Enfin. C'est annoncé: Martin St-Louis n'est plus capable de sentir Zachary Bolduc.
Il y a des soirs où un entraîneur envoie un message subtil; mardi et mercredi, Martin St-Louis a préféré la version nucléaire.
Ce qui est arrivé à Zachary Bolduc n’est plus une impression, une intuition ou une rumeur dans les gradins : c’est maintenant confirmé, documenté, chiffré, étalé en pleine lumière.
Le coach du Canadien ne veut pas de lui dans l’état où il joue présentement, et les décisions qu’il a prises (7 minutes 54 secondes de glace hier), une chute du premier trio au quatrième, l’exclusion de la première vague d’avantage numérique, ne relèvent pas d’un simple ajustement, mais d’un verdict brutal sur son jeu sans la rondelle.
Le moment clé est venu après la première période contre Ottawa. Devant toute l’équipe, dans un vestiaire glacé par l’annonce, Nick Suzuki l’a raconté sans détour :
« Ceux qui ne savent pas défendre et qui ne jouent pas de la bonne façon vont rester assis. »
Et dès que les joueurs ont sauté sur la glace pour le deuxième vingt, on a immédiatement su qui venait d’être visé.
Jake Evans a écopé, mais lui a trouvé le moyen de rebondir 24 heures plus tard. Pour Bolduc, la sentence a été bien plus lourde : une chute libre du sommet de la hiérarchie offensive jusqu’au quatrième trio, suivie d’une utilisation ridiculement basse qui témoigne d’une rupture de confiance presque totale entre le jeune attaquant et son entraîneur.
L’humiliation : neuf présences, trois par période, une soirée qui brise un joueur.
Qu’on se le dise : il n’y a rien de plus cruel dans la LNH que de voir un joueur qui, 48 heures plus tôt, croyait avoir consolidé sa place au sein du premier trio du Canadien, se retrouver soudain à enchaîner des présences qui durent à peine quelques secondes, entrecoupées de longues minutes à fixer le tableau indicateur sans savoir s’il rejouera avant la fin du match.
Les statistiques avancées révélées par Sportlogiq enfoncent maintenant le clou dans le cercueil du Québécois.
Jonathan Bernier du Journal de Montréal l’a très bien exposé : sur le plan défensif, Bolduc ne donne absolument rien à son équipe. Et ce n’est plus une question d’interprétation, d’opinion ou d’envie d’un entraîneur de donner une leçon. C’est scientifique.
Voici ce qui fait mal:
11e et 12e rang de l’équipe au niveau des passes bloquées et des rondelles harponnées.
10e rang dans les batailles remportées parmi les attaquants.
Avant-dernier pour le taux de revirements provoqués.
Selon Sportlogiq, il est invisible défensivement dans presque toutes les séquences à forces égales.
Et le constat le plus accablant :
Quand Bolduc est sur la glace, le CH ne touche pratiquement jamais à la rondelle. Le temps de possession s’effondre, l’équipe recule, la structure s’écroule, et les erreurs se multiplient.
Et St-Louis, qui répète depuis trois ans que « le jeu sans la rondelle est la base de tout », n’a pas besoin d’un deuxième avertissement quand il voit ça.
Le message de St-Louis : “Si tu ne joues pas sans la rondelle, tu ne joueras pas… point.”
Même si St-Louis n’a pas prononcé le nom de Bolduc publiquement, tout est clair.
« Ceux qui ne défendent pas resteront assis. » C’est la phrase qui scelle le dossier... et son portefeuille...
Ce qui frappe dans l’histoire de Zachary Bolduc, c’est l’ampleur financière du désastre que représente son arrivée à Montréal, car il y a à peine un an, ce même joueur se dirigeait tranquillement vers une carrière de franc-tireur millionnaire entouré de confiance, de responsabilités offensives et d’un environnement conçu pour maximiser ses atouts, alors qu’aujourd’hui, il tente simplement de respirer entre deux présences de dix secondes sur un quatrième trio bricolé autour de plombiers.
À Saint-Louis, il brillait sur l’avantage numérique, il jouait avec Robert Thomas, il était utilisé comme un futur "stud" offensif et, surtout, il marquait 13 buts à ses 26 derniers matchs, puis un total de 16 buts à ses 29 derniers lorsqu’on inclut son arrivée à Montréal.
Un jeune attaquant qui s’installe durablement dans un top-six, qui explose l’avantage numérique et qui menace constamment de faire sauter les défensives adverses se retrouve rapidement dans la catégorie des joueurs qui signent des ententes à 6 ou 7 millions par année sur plusieurs saisons.
Mais tout cela a volé en éclats au moment où il a posé le pied dans le vestiaire montréalais, car ce n’est pas seulement un changement de ville qu’il a subi, c’est un changement de statut professionnel : Martin St-Louis l’a fait passer d’un futur multi-millionnaire à un futur joueur « pont » qui devra accepter un contrat à rabais parce qu’il n’aura rien à présenter à la table des négociations.
On peut parler ici d’une perte sèche, mesurable, presque mathématique : un attaquant de 25 à 30 buts sur deux saisons consécutives signe entre 6 et 7 millions par année sur six ans; un attaquant secondaire de 10 à 15 buts, utilisé douze minutes par soir (ou 7) et privé de powerplay, tombe dans la zone des contrats entre 3 et 4 millions maximum.
Martin St-Louis lui a fait perdre 18 et 24 millions de dollars.
À Saint-Louis, il était jugé sur ses buts. À Montréal, il est jugé sur ses replis. À Saint-Louis, il jouait pour augmenter sa valeur. À Montréal, il joue pour ne pas déplaire au "big boss des bécosses" Marty..
Imaginez la déprime dans sa tête...
