Transaction Montréal-Calgary: le cauchemar de Zachary Bolduc

Transaction Montréal-Calgary: le cauchemar de Zachary Bolduc

Par David Garel le 2025-12-29

C’est souvent comme ça que ça se passe à Montréal : pas de conférence dramatique, pas d’annonce officielle, pas de phrase-choc.

Juste une pratique, un tableau de trios, et une réalité qui te frappe en pleine face. Zachary Bolduc n’est plus sur le premier trio.

Et cette fois, ce n’est pas un test en plein matché Ce n’est pas une rotation. Ce n’est pas un “on va voir”. C’est un retrait, clair, froid et définitif.

À l’entraînement de lundi en Floride, c’est Alexandre Texier qui flanquait Nick Suzuki et Cole Caufield. Et Bolduc? Il a été parachuté à l’aile gauche de Phillip Danault et de Josh Anderson.

Un trio qui sent la survie plus que la création, la responsabilité défensive et la plomberie plus que l’instinct offensif. Un trio où tu n’es pas là pour briller, mais pour ne pas nuire.

C’est là que ça devient cruel pour Bolduc. Parce qu’il ne s’est pas fait tasser par un jeune en pleine explosion. Il ne s’est pas fait battre par un prodige. Il a perdu sa place parce qu’il n’a tout simplement pas réussi à suivre le rythme du premier trio.

Parce que le jeu allait trop vite. Parce que les lectures n’étaient pas assez instinctives. Parce que, dans l’espace restreint, avec Suzuki et Caufield, chaque demi-seconde de retard devient une preuve.

Et maintenant, le voilà avec Danault… un centre sans but, sans explosion offensive, sans illusion. Un joueur utile, oui, mais pas un moteur. Et à l’autre aile, Anderson, le plombier, celui qui fonce tout droit, qui travaille, qui use, mais qui ne crée pas.

Pour un jeune comme Bolduc, c’est une punition claire et nette. Tu touches moins à la rondelle. Tu dois jouer simple. Tu dois survivre. Et surtout, tu sais que ce trio-là n’est pas une destination, mais une salle d’attente.

Le message du Canadien est sans pitié : Bolduc n’est pas la solution pour compléter Suzuki et Caufield. Et ce message-là ne date pas d’hier.

Depuis le début de la saison, on sent que Martin St-Louis hésite avec le Québécois. Que la confiance n’est pas totale. Que la laisse se raccourcit à la moindre erreur.

Ce déclassement de Bolduc s’inscrit dans une quête beaucoup plus large. Le Canadien veut absolument un gaucher pour jouer sur le premier trio. Pas un projet. Pas un “peut-être”. Un vrai joueur top-6 capable d’apporter du rythme, de la robustesse, et une conscience défensive suffisante pour ne pas exposer Suzuki et surtout Caufield soir après soir. Texier est là en attendant. Le Français dépanne, mais il est un pansement.

Et c’est là que le nom de Blake Coleman commence à circuler sérieusement. Selon le journaliste de The Athletic, Arpon Basu, il est devenu la priorité du CH.

Pas parce que c’est une vedette. Pas parce que c’est sexy. Mais parce que ça fait du sens. Coleman est gaucher, mais peut jouer à droite. Il frappe. Il dérange. Il marque encore, il excelle dans les deux sens de la patinoire.

30 buts et 54 points en 2023-2024, 15 buts et 39 points en 2024-2025 et cette saison, un rythme respectable de 11 buts et 18 points en 38 matchs.

Même si on voit une chute claire dans ses statistiques offensives, on parle d'un joueur qui a une capacité à jouer des minutes lourdes sans s’effondrer. Ce genre de joueur qui ne ralentit pas Suzuki, qui ne force pas Caufield à reculer de dix pieds pour récupérer une rondelle perdue.

Ce n’est pas un hasard si ce profil-là revient dans les discussions. Martin St-Louis veut de la vitesse, mais surtout de la fiabilité.

Il veut quelqu’un qui peut jouer contre les meilleurs trios adverses sans que le premier trio devienne un handicap défensif. Coleman peut apporter du grit, oui, mais aussi une structure. Une présence qui permet aux deux vedettes offensives de rester dans leur zone de confort.

Et pendant que ces discussions-là existent, Bolduc paie le prix. Il est le symbole de cette transition inconfortable où le Canadien réalise que ses jeunes ne peuvent pas tous être propulsés trop vite trop haut. Qu’il y a une différence entre être prometteur et être prêt.

En ce moment, il est coincé entre ce qu’il pourrait devenir et ce que le Canadien a besoin maintenant.

La vérité, c’est que ce n’est pas Bolduc que le Canadien juge. C’est son premier trio. Et le verdict est sans appel : il manque quelqu’un. Tant que ce quelqu’un ne sera pas arrivé, Bolduc restera en bas, à attendre, à espérer, à essayer de ne pas disparaître dans un rôle qui ne lui ressemble pas.

C’est dur et injuste. Mais c’est la LNH. Et à Montréal, plus qu’ailleurs, chaque pratique raconte déjà l’histoire du prochain échange.

Blake Coleman n’est peut-être qu’une idée lancée en l’air. Mais une chose est certaine : le Canadien ne cherche plus à tester Bolduc sur le premier trio. Il cherche quelqu’un d’autre.

Et Bolduc vient de l’apprendre, sans qu’on ait besoin de lui dire un mot.