depuis longtemps.

Des acheteurs potentiels se sont manifestés. Olivier Primeau a montré de l’intérêt… avant de reculer devant un prix jugé trop élevé. Maxime Truman (Danslescoulisses.com) et Serge Fortin (ex-TVA Sports) ont exploré le dossier… sans aller plus loin. Plusieurs ont parlé, spéculé, sans jamais signer le chèque.

Sauf un.

Sylvain Chamberland.

Chamberland négociait. Il ne cherchait pas un coup de relations publiques. Il voulait une station, une vraie, avec une marque forte à redresser et à intégrer dans son réseau.

Et quand Arsenal Média a mis la main sur sept stations de Bell Média en région, ce n’était pas une fin en soi. C’était une étape. L’entrée dans les grands marchés, le saut vers Montréal, passait par un coup de maître. Ce coup, ce sera BPM Sports.

Il faut comprendre ce que représente Arsenal Média dans le paysage actuel.

Un réseau de 25 stations régionales, toutes rentables. Oui, toutes.

Pendant que Bell et Québecor pleurent sur leurs états financiers, pendant que RDS licencie, que TVA Sports saigne à blanc, Sylvain Chamberland fait de l’argent avec de la radio locale. De la vraie radio. Du contenu local. Une culture d’entreprise solide.

Et il l'a dit sans détour dans une entrevue percutante sur les ondes de Hockey30 l'hiver dernier :

« Ce que je dois à mes employés, c’est de leur offrir une sécurité, de croître ensemble. Je ne veux pas vendre. Je veux bâtir. »

Voilà la différence. Pendant que d’autres coupent, lui investit. Pendant que d’autres ferment, lui ouvre.

Son approche? Intégrer BPM dans une logique de réseau, optimiser les ressources, restructurer l’offre et, surtout, arrêter de croire que seule une présence à Montréal peut assurer la survie. La rentabilité vient d’une structure saine dans l'ensemble du réseau, pas de la proximité avec le Centre Bell.

Ce que plusieurs sous-estiment encore chez Chamberland, c’est sa connaissance du sport. Du vrai sport.

Ce n’est pas un banquier parachuté dans le monde de la radio. C’est un homme des médias, un homme de terrain, un maniaque de hockey qui a lui-même bâti le légendaire duo Dubé–McGuire au début des années 2000.

Oui, c’est lui qui a choisi Martin McGuire plutôt que Michel Langevin pour décrire les matchs du CH. Oui, c’est lui qui a flairé la chimie entre Danny Dubé et son futur partenaire de micro.

Et plus récemment?

Il a vu venir la chute des Rangers. Il a prédit la régression de Kirby Dach. Il a été parmi les seuls à dire que la transaction de Logan Mailloux était assurée à cent pour cent.

Cet extrait vidéo nous montre que Chamberland est un véritable devin du sport:

"Caller" la transaction de Mailloux en décembre... c'est du génie...

J’ai eu la chance, en décembre dernier, de m’asseoir avec Sylvain Chamberland pour cette entrevue qui m’a profondément marqué.

On dit souvent que certains dirigeants connaissent leur industrie, mais lui, il connaît aussi son hockey sur le bout de ses doigts.

Sa lecture du hockey est d’une justesse incroyable. À chaque réponse, à chaque analyse, on sentait le gars qui a grandi dans le hockey, qui en mange encore, et qui voit plus loin que tous les autres.

Ce jour-là, je ne recevais pas seulement un président d’entreprise, je rencontrais un passionné d’une rare intelligence. Et aujourd’hui, j’ai le privilège de pouvoir appeler Sylvain non seulement un invité marquant, mais un véritable ami.

"SLY" aurait sa place à l’antenne demain matin. Mais pour l’instant, c’est dans les coulisses qu’il déjoue tout le monde.

Avec l’arrivée d’Arsenal Média, BPM Sports ne sera plus jamais la même. 

Fini les choix douteux dictés par les egos. Fini les guéguerres intestines. Avec Sylvain ce sera la devise "one team, one dream".

Une équipe... un rêve...

Ce qui arrive, c’est un plan. Une stratégie. Une vision.

BPM va devoir s’adapter à un modèle d’affaires rentable. L’antenne 91,9 FM pourrait être optimisée. Les animateurs restants devront performer, ou partir. La loyauté aveugle n’aura plus sa place. Seuls les résultats parleront.

Et oui, le contenu numérique va devenir central. Chamberland croit à YouTube. Il croit à la captation vidéo. Mais ce qu’il veut avant tout, c’est une radio de sport sérieuse, compétente, rentable.

Le timing ne pourrait pas être meilleur.

TVA Sports perd des millions chaque année. RDS licencie, restructure, et se retrouve la tête sous l'eau. Le sport est devenu un luxe que certains ne peuvent plus se permettre.

Mais Arsenal, lui, avance. Discrètement. Efficacement. Et maintenant, avec BPM Sports dans son sac, il pénètre les grands marchés.

Les autres médias s’en rendent compte trop tard.

Ils écrivent aujourd’hui des papiers de « dernière minute » sur une transaction qu’ils auraient dû flairer il y a des mois. Ils découvrent Chamberland… alors qu’il possède déjà le réseau régional le plus rentable du Québec.

Une leçon de business. Une leçon de timing.

Ce n’est pas juste la vente de BPM Sports.

C’est la preuve que le sport, en radio, a encore un avenir. Mais pas sous n’importe quelle gouverne.

Il faut du flair. De la rigueur. Une culture d’entreprise forte. Et une vraie compréhension de ce que veulent les auditeurs.

Chamberland l’a compris. Les autres, non.

Et pendant qu’ils analysent son coup de maître, lui est déjà passé à autre chose.

La presse dormait. Chamberland construisait.

Et devinez quoi?

Il n’a pas fini...