400 000 dollars dans les poches: Guy Carbonneau crée le malaise de l'année

400 000 dollars dans les poches: Guy Carbonneau crée le malaise de l'année

Par David Garel le 2025-04-23

C’est une bombe. Une vraie. Le genre de révélation qui ne passe pas inaperçue, même dans un paysage médiatique saturé de controverses.

Selon des informations partagées par Maxime Truman dans le balado Stanley25, Guy Carbonneau gagnerait entre 200 000 $ et 400 000 $ par année pour ses apparitions à l’Antichambre de RDS.

Mais le pire? Ce n’est pas lui. Vincent Damphousse, ancien capitaine du Canadien, empocherait plus de 400 000 $ par année pour le même rôle.

Ce chiffre fait frémir. Non seulement parce qu’il est déconnecté des réalités économiques actuelles, mais surtout parce qu’il est dévoilé alors que RDS traverse une crise de pertinence, avec des cotes d’écoute à la baisse, une pression commerciale énorme et une perception publique de plus en plus hostile.

Ce qui rend cette découverte encore plus choquante, c’est la comparaison directe avec les journalistes qui couvrent le Canadien de façon quotidienne.

Prenons l’exemple de Simon-Olivier Lorange, journaliste à La Presse, ou d'autres reporters du Journal de Montréal ou de Radio-Canada.

Ces journalistes, qui vivent dans les aéroports, les taxis et les conférences de presse glaciales, gagnent entre 120 000 $ et 150 000 $ annuellement au maximum. Et encore, ce sont les mieux payés.

Ils se lèvent à 5 h du matin pour prendre un vol vers Buffalo. Ils dorment dans des hôtels moyens, courent entre les arénas, les vestiaires et les deadlines, pour pondre des articles souvent écrasés par les extraits YouTube des mêmes conférences.

Pendant ce temps, Vincent Damphousse s’installe en studio, coiffé, maquillage léger, sourire en coin, et empoche 10 fois plus pour répéter que "le Canadien a manqué de constance en deuxième période".

Le décalage est brutal.

Cette révélation a créé une vague de malaise dans l’industrie. Chez les employés de RDS, le silence est pesant.

À l’Antichambre ce soir, on s’attend à voir des visages tendus, des sourires coincés, des commentaires gênés. Parce que tout le Québec sait maintenant combien ils sont payés. Les fesses seront serrées, comme on dit.

Et ce n’est pas qu’une question de jalousie. C’est une question de cohérence et de justice médiatique. Comment justifier que des analystes, souvent millionnaires déjà (comme Damphousse, dont la fortune dépasse les 70 millions $ grâce à son empire Scandinave Spa), soient payés à même hauteur que des journalistes qui suent, courent, rédigent, questionnent, et souvent, se font ridiculiser en public par Martin St-Louis?

Le cas de Simon-Olivier Lorange en est le parfait exemple. Pour environ 125 000 $ par année, il subit quotidiennement le mépris de l’entraîneur du Canadien.

Il est ignoré, rabroué, voire ridiculisé. Chaque conférence devient un champ de mines où il doit marcher sur des œufs. Et à côté de lui, d'autres journalistes, mieux connectés, mieux traités, vivent dans une bulle où leur statut les protège.

Ce climat de hiérarchisation du respect repose sur les apparences, le nom de famille, les alliances. Et maintenant, on comprend que le salaire aussi fait partie du jeu. Un Damphousse respecté, car surpayé. Un Lorange écrasé, car perçu comme remplaçable.

Il faut le dire : les salaires à RDS surpassent de loin ceux de TVA Sports, qui pourtant se permet de loger ses journalistes dans des hôtels cinq étoiles à perte.

La différence? TVA coupe partout ailleurs, pendant que RDS, de façon absurde, brûle son budget sur des analystes qui ne font plus d’auditoire.

L’Antichambre attire entre 25 000 et 35 000 téléspectateurs en moyenne. Des chiffres à faire rougir un balado YouTube.

Des chiffres à faire hurler un directeur financier. Mais on continue. On paie. On surpaie. Parce que l’apparence prime.

Parce que Damphousse, avec sa voix posée, son allure de PDG, son lien amoureux avec France Margaret Bélanger, est devenu intouchable. Il ne se prend pas pour n’importe qui. Et il ne l’est pas. RDS le sait. Et le Québec le sait désormais aussi.

Il y a quelque chose de pourri dans l’économie médiatique sportive du Québec. Et l’Antichambre en est le symbole parfait.

Une émission qui n'a plus d'âme, portée par des millionnaires éloignés du vrai monde, qui répètent semaine après semaine les mêmes banalités, payés grassement pour ça.

Pendant ce temps, ceux qui travaillent, qui creusent, qui s’exposent, doivent se contenter des miettes. RDS vient d’exposer, bien involontairement, le plus grand paradoxe de sa propre décadence. Et il faudra bien, un jour, que ça change.

Pendant que Vincent Damphousse encaisse plus de 400 000 $ par année pour analyser deux fois par semaine un match qu’il n’a parfois même pas regardé au complet, d’autres journalistes vivent une réalité diamétralement opposée. Une réalité que Réjean Tremblay avait décrite avec émotion dans le balado Stanley25

« Si le morning skate est à 11 heures à Washington, le journaliste prend l’avion à 6 h 15 pour y être à temps. Il saute dans un taxi, arrive directement à la patinoire, avant même d’aller à l’hôtel.

Il regarde la séance d’entraînement, assiste aux points de presse, puis retourne à son hôtel, mais ne mange pas avec l’équipe, ne voyage pas avec elle. Il est coupé de tout. »

« Ils passent 30 ans de leur vie à côtoyer des gens extraordinaires, mais ils sont réduits à récupérer des citations génériques. Je suis désolé pour eux. »

Tremblay, qui a connu la grande époque du journalisme sportif québécois, n’en revient pas du niveau d'isolement, de fatigue et de précarité vécu aujourd’hui. Et dans ce paysage éreintant, les journalistes sur le "beat" du CH sont devenus des esclaves.

Prenons Anthony Martineau de TVA Sports. Il court après les quotes, il filme, il résume, il alimente ses plateformes. Il suit l’équipe sept jours sur sept, que ce soit à Brossard, au Centre Bell, ou sur la route.

Et pourtant, il touche à peu près le même salaire que les autres journalistes de terrain: des peanuts par rapport aux "millionnaires de RDS".

Martineau est infatigable. Il fait des directs à répétition, il rédige à la chaîne, il analyse, il commente, il publie, sans salaire obscène.

Juste un gars qui travaille, qui aime ce qu’il fait, et qui tient le fort. Pendant que d'autres, dans une loge ou sur un plateau, reçoivent 10 à 20 fois plus pour en faire 10 fois moins.

Ce qui se dessine sous nos yeux, c’est une fracture dangereuse entre deux mondes : le monde des analystes institutionnels intouchables… et celui des journalistes de terrain, éreintés mais invisibles.

Réjean Tremblay l’avait bien vu :

« C’est une job de fou. Ils sont condamnés à livrer des one-liners écrits par quelqu’un d’autre. »

Pendant que Damphousse se fait stationner son auto deluxe par un valet, Anthony Martineau s’installe dans un taxi Uber à ses frais pour couvrir un morning skate à Newark.

Et dans tout ça, le public n’est pas naïf. Il voit. Il entend. Et maintenant, il sait.