Dur message à Zachary Bolduc: Lane Hutson frappe sans prévenir

Dur message à Zachary Bolduc: Lane Hutson frappe sans prévenir

Par David Garel le 2025-11-19

Il n’y a pas toujours besoin d’un discours en conférence de presse ou d’une mise au banc humiliante pour comprendre qu’un joueur est ciblé par le personnel d’entraîneurs.

Parfois, le message passe par d’autres joueurs... ou par mise en scène involontaire.... ou volontaire selon Martin St-Louis.

L’entraînement de mercredi matin à Brossard en a été l’exemple le plus frappant. D’un côté, Lane Hutson, premier sur la glace, deux heures à l’avance, travaillant avec Stéphane Robidas avant même que ses coéquipiers n’arrivent.

De l’autre, Mike Matheson, 31 ans, qui joue près de trente minutes sans flancher et dont Martin St-Louis dit qu’il « a des jambes et des poumons d’un joueur de 20 ans ».

Et au centre de tout ça, Zachary Bolduc, promu sur le premier trio malgré une performance désastreuse à Columbus, forcé de prouver qu’il peut suivre le rythme.

Le message est clair comme de l'eau de roche : si tu veux un rôle offensif majeur dans cette équipe, il va falloir travailler comme eux. Et aujourd’hui, « eux », ce sont Hutson et Matheson. Pas Bolduc.

Parce que oui, St-Louis lui laisse sa chance. Oui, il l’a gardé à la gauche de Suzuki et Caufield. Oui, il a tenu une discussion personnelle avec lui avant l’entraînement.

Mais tout ce qui a entouré cette pratique, l’horaire de Hutson, la forme physique de Matheson, les citations de St-Louis, mène à une seule conclusion : ce n’est pas qu’on veut voir si Bolduc a du talent, ça on le sait.

On veut voir s’il a le moteur pour tenir à ce niveau. Ce qu’on reproche à Bolduc n’est pas un manque de flair offensif, c’est son incapacité à tenir un rythme NHL pendant 60 minutes.

C’est un joueur qui coupe des présences, qui n’a pas le cardio des meilleurs, et qui ne domine pas les entraînements.

Alors quand St-Louis parle publiquement de Matheson et de sa discipline, quand Hutson détaille sa routine de gym avant la glace, ce n’est pas un hasard. Ce sont des messages en vitrine. Et Bolduc est placé à côté de ces comparatifs pour être mis à l’épreuve.

Lane Hutson a expliqué sa routine en détail. Arriver à l’aréna à 8 h 30 pour un entraînement qui commence à 10 h 30.

Gym avant tout le monde, tir seul sur la glace dès 9 h 50, travail individuel technique avec Robidas avant que la séance officielle ne débute. Pas un simple échauffement : un rituel quotidien.

Hutson travaille non seulement ses tirs et son contrôle à la ligne bleue, mais aussi son placement de rondelle pour créer des récupérations profondes au lieu de viser le but directement.

Ce n’est pas un hasard si, à Columbus, le CH a dominé 34-8 en tentatives de tirs à cinq contre cinq lorsqu’il était sur la glace.

Ce n’est pas un hasard si ses deux tirs de la pointe ont mené aux buts de la remontée. Ça ne tombe pas du ciel. C’est l’application directe de son travail hors-match.

Et quand St-Louis parle de Hutson comme d’un gars qui « arrive avant tout le monde » et qui voit la glace comme un « sanctuaire », il envoie un mode d’emploi au reste du vestiaire.

Puis il y a le cas Matheson. St-Louis n’a pas seulement vanté ses qualités techniques, il a insisté sur son endurance. « Il a des jambes de 20 ans. Il a des poumons de 20 ans. »

Ce n’est pas une formule lancée à la légère, surtout envers un défenseur de 31 ans qui joue en moyenne près de 25 minutes et qui ne prend « pratiquement jamais de journée de congé ».

