Imaginez un directeur général qui transforme une franchise en ruines en une organisation respectée à travers la LNH.
Un homme qui va chercher Noah Dobson pour des miettes, qui transforme Logan Mailloux en Zachary Bolduc, qui fait de son club une véritable machine à repêcher et qui rétablit une culture gagnante. Cet homme, c’est Kent Hughes. Et il gagne 1,7 million de dollars par année.
Un montant risible. Insultant. Indécent. Surtout quand on le compare à ce que vient de signer Bob Hartley, un entraîneur semi-retraité, pour aller passer un an derrière un banc en Russie.
Entre 2 et 2,5 millions de dollars US, selon les autres sources fiables de la KHL. Oui, Bob Hartley, à 64 ans, qui reprendra le flambeau du Lokomotiv Yaroslavl, touchera davantage que Kent Hughes, l’un des architectes les plus efficaces de la LNH.
Et ce n’est pas une simple question d’argent. C’est une question de reconnaissance. Une question de respect. Car Hughes ne demande pas la lune.
Il veut simplement être payé à la hauteur de ce qu’il accomplit. Et aujourd’hui, son nom est à la toute fin de la liste des DG les mieux rémunérés du circuit Bettman. Voici un aperçu :
Kyle Dubas (Penguins) : 5,7 M$
Ken Holland (Kings): 5,5 M$
Julien BriseBois (Lightning) : 3,5 M$
Jim Nill (Stars) : 3,2 M$
Doug Armstrong (Blues) : 3,0 M$
Don Sweeney (Bruins) : 2,9 M$
Kelly McCrimmon (Golden Knights) : 2,4 M$
Bill Guerin (Wild) : 2,2 M$
Bill Zito (Panthers) : 2,1 M$
Daniel Brière (Flyers) : 2,0 M$
Tom Fitzgerald (Devils) : 1,9 M$
Steve Yzerman (Red Wings) : 1,8 M$
Barry Trotz (Predators) : 1,7 M$
Kent Hughes (Canadien) : 1,7 M$
Pour ce qui est de Mathieu Darche à Long Island, on a tout tenté pour obtenir son salaire réel, mai sans succès. On parlerait d'un salaire qui tourne entre 2 et 3 M$ par année.
Même Daniel Brière, qui vient tout juste d’arriver à la tête d’une reconstruction douteuse à Philadelphie, gagne davantage.
Même Steve Yzerman, qui a vu son club rater les séries depuis cinq ans. Hughes est traité comme un sous-traitant dans sa propre organisation.
Et pourtant, que fait-il depuis son arrivée en janvier 2022? Il nettoie le désastre laissé par Marc Bergevin. Il libère la masse salariale. Il accumule des choix. Il développe un noyau jeune et talentueux.
Et ce n'est pas tout. Il embauche Martin St-Louis et lui donne les outils pour réussir. Il établit une hiérarchie financière intelligente, refusant de surpayer ses vedettes. Il résiste aux pressions des agents, des journalistes, des partisans. Il travaille avec méthode, patience, audace.
L’échange qui a amené Noah Dobson à Montréal pour deux choix de premier tour (16e et 17e) et Emil Heineman est considéré comme l’un des coups les plus brillants de la dernière décennie.
Une transaction qui a été saluée unanimement à travers la LNH. Puis, quelques semaines plus tard, Logan Mailloux est envoyé à Saint-Louis contre Zachary Bolduc, un attaquant québécois de caractère qui répond exactement aux besoins du CH.
Et tout ça, pendant que Kent Hughes touche 1,7 M$ par année.
Comparez ça à Bob Hartley. L’homme a accepté un contrat d’un an en KHL. Pourquoi? Par nostalgie, d’abord. Il retourne dans l’amphithéâtre où il honorait chaque année la mémoire de Brad McCrimmon, son ancien adjoint décédé dans le tragique écrasement d'avion du Lokomotiv.
Et ensuite, parce qu’on lui offre un club déjà champion. Le défi est intéressant, mais soyons honnêtes : il s’agit d’un tour d'honneur. Une année bien payée pour fermer la boucle.
Pendant ce temps, Kent Hughes continue de bâtir une équipe prétendante à la Coupe Stanley. Imaginez s'il arrive à obrenir Sidney Crosby. Il deviendrait un héros.
Crosby ou non, on parle d'un maître qui jongle avec le plafond, qui planifie chaque contrat, qui structure l’avenir.
Et on lui donne moins que Marc Bergevin qui a tout fait pour détruire cette équipe.
Il faut regarder l’ensemble de l’organigramme. Jeff Gorton, vice-président des opérations hockey, touche actuellement 5 millions par année. Et si l’on se fie aux informations rapportées par Elliotte Friedman, le Canadien veut maintenant lui offrir une prolongation… et en faire le dirigeant le mieux payé de toute la LNH.
En ce moment, c'est l'incompétent Kyle Dubas à Pittsburgh qui empoche pratiquement 6 M$ par année pour faire n'importe quoi avec les Penguins. Il faudra donc donner au minimum 7 à 8 M$ par année au VP du CH.
Car Gorton, c’est le cerveau du projet. Il a refusé les avances des Islanders de New York, qui lui proposaient les clés de l’organisation. Il est resté fidèle à Montréal. Mais pas gratuitement. Et surtout, pas éternellement. Son contrat se termine à l'été 2026. Celui de Hughes aussi.
Alors imaginez la suite : si Hughes ne reçoit pas une hausse salariale significative, disons 5 millions par an, pour respecter l’équilibre, on risque de voir ce « monstre à deux têtes » exploser.
Oui, 13 millions de dollars par année minimum pour garder Gorton et Hughes en poste. Une somme jamais vue. Mais nécessaire. Car sans eux, le Canadien risque de redevenir une franchise instable, mal gérée, incohérente.
Geoff Molson n’a plus le choix. Il doit sortir le chéquier. Offrir à Hughes un salaire à la hauteur de sa contribution. Lui donner les moyens, financiers et symboliques, de continuer son œuvre.
Un DG à 1,7 M$ dans un marché comme Montréal? C’est une blague. Une insulte. Un piège aussi. Car d’autres équipes regardent.
Les clubs en reconstruction, les clubs mal dirigés. Ils savent que Hughes arrive à la fin de son contrat. Ils savent que les résultats sont là. Ils savent que Gorton pourrait partir. Et ils n’attendent qu’un faux pas.
La saison 2025-2026 sera charnière. Non seulement sur la glace, mais dans les bureaux.
Si Molson tarde à offrir les prolongations, si le respect financier n’est pas au rendez-vous, la rupture deviendra inévitable. Et les partisans, aujourd’hui optimistes, redeviendront cyniques.
En prolongeant Hughes et Gorton, Molson s’assure d’une stabilité rare dans la LNH. Il protège son projet. Il respecte ses employés. Et surtout, il envoie un message clair : ici, à Montréal, l’excellence est récompensée.
Mais s’il hésite? S’il cherche à économiser?
Alors il verra partir deux des meilleurs cerveaux de la ligue. Et il comprendra, trop tard, que l’économie n’a jamais construit de Coupe Stanley.
Le CH a les moyens de payer. Il a l’obligation morale de le faire. Car après tout… si Bob Hartley vaut 2,5 millions pour un an de nostalgie en Russie, combien vaut Kent Hughes pour dix ans de renouveau à Montréal?
Réponse : beaucoup plus que ce qu’on lui donne aujourd’hui.