Plus les jours passent, plus un sentiment inquiétant s’installe autour de Samuel Montembeault. Les statistiques ne suffisent plus à expliquer l’effondrement.
La gestion du filet ne suffit plus. Le contexte sportif ne suffit plus.
Il plane désormais autour de lui une impression plus lourde, plus trouble, plus intime : quelque chose se passe dans sa vie personnelle et tout le monde le soupçonne.
Ce qui frappe, ce n’est pas seulement l’opinion des partisans. Ce n’est pas la réaction des réseaux sociaux. Ce n’est pas l’analyse d’un chroniqueur isolé.
Ce qui frappe, c’est que La Presse, habituellement prudente, modérée, presque frileuse lorsqu’il s’agit de spéculer sur la vie privée d’un athlète, a laissé retentir hier quelque chose qui ressemble à un aveu voilé.
Simon-Olivier Lorange, l’un des journalistes les plus mesurés du pays, a glissé cette phrase, avec un tremblement dans la voix que même un auditeur inattentif pouvait percevoir :
« Je me demande à quel point il y a des choses qu’on ne sait pas là-dedans… parce que c’est quand même un gardien qui a été défini beaucoup par sa force de caractère. »
Quand Simon-Olivier Lorange se demande publiquement s’il y a un drame invisible, ce n’est pas une spéculation.
C’est un signal.
L’épisode de Bécancour revient aujourd’hui comme une tache d’encre sur une feuille que le Canadien tente désespérément de garder immaculée.
Tout le monde se souvient de ce moment étrange, presque irréel : Montembeault déclaré malade, officiellement incapable d’affronter la pression d’un match, mais aperçu quelques heures plus tard à Bécancour, dans la maison familiale, comme si son « indisposition » exigeait soudainement la chaleur du foyer plutôt que l’environnement professionnel auquel il appartient.
Ce n’était pas un simple arrêt de travail. C’était une fuite. Une parenthèse impossible à justifier autrement que par un malaise profond, un dérèglement émotionnel, une incapacité temporaire à affronter son quotidien d’athlète.
Même à l’interne, on n’a jamais vraiment compris si le CH était au courant, si cette escapade avait été approuvée, tolérée ou dissimulée.
Ce flou a installé un doute qui ne s’est jamais dissipé. Et avec le recul, cet aller-retour clandestin vers Bécancour apparaît comme le premier signe visible d’un joueur qui ne contrôlait plus rien : ni son jeu, ni sa confiance, ni son image publique. Un geste qui, aujourd’hui, prend tout son sens dans l’effondrement actuel.
Trois hypothèses tournaient alors dans les coulisses :
Soit Montembeault avait menti sur son état.
Soit il avait exagéré ses symptômes parce qu’il craignait de se faire défoncer mentalement par un autre départ dans un back-à-back (St-Louis au Centre Bell après le voyage de Toronto).
Soit il était réellement malade, mais s’était réfugié chez sa mère pour être dorloté.
Peu importe laquelle est vraie.
Les trois dessinent un portrait troublant d’un athlète au bout de sa corde, déconnecté, fragilisé.
Et quand un gardien commence à chercher refuge à 172 km du Centre Bell, ce n’est jamais un hasard.
Dans leur segment à Cogeco, Jérémie Rainville, Antoine Roussel, Simon-Olivier Lorange et Alexandre Pratt n’ont pas balayé la question sous le tapis.
Au contraire, ils ont tourné autour avec une prudence presque malaisante, comme si la vérité était trop brûlante pour être dite frontalement.
Antoine Roussel, toujours direct, a rappelé la pression extrême qui pèse sur tout le monde :
« L’objectif du Canadien, c’est de faire les séries… pour les joueurs, les coachs, la direction et, par-dessus tout, les fans. »
Entre les lignes : dans un environnement pareil, la fragilité mentale n’a pas de place.
Puis il ajoute, à propos de l’instabilité récente devant le filet :
« Je pense que c’est ça le calendrier chargé qui explique les soubresauts… l’accumulation, les performances en dents de scie. »
Une phrase qui ressemble plus à un pansement qu’à une explication.
Mais c’est Lorange qui frappe le plus fort, précisément parce qu’il ne frappe jamais fort.
« Je me demande à quel point il y a des choses qu’on ne sait pas… »
C’est rare qu’un journaliste laisse entendre que la réponse ne se trouve plus sur la glace.
Le portrait qui se dessine : un gardien perdu entre deux mondes
Sportivement, Montembeault s’écroule. Mentalement, il s’effondre. Émotionnellement, il se retire.
On le voit au banc : regard vide, mâchoire crispée, corps qui se balance, comme si son esprit se trouvait à mille kilomètres de là.
On le voit dans les décisions du CH : trois matchs consécutifs comme figurant ; rétrogradé tacitement au rang de troisième gardien ; aucune réelle intention de lui redonner un filet significatif ; une organisation qui tente de l’échanger… et qui ne reçoit aucun appel.
Quand La Presse soulève la question, c’est que la question existe déjà dans le vestiaire
Personne n’ose mettre le doigt sur la blessure, mais tout le monde sent sa présence.
Et si la chute de Montembeault n’était plus une simple crise de confiance?
Et si ce qu’on observe depuis un mois n’était que la surface visible d’un malaise beaucoup plus profond, plus intime, plus lourd que ce que le club ose admettre publiquement?
C’est un signal d’alarme.
La Presse ne spéculerait jamais ainsi si l’idée n’avait pas déjà commencé à flotter dans les corridors du Centre Bell.
Et si Lorange, Roussel et Pratt ouvrent cette porte à demi-mot, c’est qu’ils savent que quelque chose cloche. Quelque chose que personne n’ose encore dire à voix haute, mais que tout Montréal commence à pressentir : Samuel Montembeault traverse peut-être bien plus qu’une mauvaise passe.
Il traverse une zone grise où la performance sportive se heurte à des blessures invisiblesndans sa vie personnelle, où l’humain souffre derrière le masque.
Et c’est là que réside la dimension la plus inquiétante : tant que le mystère ne sera pas éclairci, tant que la communication restera opaque, tant que Montembeault semblera lutter avec des forces que personne ne comprend entièrement, le Canadien évoluera avec une ombre au-dessus de sa tête.
Dans une ville où tout est amplifié, où chaque geste est scruté, où chaque silence devient un indice, la situation devient insoutenable.
Que se passe-t-il dans la vie de Samuel Montembeault?
