Le malaise grossit au Centre Bell.
On voit en Martin St-Louis un coach qui semble perdre le fil avec ses joueurs les plus talentueux. On savait depuis le camp d’entraînement qu’Ivan Demidov vivait dans la niche du coach.
Mais ce qu’on découvre maintenant, c’est que Zachary Bolduc aussi est envoyé sous l'autobus. Et là, franchement, plus personne ne comprend ce que St-Louis essaie de faire.
Bolduc, le Québécois flamboyant qui avait conquis le public en début de saison, est aujourd’hui relégué sur le quatrième trio, aux côtés de Joe Veleno et Owen Beck.
Deux gars honnêtes, travailleurs, mais qui n’ont rien à voir avec la finesse, la créativité ou le flair offensif d’un Bolduc.
Pendant ce temps, Martin St-Louis sépare volontairement ses deux plus grands espoirs offensifs, Bolduc et Demidov, comme s’il craignait leur chimie, comme s'il craignait...d'avoir tort...
Quel manque de respect. C’est incompréhensible.
Depuis plusieurs jours, les indices s’accumulaient. D’abord, Bolduc a manqué quelques entraînements, visiblement diminué. Il aurait mal à l’aine, comme Kaiden Guhle ou Noah Dobson avant lui.
Rien de dramatique, mais assez pour justifier qu’on le ménage. Or, au lieu de le protéger, St-Louis l’a exposé. Il l’a placé avec deux joueurs qui n’ont jamais joué ensemble, qui n’ont ni la vitesse ni la vision pour suivre son rythme. C’est comme attacher un pur-sang à une charrue et lui dire... de prendre son trou...
Puis est venue la conférence de presse de ce matin. Le moment où St-Louis aurait pu, aurait dû, prendre la défense de son jeune attaquant.
Le contraire arriva.
Quand le journaliste (Jonathan Bernier du Journal de Montréal) lui a demandé, sans détour, s’il trouvait juste que Bolduc soit relégué sur un quatrième trio après trois matchs solides, la réponse de Martin St-Louis a glacé la salle.
La question portait sur le fond :
« Bolduc est pénalisé dans son temps de jeu à 5 contre 5. Comment il peut rester effiace? »
Martin St-Louis, visiblement agacé, a sorti son petit sourire méprisant.
Sans hésitation, sans empathie, il a simplement répondu : « Jouer la game. Jouer la game qui est en avant de toi ».
L'extrait vidéo suivant nous donne des sueurs froides dans le dos:
Deux mots. Secs, froids, sans nuance. Pas de contexte, pas de défense, pas même une reconnaissance du travail accompli par le jeune Québécois depuis le début de la saison.
Et c’est ce ton-là, cette sécheresse-là, qui choque le plus. Parce qu’on ne parle pas ici d’un vétéran à bout de souffle ou d’un joueur qui boude : on parle d’un espoir prometteur, encore blessé, encore diminué, qu’on envoie affronter la tempête comme si de rien n’était.
Dire qu’il n’est pas à 100 %, rappeler qu’il s’accroche malgré la douleur, qu’il donne tout. Mais non. À la question sur le rendement de Bolduc malgré un temps de jeu limité, la réponse du coach a été sèche, distante, presque méprisante.
C’est tout. Pas un mot de plus. Aucune empathie, aucune nuance.
Et quand le journaliste a demandé à St-Louis s'il s'attendait à ce que Bolduc soit aussi efficace sur un 4e trio, le coach a été cinglant:
"Tous les joueurs devraient être aussi efficaces".
Cette phrase, en apparence banale, résonne pourtant comme une gifle. Parce qu’elle contraste violemment avec le ton que St-Louis emploie lorsqu’il parle d’autres joueurs (Slafkovský).
Il y a les chouchous... et les autres...
Pour Slaf, il trouve toujours une excuse, une explication, un contexte. Quand Slafkovský peine à suivre le rythme, St-Louis parle de croissance, de patience, de “processus”.
Mais pour Bolduc, rien. Juste une consigne sèche, presque autoritaire : joue la game devant toi.
Le message est clair : Bolduc n’est plus dans les bonnes grâces du coach.
