Zachary Bolduc commence à comprendre ce que signifie porter le chandail du Canadien : la pression n’attend pas la production, elle frappe avant même que le joueur ne trouve ses repères.
Au tour de TVA Sports de l'envoyer à Vancouver. Ouch.
À peine arrivé à Montréal, encore en train de s’adapter au système de Martin St-Louis, encore hésitant dans un rôle qui change d’une soirée à l’autre, voilà qu’il découvre la réalité brutale des rumeurs de transactions qui éclaboussent tout sur leur passage.
Depuis que Rick Dhaliwal, informateur redoutablement connecté à Vancouver, a prononcé son nom en direct (« Les Canucks pourraient-ils cibler un jeune comme Zach Bolduc? »), le jeune Québécois vit un véritable cauchemar professionnel : il joue sous le regard d’une équipe qui l’adore et qui l'épie de plus en plus, mais il respire l’air d’une organisation qui ne lui promet aucune stabilité, alors qu'il est coaché par un entraîneur-chef qui ne croit pas en lui.
Les Canucks n’ont pas improvisé leur intérêt. Ils ont envoyé deux recruteurs observer le Canadien contre Ottawa, puis le recruteur professionnel Lou Crawford est revenu le lendemain pour voir que Bolduc a joué 7 minute et ses poussières.
Voilà la preuve qu’on ne parle plus d’une simple rumeur flottante, mais d’un dossier évalué et discuté en coulisses. Et ce qui rend la situation toxique pour Bolduc, c’est la manière dont Vancouver construit son offre : ils veulent un jeune joueur NHL-ready, quelqu’un qui peut entrer demain matin dans leur alignement.
Ils ont ciblé Bolduc parce qu’ils connaissent son profil par cœur : son passage dans l’Ouest, sa polyvalence sur un top-6 ou un bottom-six, et surtout sa marge de progression encore énorme. Pour eux, Bolduc est exactement le joueur qui comble le départ éventuel de Kiefer Sherwood.
Mais la réalité de Montréal est autrement plus complexe. Oui, le Canadien aime Sherwood. Oui, Kent Hughes est extrêmement agressif dans ce dossier et il est prêt, selon Pierre Lebrun, à offrir un choix de première ronde protégé et un défenseur gaucher en extra, ce qui prouve que le CH veut réellement ajouter de la robustesse, de l’intensité et un joueur qui peut toucher 20 buts à bas salaire.
Mais non, sacrifier un jeune Québécois de 22 ans pour un joueur en location de 30 ans, agent libre l’été prochain, ne fait pas de sens. Ce serait trahir l’ADN même de la reconstruction.
Vancouver le sait. C’est pour ça qu’ils tentent de contourner le problème en ciblant plutôt un défenseur gaucher, Arber Xhekaj, Jayden Struble ou Adam Engström, combiné au fameux choix de première ronde protégé.
Leur logique est cinglante : si Sherwood quitte, il faut absolument remplacer sa robustesse. Et dans la LNH, personne n’incarne mieux la robustesse qu’Arber Xhekaj.
Le surnom « Shérif » n’est pas marketing : il impose le respect partout où il passe. Du point de vue des Canucks, Xhekaj est l’équivalent parfait : un défenseur gaucher encore jeune,, physique, intimidant, exactement le profil qui manque à Vancouver depuis des années.
Mais ce que les dirigeants de Vancouver n’avaient peut-être pas anticipé, c’est la dimension émotionnelle de ce marché.
Montréal aime Xhekaj. Les partisans l’adorent. Il rassure Caufield, il protège Demidov, il stabilise les jeunes. Et même si Struble et Engström attirent énormément d’intérêt, l’un pour sa constance, l’autre pour sa mobilité, le nom de Xhekaj fait vibrer un fil beaucoup plus sensible dans l’organisation.
Ce n’est pas seulement une question d’hockey, c’est une question d’identité.
Pendant ce temps, Bolduc, lui, n’a rien demandé à personne. Il a dix fois moins d’expérience que Sherwood, un avenir dix fois plus long, et pourtant il vit le poids d’un échange potentiel comme si son destin était déjà décidé.
À chaque mise en jeu, il joue avec la peur de donner des arguments à ceux qui veulent l’envoyer ailleurs. À chaque présence, il doit démontrer qu’il n’est pas qu’une monnaie d’échange éventuelle.
Les négociations entre Montréal et Vancouver en viennent à une équation simple:
Soit le CH sacrifie Bolduc.
Soit il sacrifier choix de première ronde protégé + un jeune défenseur gaucher (Xhekaj, Struble ou Engström).
Kent Hughes lui, aimerait mieux sacrifier son choix de 1re ronde protégé et rajouter Owen Beck.
Et au milieu de ce bras de fer, Bolduc sert d’écran de fumée public, de nom que les informateurs lancent pour créer la pression, pour tester la réaction des dirigeants du CH, pour étirer le terrain et voir où il cèdera.
Et plus les jours passent, plus le marché s’enflamme. David Pagnotta rapporte que plusieurs équipes veulent Sherwood tout de suite, pas en mars. Vancouver l’a compris. Ils veulent profiter de l’effet d’enchère. Ils veulent que Hughes se sente poussé dans le dos. Ils veulent obtenir une pièce majeure avant Noël. Ils veulent forcer Kent Hughes à dire oui.
Mais Bolduc ne sera pas cette pièce. selon nous. Trop jeune... trop tôt...
La vérité est que Bolduc paie aujourd’hui le prix de sa jeunesse dans un marché impitoyable : il n’est pas responsable de la rumeur, mais il est celui qu’elle frappe en premier, parce qu’il est assez talentueux pour être désiré, mais pas assez établi pour être protégé publiquement. Il est dans le cauchemar des joueurs en transition : trop bon pour être ignoré, pas encore assez ancré pour être intouchable.
Et surtout... dans la niche de Martin St-Louis..
Et pendant qu’il se bat pour jouer 10 minutes par match, pendant qu’il tente d’impressionner un entraîneur exigeant comme Martin St-Louis, pendant qu’il cherche un rôle, il doit naviguer dans une tempête qui ne lui appartient pas.
C’est ça Montréal : évoluer dans une équipe où tu dois prouver que tu mérites de rester, alors que ton nom circule dans des bureaux à des milliers de kilomètres.
Ce qui est clair : si Sherwood vient à Montréal, ce ne sera pas au prix de sacrifier un jeune Québécois repêché dans le top 20 il y a trois ans.
Vancouver devra accepter la réalité suivante : Montréal est prêt à payer, mais pas à se trahir.
Imaginez le scandale si le bon garçon québécois est échangé alors qu'il n'a jamais eu sa chance. Le Québec ne l'accepterait pas.
