Zachary Bolduc avait enfin reçu ce qu’il attendait depuis des semaines : une vraie chance, un vrai rôle, une vraie place aux côtés de Cole Caufield et Nick Suzuki.
Une réunion du matin de match lui a appris la bonne nouvelle. Enfin, il avait un rôle offensif qu’il réclamait sans jamais le dire publiquement.
Mais à Columbus, ce qui devait être une soirée qui le sauve du tout au tout est devenu un rappel brutal de la fragilité de sa situation.
Car le message envoyé par Martin St-Louis en troisième période était sans pitié : Bolduc n’a plus droit à l’erreur. Et il vient d’en commettre une qui lui a coûté… toute la moitié du troisième tiers.
La raison, maintenant confirmée : sur la présence qui a tout changé, Bolduc, placé à droite, son côté opposé, a été incapable de récupérer une rondelle pourtant attaquable le long de la rampe. Une séquence simple, un duel banal, mais une action qui a déclenché un enchaînement catastrophique.
Le trio a été pris dans son territoire dès sa troisième présence. Ce jeu raté, il ne l’a plus revu. Le banc est devenu sa maison, et les caméras l’ont montré plié en deux, à bout de souffle, déçu, en colère, incapable de cacher sa frustration et le fait qu'il n'était plus capable de respirer tellement il était "out of shape".
Et contrairement à ce qu’on voudrait croire, il ne s’agissait pas d’un simple « choix du moment ». C’était une décision punitive. Une décision ciblée de la part du coach.
La scène est maintenant claire : St-Louis voulait que son nouveau trio Suzuki–Caufield–Bolduc se crée « organiquement ».
Il l’a dit mot pour mot. Mais dès la troisième présence, ce fameux organique a tourné au vinaigre. Bolduc, en position inversée, se fait battre sur une rondelle qu’un ailier plus habitué à la droite aurait probablement récupérée. Le jeu se retourne, le trio se retrouve absorbé dans son territoire, et la décision tombe : « c’est fini ».
St-Louis ne l’a pas dit ouvertement, mais tout le monde l’a vu : il n’avait plus confiance.
Pendant que Hutson explosait la glace avec sept tirs, pendant que Slafkovsky jouait avec conviction, pendant que Demidov retrouvait son rythme… Bolduc, lui, vivait le pire scénario possible.
Au moment précis où les blessures de Dach et Newhook devaient lui ouvrir une autoroute offensive, il a perdu ce qui comptait le plus : la patience de son entraîneur.
La trsiste réalité a sauté aux yeux de toute la presse québécoise. D’un côté, Lane Hutson, qui venait de connaître un creux de vague public, appuyé par Martin St-Louis le matin même, venait de connaître son meilleur match de l'année.
Le coach avait affirmé qu’il n’était « pas inquiet ». Hutson l’a remercié par une prestation incroyable : but égalisateur, présence dominante, 34-8 aux tentatives de tirs lorsqu’il était sur la glace. C’est le genre de réaction mature, contrôlée et intelligente, qui renforce la confiance d’un entraîneur.
De l’autre, Bolduc.
Pliée en deux sur le banc. Des séquences hachées. Un langage corporel qui en dit long. Une frustration visible. Et surtout : aucune réplique sur la glace, parce qu’il n’y a plus mis un pied (ou un patin) pendant les 10 minutes les plus importantes du match.
Les médias l’ont remarqué. Les chroniqueurs, même ceux qui habituellement lui donnent le bénéfice du doute, ont commencé à glisser des phrases qui font mal : « nuisible », « peut-être temps de l’envoyer dans les gradins », « incapable de jouer son rôle à droite », « la constance n’y est pas ».
Même dans les médias québécois, la question circule : qu’est-ce que Bolduc a fait à Martin St-Louis ?
La question est devenue un running gag à TVA Sports. Personne ne comprend vraiment le message du coach. Bolduc n’a pas été parfait, loin de là, mais il n’a jamais reçu le tapis rouge accordé à d’autres.
Il arrive d’une organisation, les Blues, où il était un spécialiste du powerplay, où on le confirmait dans ses forces. À Montréal, il se retrouve souvent déplacé, repositionné, parfois même dénaturé.
On l’a vu : il s’ennuie de Saint-Louis (la ville, pas Martin).
Il s’ennuie de son vieux rôle.
Il s’ennuie de sa liberté.
Et hier, la goutte a débordé.
Ce qui inquiète les observateurs, c’est sa réaction. On le voit en méforme physique au point qu'il semble avoir la nausée sur la glace. On le voit s’éteindre. On le voit perdre son lien avec l’équipe. Et tout cela se produit alors que l’organisation traverse la pire séquence de son début de saison.
Ce n’est pas un hasard si la question se pose de plus en plus :
Bolduc pourrait-il glisser dans les gradins ?
Pour un joueur qui devait profiter de sa chance, qui devait être promu sur la première unité de powerplay, qui devait être l’heureux bénéficiaire du remaniement des trios… c’est une gifle monumentale.
À Columbus, tout le monde a parlé de Lane Hutson...
Mais la vraie histoire du match, celle qui secoue l’interne, celle que les joueurs ont remarquée, celle que les journalistes répètent aujourd’hui en coulisses, c’est la mise au banc de Bolduc.
Parce que ce n’était pas un simple message.
Ce n’était pas une présence malchanceuse.
C’était : « Je ne peux pas te faire confiance. »
Et pour un jeune qui tente d’entrer dans le cercle fermé de St-Louis, ce message est le plus dur à entendre.
Montreal ne traverse pas seulement une baisse de régime : elle traverse une crise de hiérarchie.
Et Zachary Bolduc vient d’en devenir le symbole.