Matheson l’a dit lui-même : il s’entraîne avant, après, pendant, et hors calendrier, parce qu’il veut être prêt à répondre quand on l’utilise comme cheval.

Ce n’est pas une question de talent, c’est une question de condition physique. Qu’un joueur de cet âge soit le plus en forme de l’équipe n’est pas un compliment pour le groupe, c’est un standard. Et ce standard-là est un miroir direct tendu à Bolduc.

Et pendant que Hutson et Matheson sont utilisés comme vitrines de discipline et de préparation, Bolduc est celui dont St-Louis doit « espérer qu’offensivement il va se retrouver ».

Il est aussi celui qui joue pire à forces égales sur le premier trio, celui qui s’est retrouvé à droite, hors position, sur le jeu où il s’est fait prendre à Columbus, menant à son retrait de la troisième période.

Il est celui qui s’effondre physiquement avant les autres, celui qui coupe son rythme, celui qui, malgré du talent naturel, n’a pas encore démontré le travail nécessaire pour dominer au niveau NHL.

Ce n’est pas un hasard s’il a été le joueur le plus explosif à l’entraînement juste après la discussion privée avec St-Louis.

Ce n’est pas un hasard s’il patinait « comme un gars qui joue sa job », littéralement à manger les bandes et à foncer dans les drills à pleine vitesse, au point d’être l’un des joueurs les plus intenses de la séance.

C’est la réaction d’un joueur qui a compris qu’il est dans le viseur. Ce n’est pas un changement spontané, c’est une réponse à un ultimatum silencieux.

La LNH est une ligue où les messages se passen.

Quand l’entraîneur prend une minute à expliquer la discipline cardiaque de Matheson, quand Hutson dévoile avoir une routine de deux heures avant pratique, quand d’autres joueurs frappent des sommets de forme physique en pleine saison, et quand le seul joueur publiquement questionné sur son rendement offensif est celui qui coupe avant les autres, le message est clair.

On ne demande pas à Bolduc d’être plus talentueux. On lui demande de s’entraîner comme un joueur élite et de tenir physiquement comme un joueur élite.

Et c’est logique que St-Louis agisse ainsi : tant que Bolduc n’est pas capable de tenir le rythme à forces égales, on ne peut pas lui confier des minutes avec Suzuki et Caufield sans compromettre la possession.

Tant qu’il n’a pas le moteur, on ne peut pas faire de lui un vrai joueur de premier trio. Tant qu’il n’a pas la condition physique, il va perdre ses batailles et prendre des pénalités de frustration.

La vraie question maintenant : est-ce que Bolduc peut absorber ce message sur plusieurs semaines, et pas juste pendant un entraînement où il essaie de sauver sa place?

Être excellent dans un drill le mercredi matin n’a jamais fait de personne un joueur de la LNH durable. Il doit être en forme tous les jours, et pas seulement quand il sent le danger. C’est là que Hutson et Matheson font la vraie différence : ils n’attendent pas d’aller mal pour se mettre en marche.

Le CH est blessé, le CH manque de profondeur, et c’est exactement le genre de période où on découvre si un joueur peut devenir indispensable ou disparaître.

Une opportunité comme celle-ci ne revient pas trois fois. Slafkovsky attend derrière. Demidov pousse. Les minutes offensives sont comptées.

Si Bolduc ne démontre pas qu’il peut tenir 20 minutes par soir sans brûler la mèche après la 12e, la décision se prendra toute seule. Et cette fois, ce ne sera pas une conversation à l’entraînement : ce sera une baisse de rôle, voire les gradins.

Zachary Bolduc a maintenant la chance de prouver qu’il appartient à ces standards. Hutson et Matheson ont montré la marche à suivre. St-Louis a été clair et cinglant.

Reste à voir si Bolduc va suivre la cadence ou si, encore une fois, son talent sera freiné par sa condition physique de bas-étage.