Vol d'identité: Arber Xhekaj a tout perdu

Vol d'identité: Arber Xhekaj a tout perdu

Par Marc-André Dubois le 2025-05-30

C’est une scène aussi troublante que symbolique.

Arber Xhekaj, jadis icône de la robustesse à Montréal, voit son identité se faire lentement mais sûrement dérober sous ses propres yeux.

Le "méchant" du vestiaire, le protecteur désigné, celui qui incarnait le « shérif » sur la patinoire, est maintenant réduit à un pion sacrifiable.

Pourquoi? Parce qu’au prochain repêchage, le Canadien de Montréal s’apprête à repêcher un jeune qui fait exactement ce que Xhekaj faisait… mais en mieux. Et ce joueur-là, tout le monde en parle dans les coulisses de la LNH : Kashawn Aitcheson:

Pour les intimes, c’est "Kash". Pour ceux qui l’ont affronté, c’est une bombe à retardement. Pour ceux qui le convoitent, c’est une licorne. Et pour Arber Xhekaj? C’est une menace. Une menace à son rôle, à sa survie dans l’organigramme du Canadien, à son identité même.

DailyFaceOff a été l’un des premiers à mettre le doigt sur cette montée fulgurante de Kashawn Aitcheson. Et TVA Sports, par la voix de Nicolas Cloutier, a confirmé : le CH est en amour avec lui. Il ne s’agit pas d’une hypothèse. Il ne s’agit pas d’un projet lointain. Il s’agit d’un scénario tangible au 16e ou 17e rang.

« Je ne suis pas ici pour faire des amis. Je suis ici pour gagner. Si ça prend de la douleur pour ça, j’en donnerai », a confié Kashawn Aitcheson à un dépisteur lors d’un entretien à huis clos.

Cette phrase, devenue virale, a été reprise mot pour mot par plusieurs recruteurs qui y voient le reflet exact de ce que Montréal recherche : une force brute, mais articulée. Kash, ce n’est pas un simple cogneur. C’est une philosophie du hockey à lui seul : souffrir moins que l’adversaire, mais frapper plus fort, plus vite, et sans avertissement.

Ce n’est pas seulement la force de Kashawn Aitcheson qui terrifie les recruteurs… c’est son sang-froid. Un instructeur de la OHL a affirmé :

« Ce qui est glaçant, c’est que Kash ne sourcille jamais. Il peut assommer un gars et retourner au banc comme s’il venait de compléter une passe. Il est en contrôle. Il sait exactement ce qu’il fait. »

Pour les partisans du CH qui veulent un joueur intimidant mais structuré, le portrait est complet : Kash, c’est le cauchemar des attaquants et le rêve des entraîneurs.

Voilà pourquoi les chances que Kashawn Aitcheson débarque à Montréal cet été sont immenses. Et cela voudrait dire qu’Arber Xhekaj, lui, est déjà en train de faire ses valises.

Denis Gauthier l’a affirmé sans détour : « Si le Canadien doit sacrifier un défenseur dans une grosse transaction, ce sera Xhekaj. Pas Reinbacher. Pas Mailloux. » C’est brutal. C’est net. C’est clair. La chute est amorcée.

Et comme si ce n’était pas assez, voilà que Zachary Morin entre dans la danse. Ancien espoir perçu comme un joueur de finesse, Morin a lui-même confessé dans une entrevue à TVA Sports :

« Il va falloir que je change mon style de jeu si je veux jouer au prochain niveau. Je ne pense pas que je serai un skills guy. »

« J’ai compris que je ne serai pas un magicien. Mais je peux être un guerrier. » Cette déclaration de Zachary Morin résume tout.

Le jeune homme a arrêté de se mentir. Il sait qu’il ne sera pas le prochain Lafrenière, ni même un “skills guy”. Mais il veut devenir ce joueur qui fait mal, qui dérange, qui rend les séries plus longues et plus douloureuses pour les adversaires. Il a choisi de se réinventer pour survivre, et c’est précisément ce qui attire maintenant plusieurs équipes de la LNH.

Il y a quelques mois à peine, Zachary Morin était encore vu comme un possible choix de deuxième ronde. Il était 45e sur la liste de mi-saison de la Centrale de recrutement de la LNH.

Mais depuis, la chute a été brutale. La liste finale nord-américaine l’a catapulté au 103e rang, un effondrement inexplicable qui en dit long sur le scepticisme des recruteurs. Rejeté du Combine, il a tout simplement été rayé du radar. Et ce, malgré ses 26 points en 27 matchs dès son arrivée avec les Sea Dogs de Saint-Jean.

Ce rejet a allumé une flamme. Morin n’a pas pleuré. Il a frappé. Littéralement. Le 21 février, il a jeté les gants contre Jonathan Prud’homme des Saguenéens de Chicoutimi, même si les bagarres sont interdites dans la LHJMQ. Il a dominé la bagarre de bout en bout, même si son adversaire était l'un des plus durs de la LNH.

