Le retour prochain de Kaiden Guhle change tout. Et il ne changera pas seulement la structure défensive du Canadien, il risque de bouleverser une hiérarchie fragile qui tenait déjà sur un fil.
Car derrière la joie de revoir le "stuf" de 23 ans reprendre la glace, il y a une ombre qui hante Arber Xhekaj.
L’homme fort du Tricolore, longtemps considéré comme le joueur le plus populaire, s’avance aujourd’hui vers ce qui pourrait devenir le pire scénario de sa jeune carrière à Montréal.
Quand tout le monde sera en santé, Martin St-Louis devra retirer un défenseur de sa formation. Or, les places sont désormais verrouillées.
Lane Hutson est intouchable. Noah Dobson, acquis à prix d’or, joue un hockey de haut niveau. Mike Matheson reste la pierre angulaire du système de relance, et Alexandre Carrier, solide et discipliné, s’est imposé comme un défenseur de confiance qui n'ira jamais dans les gradins.
Restent donc Jayden Struble et Arber Xhekaj, deux défenseurs au style semblable, physiques, explosifs (pour le meilleur et pour le pire), mais dont le sort est toujours "shaky".
Maxime Lapierre l’a bien résumé sur les ondes de TVA Sports:
« En ce moment, je ne le sais pas. Xhekaj a très bien joué lors du dernier match. Il a son rôle et la prestance qu’il amène. J’aimerais le voir frapper un peu plus par contre. Struble, même affaire. Il est discipliné dans la structure et il est physique à sa façon. »
Ce « frapper un peu plus » dit tout. Lapierre voit dans Struble un défenseur plus contrôlé, ce que St-Louis exige : une intensité canalisée plutôt que les crampes au cerveau de Xhekaj, un engagement sans mettre son équipe dans le trouble.
Et depuis quelques semaines, Struble joue sur cette frontière, testant ses limites, cherchant à prouver qu’il peut, lui aussi, faire peur. Ses deux combats récents ne sont pas des coïncidences. Ce sont des signaux envoyés à son entraîneur :
« Je peux faire le sale boulot aussi. »
Pendant ce temps, Xhekaj, lui, semble s’éloigner de ce rôle unique qu’il occupait. Son dernier combat, une correction en règle infligée par Nicolas Deslauriers, a laissé des traces.
Non seulement physiques, mais symboliques. Dans le code non écrit du hockey, quand l'un des rois des bagarreurs tombe, la hiérarchie se redéfinit.
Et depuis, Xhekaj a changé. Moins confiant, plus de retenue. Il tente de jouer « le hockey de St-Louis ». Mais ce n'est pas son ADN.
Xhekaj... a perdu son identité..
Parce que son ancienne identité, c’est exactement le type de joueur que St-Louis a de la difficulté à gérer. Trop imprévisible pour entrer dans un système rigide, trop émotif pour être encadré sans friction.
Ce n’est pas un hasard si, dès que Guhle a recommencé à patiner, les spéculations ont repris : quand le jeune défenseur sera prêt, celui qui risque de se retrouver dans les gradins, c’est Arber Xhekaj.
Et tout indique que cette fois, aucune main ne viendra le retenir dans la formation.
À l’inverse, Jayden Struble incarne la stabilité que Martin St-Louis cherche depuis des mois. Il frappe, mais jamais pour se faire remarquer. Il se bat, mais toujours avec un objectif. Pas pour le show, mais bien pour le momentum.
Xhekaj, lui, choisit toujours les pires moments pour se battre.
Struble n’a pas le charisme de Xhekaj, ni son aura médiatique, mais il a gagné la confiance du vestiaire et surtout celle de l’entraîneur.
Ses combats récents, dont le K-O infligé à Nick Cousins, n’étaient pas des démonstrations de violence gratuite. Ils étaient stratégiques. Ils montraient un joueur prêt à défendre ses coéquipiers sans perdre la tête, prêt à absorber un rôle plus important sans vouloir être la vedette. St-Louis adore ça.
C’est pourquoi, malgré les rumeurs persistantes de transaction, Struble n’ira nulle part. Il est sous contrat pour deux ans pour des peanuts (1,4 M$), il coche toutes les cases du système, et il évolue dans la direction que le Canadien veut prendre : celle du contrôle émotionnel, du hockey de possession et du calme sous pression.
Pour Xhekaj, la situation est bien différente. Son contrat d’un an à 1,3 million de dollars se termine cet été. Et avec la montée des jeunes défenseurs (Reinbacher, Engström), il devient difficile d’imaginer une prolongation automatique. Surtout si St-Louis continue de lui préférer Struble dans les moments clés.
Étant agent libre avec compensation, le CH devra prendre une décision. Premièrement, il faudra lui soumettre une offre qualificative afin de ne pas le perdre pour rien.
Deuxièmement, il faudra faire attention aux offres hostiles. Les équipes qui veulent Xhekaj (Chicago, Philadelphie, Long Island par exemple) savent que le CH ne pourra pas lui donner la lune.
Et le Shérif voudra être assuré d'avoir un poste sur le top-6, ce que le CH ne peut lui promettre.
Le clan Xhekaj n’a pas l’intention de rester dans l’incertitude. Les discussions de coulisse parlent déjà d’un joueur qui voudra une garantie de temps de jeu avant d’entamer les négociations.
Pas une question d’argent, mais de respect. Il ne veut plus être un 7e défenseur. Et s’il ne peut pas jouer régulièrement à Montréal, il voudra partir.
Mais Maxim Lapierre, l’un de ses plus grands défenseurs médiatiques, ne veut rien savoir d'une transaction:
« Tu ne peux pas l’échanger. On a besoin d’un joueur comme Xhekaj. La première chose à faire si tu l’échanges, c’est d’aller en chercher un autre comme lui. Tu n’as pas le choix. »
Ouch. le Canadien ne veut pas le perdre, mais ne sait pas quoi en faire. Et dans un vestiaire où les décisions de St-Louis font foi de tout, le coach a déjà choisi son soldat. Ce soldat s’appelle Struble.
On avait présenté Xhekaj comme un phénomène : un gars sorti de nulle part, adoré par le public, redouté par les adversaires.
Mais la LNH évolue, et le hockey de St-Louis aussi. Le Canadien d’aujourd’hui n’a plus besoin d’un justicier, il veut un défenseur « propre », robuste, capable de jouer en transition, de relancer vite, de ne pas coûter de punitions stupides. Dans le système de St-Louis, Xhekaj devient parfois nuisible.
Et quand Guhle sera de retour, quand la rotation redeviendra complète, la logique sportive prendra le dessus sur la nostalgie. Struble reste. Xhekaj sort.
Le pire scénario pour lui n’est pas seulement d’être rayé de la formation. C’est de l’être alors que Struble l'a remplacé en tant que Shérif.
Martin St-Louis ne l'avouera jamais, ma sa décision est prise.
Quand un joueur au style aussi unique perd sa place, il perd aussi son influence et sa raison d’être dans l’équipe. Les partisans continueront de l’aimer, mais l’organisation, elle, regardera vers l’avenir.
Et à ce rythme, il n’est pas impossible qu’à la prochaine fenêtre des échanges, le nom d’Arber Xhekaj revienne dans les discussions. Pas parce que le CH veut s’en débarrasser, mais parce qu’il ne sait plus comment le gérer.