Et ça, tout le monde le sent. Dans le vestiaire, sur les réseaux sociaux, dans les gradins. Les partisans se demandent comment un entraîneur qui prône la créativité peut traiter ainsi un des rares joueurs qui incarne justement cette créativité.
On sépare les talents, on dilue la vitesse, on étouffe les instincts. Demidov joue avec Kapanen et Newhook, deux travailleurs honnêtes mais peu explosifs. Bolduc, lui, est descendu dans la hiérarchie avec Veleno et Beck. C’est à n’y rien comprendre.
Et tout ça alors que le Canadien n’a marqué que trois buts en avantage numérique depuis le début de la saison. Alors que le jeu offensif a de la misère. Alors que St-Louis lui-même admettait récemment que son équipe “manque de rythme” et de “décisions rapides dans les zones clés”.
Ce n’est pas en mettant ses meilleurs créateurs sur le banc, ou sur un quatrième trio, qu’il va régler ce problème.
On sent, derrière les sourires forcés de St-Louis, une forme de frustration. Comme si le coach voulait imposer sa vision coûte que coûte, même si elle heurte la logique.
Comme s’il voulait “tester” ses jeunes vedettes, leur faire comprendre qu’à Montréal, rien n’est acquis. Mais à force de vouloir casser ses joueurs, il risque de casser leur confiance.
Demidov l’a déjà montré : il se ferme quand on le brime. Il devient effacé, frustré. Bolduc, lui, n’est pas du genre à se plaindre publiquement, mais il n’a pas la tête d’un gars heureux.
Et pourtant, Bolduc était l’une des meilleures nouvelles du début de saison. Trois buts en trois matchs pour entamer l'ammée, une aisance naturelle avec la rondelle, une chimie immédiate avec Dach et Gallagher.
Dach se blesse, Bolduc semble ennuyé à l'aine, on le place avec des plombiers, il ralenti (blanchi à ses 3 derniers matchs)...et St-Louis... l'enfonce...
Voilà qu’en quelques jours, St-Louis le démonte pièce par pièce. Moins de minutes. Plus de justification. Et maintenant, un trio de punition.
Le problème, c’est que le public montréalais, lui, voit tout. Il voit les décisions étranges, les combinaisons improvisées, les explications méprisantes.
. Et il commence à perdre patience. Parce que ce genre de traitement finit toujours par laisser des traces. Demidov et Bolduc sont les deux plus gros talents offensifs de la relève, et St-Louis les traite comme des apprentis fautifs. On dirait qu’il ne sait pas comment composer avec des jeunes qui pensent le jeu plus vite que lui.
La réalité, c’est que Bolduc et Demidov devraient jouer ensemble. C’est une évidence tactique, mais aussi symbolique.
Ensemble, ils pourraient faire exploser l’attaque du Canadien. Au lieu de ça, on les enferme dans des contextes défensifs, on les punit pour leur instinct, on les condamne à douter.
Et St-Louis, en agissant ainsi, se met lui-même en danger. Parce qu’à Montréal, la patience pour les “coachs professeurs” a des limites.
Quand tu gagnes, on t’écoute. Quand tu bloques tes jeunes vedettes, on t’observe.
Le vestiaire du Canadien semble encore soudé, mais pour combien de temps? Quand les gars verront qu’un joueur local comme Bolduc, adoré des partisans, est traité comme un figurant pendant qu’on défend à tout prix un Slafkovský erratique, les tensions risquent d’éclater.
Et ce n’est pas le genre d’incendie que Montréal pardonne facilement.
Martin St-Louis voulait prouver qu’il pouvait bâtir une culture d’effort et de mérite. Mais le mérite, ça va dans les deux sens. Si tu demandes à tes joueurs d’être honnêtes, tu dois l’être avec eux. Et aujourd’hui, il n’y a rien d’honnête dans ce qu’il fait à Zachary Bolduc.
Parce que ce n’est pas une question de blessure. Ce n’est pas une question de rendement. C’est une question d’ego.
Et tant que St-Louis fera passer son autorité avant le talent, il condamnera le Canadien à jouer petit.