Selon des recruteurs présents sur place, Morin voulait démontrer qu’il était prêt à laisser sa vie sur la glace pour jouer dans la LNH.

Et l’effet s’est fait sentir. Depuis ce soir-là, le nom de Morin a commencé à réapparaître dans les discussions en salle de repêchage. Non pas comme futur joueur d’élite, mais comme cartes cachée dangereuse à piger entre les 3e et 5e rondes.

Certains recruteurs croient que les Flyers, les Blues ou les Predators pourraient être tentés de miser sur son profil rare : un ailier robuste, combatif, capable de marquer et de jouer physique. D’autres pensent que le Canadien de Montréal pourrait tenter le coup.

Morin veut devenir un Sam Bennett. Un Evander Kane. Un fatigant. Un dur. Un joueur qui frappe, qui fait mal, qui change l’allure d’un match. Autrement dit, un joueur qui fait exactement ce qu’Arber Xhekaj faisait autrefois… quand on croyait encore en lui.

Et ce n’est pas tout. Il y a un mot-clé qui revient sans cesse dans les propos de Kashawn Aitcheson : impact.

« Mon péché, c’est d’essayer de gagner le match à chaque présence. » dit-il. C’est ça, la différence. Arber Xhekaj était un huitième défenseur qu’on lançait dans la mêlée en cas d’urgence. Kashawn Aitcheson, lui, se voit déjà en train de neutraliser la première ligne adverse. De frapper. De marquer. D’inspirer.

À Montréal, on ne veut plus de simples durs. On veut des joueurs complets, capables de tenir tête à Tom Wilson… mais aussi d’amorcer la relance avec une passe précise et appuyer l'attaque avec un tir précis.

Et ça, c’est ce que Kash fait mieux que personne dans son groupe d’âge. Son tir est décrit par un recruteur comme une « arme de destruction massive »:

Formé par Paul Matheson (coach de patinage) et Tim Turk (spécialiste du lancer), Kashawn Aitcheson n’est pas juste prêt pour la LNH. Il est programmé pour l’anéantir.

Et pendant que ce monstre prend forme, Arber Xhekaj, lui, décline. Il peine à sécuriser une place dans l’alignement du Rocket de Laval. Il est dépassé. Il est lent. Il est trop souvent puni. Et, pire encore, il n’a plus l’aura.

Autrefois, lorsqu’un adversaire osait s’en prendre à Cole Caufield ou Nick Suzuki, on voyait Xhekaj foncer sans réfléchir.

Aujourd’hui? C’est le silence. Le vide. L’oubli. Le vestiaire ne compte plus sur lui. Il y a même un mot que certains employés de l’organisation auraient glissé à TVA Sports : « dépassé ».

Et c’est là que le cauchemar d’Arber Xhekaj devient réel. Il ne perd pas juste sa place. Il perd ce qu’il représentait. Il perd ce qu’il était. Pendant qu’il tentait de prouver qu’il peut encore jouer en LNH, les recruteurs montréalais s’envolaient vers Barrie pour scruter Kashawn Aitcheson. Et ils n’y vont pas pour rêver. Ils y vont pour convaincre.

Kash frappe. Kash marque. Kash sourit. Kash inspire. Il fait les lunchs de son petit frère. Il visite les fans malades. Il parle de ses modèles avec admiration : Charlie McAvoy. Mikhail Sergachev. Miro Heiskanen. Des défenseurs modernes, deux-way, durs et brillants. Ce que Xhekaj n’a jamais été.

Et à chaque compliment, à chaque citation, à chaque rapport de recruteur qui vante la polyvalence de Kashawn Aitcheson, c’est un coup de poignard de plus pour Arber.

Parce que ce rôle-là, c’était le sien. Il était le dur. Il était le protecteur. Il était le cauchemar des attaquants adverses. Aujourd’hui? Il n’est plus que l’ombre d’un prototype… qu’on vient de réinventer en mieux.

Ce n’est pas une question de potentiel. C’est une question de cycle. Et celui d’Arber Xhekaj semble terminé. Le repêchage 2025 ne sera pas seulement un moment décisif pour le Canadien de Montréal. Il sera peut-être la date officielle de l’effacement d’un joueur qui, pourtant, avait tout pour devenir une légende populaire.

Mais voilà. Les légendes, à Montréal, se démodent vite. Et les nouvelles identités se construisent à coups d’épaules, de tirs précis… et d’espoir.

Kashawn Aitcheson n’est pas juste en train de voler une place. Il vole une identité. Et Arber Xhekaj, impuissant, regarde son reflet disparaître dans le miroir. Il était le shérif.

Aujourd’hui, il n’est plus que le figurant dans un film où la vedette s’appelle Kash.