Depuis des mois, le discours est figé : le Canadien de Montréal doit absolument trouver un deuxième centre. C’est devenu un réflexe, presque une obsession répétée par les partisans et les médias.
Sidney Crosby, Nazem Kadri, Ryan O'Reilly... tous les noms circulent depuis des mois à Montréal.
Mais plus les matchs passent, plus une autre réalité s’impose, beaucoup moins confortable, beaucoup plus révélatrice : le vrai problème du CH n’est peut-être pas l’absence d’un deuxième centre… mais l’incapacité de compléter durablement le premier trio.
La séquence récente en est la démonstration la plus cinglante. À la mi-novembre, après les blessures successives d’Alex Newhook et de Kirby Dach, Martin St-Louis a pris une décision lourde de sens en séparant Juraj Slafkovský de Nick Suzuki et Cole Caufield.
Une décision qu’on croyait temporaire, presque forcée par les circonstances. Un mois et demi plus tard, on se rend compte que cette séparation a tout changé… pour le meilleur et pour le pire...
Car pendant que Slafkovský s’est transformé en locomotive sur un trio avec Ivan Demidov et Oliver Kapanen, le premier trio, lui, s’est mis à chercher désespérément son identité.
Zachary Bolduc a eu sa chance. Et il faut être honnête : il l’a échappée. Pas par manque d’effort, pas par manque de volonté, mais parce que la marche est trop haute.
Jouer avec Suzuki et Caufield exige une lecture de jeu instantanée, une capacité à jouer dans l’espace restreint, à soutenir le rythme sans ralentir la ligne. Bolduc n’y est pas encore et voilà pourquoi il a été retiré du premier trio aujourd'hui.
Alexandre Texier a ensuite été essayé. Même échec : joueur utile, intelligent, mais pas un ailier de premier trio dans une équipe qui veut gagner des matchs serrés.
Le Canadien se retrouve dans une impasse stratégique. Le premier trio est meilleur avec Slafkovský… mais le deuxième l’est aussi.
Et Martin St-Louis le sait. Il le voit chaque soir. Il voit surtout que Slafkovský a atteint un point où le jeu a ralenti pour lui, où ses lectures sont claires, où il impose physiquement le rythme plutôt que de le subir.
Ce n’est pas un hasard s’il a “pris les choses en main” à Tampa, transportant le disque, attaquant l’enclave, décochant au bon moment avec ses deux buts et une passe, dont le but égalisateur à 3 seconcdes de la fin pour aller chercher un gros point:
Ce joueur-là est devenu un monstre. Le problème, c’est qu’il est devenu indispensable ailleurs.
Et c’est là que le vrai besoin du Canadien se révèle.
Montréal ne cherche peut-être pas un deuxième centre.
Montréal cherche peut-être un ailier top-6 capable de jouer sur le premier trio, quelqu’un qui peut compléter Suzuki et Caufield sans déséquilibrer tout le reste de l’alignement.
Le premier trio, lui, est devenu expérimental. Et dans une ligue où chaque point compte, où l’espace se resserre à mesure que la saison avance, l’expérimentation a ses limites.
C’est pour ça que le nom de Jared McCann revient avec autant d’insistance. Pas parce qu’il est un centre naturel, mais parce qu’il coche exactement les cases que le Canadien n’arrive pas à combler.
Vitesse, finition, capacité à jouer de lourdes minutes, intelligence sans la rondelle. Un gaucher capable de jouer à droite comme à gauche, capable de soutenir le tempo de Suzuki, capable de libérer Caufield sans ralentir la transition. Ce n’est pas un hasard si les meilleurs insiders l’ont identifié comme un fit naturel à Montréal.
Le nom de Jordan Kyrou circule aussi, mais l'attaquant des Blues esr droitier. Et Martin St-Louis veut un gaucher avec Suzuki et Caufield.
Et tant que cette pièce ne sera pas trouvée, Martin St-Louis continuera de jongler, d’expérimenter, de déplacer des joueurs qui, au fond, sont déjà exactement là où ils devraient être.
Que peut-on offrir à Seattle pour McCann? Le Kraken serait extrêmement intéressé à Arbef Xhekaj, eux qui veulent un défenseur robuste et spectaculaire en combat. Clairement le CH va tenter de sacrifier Jayden Struble avant Xhekaj. Le Kraken demandera aussi le choix de 1re ronde protégé du CH et un attaquant two-way comme Owen Beck?
Le Canadien avance, oui. Mais il avance avec une béquille offensive évidente. Et ce n’est pas en demandant à Bolduc ou à Texier de devenir autre chose qu’ils ne sont qu’on va régler le problème.
La vraie question, maintenant, n’est plus “qui sera le deuxième centre?”
La vraie question, c’est : qui sera enfin capable de compléter Suzuki et Caufield sans faire exploser tout le reste?
Et la réponse ne viendra pas de l’interne. Elle viendra du marché.
Car si vous attendez le retour du fragile Kirby Dach ou d'Alex "sans créactivité" Newhook, vous serez déçu.
Il faut un vrai top-6... et ça presse...