Vente de feu à Vancouver : Elias Pettersson à Montréal

Vente de feu à Vancouver : Elias Pettersson à Montréal

Par André Soueidan le 2025-05-18

C'est un parfum de chaos qui flotte actuellement dans les bureaux des Canucks de Vancouver.

Et cette fois, il n'est plus question de rumeurs fumeuses ou d'agitations médiatiques.

Non. Ce qui se prépare à Vancouver, c'est une vente de feu, une vraie.

Tout a commencé avec Rick Tocchet. Le coach, fraîchement engagé par les Flyers de Philadelphie, a laissé entendre dans ses premiers mots qu'il devait toujours « être sur le dos d'Elias Pettersson pour le garder engagé ».

Ce sont des paroles lourdes de sens. Quand un entraîneur sort publiquement ce genre de remarque sur ta supposée vedette, c'est que le lien est brisé. C'est que la confiance est évaporée.

Et ce n'est pas tout. Le départ de Tocchet s'ajoute à celui de J.T. Miller.

Le leadership dans ce vestiaire fond comme neige au soleil.

Et pendant ce temps, Quinn Hughes, capitaine et pilier de la défensive, se dirige tout droit vers une fin de contrat prévisible : l'envie de rejoindre ses deux frères, Jack et Luke, au New Jersey.

C'est là que les Canucks pourraient bien comprendre qu'ils doivent tout raser. Réinitialiser. Recommencer.

Dans cette optique, Elias Pettersson devient le nom à surveiller.

Oui, il vient tout juste de signer une prolongation de contrat de huit ans, d'une valeur totale de 92,8 millions.

Un véritable pactole. Mais un pactole qui pourrait rapidement être refilé à une autre équipe, prête à absorber un contrat à 11,6 millions par année jusqu'en 2032.

Une aubaine? Pas nécessairement.

Pettersson, c'est un talent généreux, une vision du jeu incroyable, un sens de la création à couper le souffle.

Mais c'est aussi un joueur "high maintenance".

Des hauts et des bas. Des disparitions en séries. Des controverses internes.

Bref, pas l'idéal pour une équipe comme le Canadien de Montréal qui est déjà en train de jongler avec la bombe Patrick Laine.

Le Canadien a les moyens de faire un coup d'éclat. Il a les jeunes, les choix, la flexibilité salariale.

Mais est-ce qu'on veut vraiment greffer à ce noyau un deuxième projet à risque, aussi cher et aussi demandant?

Est-ce qu'on veut que le joueur le mieux payé du club soit celui dont l'implication fluctue au rythme des saisons?

Tout le monde s'accorde pour dire que Pettersson est un joueur élite.

Mais à 26 ans, avec une feuille de route qui brille moins qu'elle ne devrait, il n'inspire pas une confiance aveugle.

Le Canadien n'est pas à un joueur près de faire les séries. Il est à un joueur près d'accélérer sa courbe de compétition. Et pour cela, il faut un fit parfait.

Ce que vit actuellement Vancouver, c'est une implosion lente.

Quinn Hughes ne renouvellera pas. Tocchet est parti. L'identité du club se désintègre. Il n'y a plus rien de solide.

Plus rien pour ancrer un projet de victoire. C'est là que Kent Hughes doit garder la tête froide.

Oui, les rumeurs décollent. Oui, l'idée de voir Pettersson porter le CH est excitante.

Mais ce n'est pas parce qu'un joueur est disponible qu'il faut sauter. Le véritable talent du DG du Canadien, ce sera de dire non au bon joueur pour attendre le bon moment.

Et Pettersson, avec son contrat énorme, son historique inconstant et ses exigences d'encadrement, n'est peut-être pas le bon moment.

Pas dans une organisation qui veut miser sur la responsabilisation, la stabilité et le développement. Pas avec Demidov, Hage, Roy, Beck et compagnie qui cognent à la porte.

La vente de feu à Vancouver est réelle. Mais ce n'est pas le moment de faire une bêtisse à Montréal.

Le Canadien de Montréal n’a pas besoin d’un autre projet de gestion émotive à 11,6 millions par saison.

Ce qu’il lui faut, c’est du caractère. Du papier sablé. Un joueur capable de survivre aux séries, pas juste d’y accéder.

Un gars comme Sam Bennett, par exemple. Pas le plus flashy, pas celui qui fait vendre le plus de chandails… mais un gars que t’aimes avoir dans les tranchées quand la guerre commence.

Un gars qui ne disparaît pas quand ça brasse, qui ne te force pas à marcher sur des œufs dans le vestiaire, et surtout, qui ne pompe pas la moitié de ta masse salariale pour des performances en montagnes russes.

Le CH est rendu là dans son développement. Il a les jeunes, il a les promesses, il a les espoirs.

Maintenant, il doit entourer ses jeunes d’hommes de séries. Pas de vedettes lunatiques, pas de divas techniques. Des gars solides, constants, engagés.

Et ça, Elias Pettersson, aussi talentueux soit-il, ne l’a jamais prouvé quand ça compte.

Alors non, le CH ne doit pas foncer tête baissée dans ce piège. Qu’il laisse la place à d’autres pour rêver de génie offensif capricieux.

Kent Hughes doit viser des gars qui font mal à l’adversaire, pas à ta chimie d’équipe.