Patrik Laine est arrivé à Montréal avec une réputation bien établie : celle d’un joueur offensif à la puissance dévastatrice, mais aussi d’un énigmatique mal compris.
Comme Alex Kovalev avant lui, Laine possède un talent pur qui peut transformer un match d’un simple geste.
Mais tout comme “l’artiste”, il est souvent jugé trop durement par ceux qui ne saisissent pas pleinement la subtilité de son jeu.
Alex Kovalev était adoré à Montréal pour ses moments de génie, mais il a aussi été critiqué pour son apparente nonchalance.
Patrick Friolet l’a bien résumé sur BPM Sports : “Avec Kovalev, dès qu’il patinait à travers la zone neutre, tu te redressais dans ton siège parce que tu savais qu’il allait se passer quelque chose. Mais on le critiquait aussi dès qu’il avait deux matchs sans produire.”
Patrik Laine est taillé dans le même moule. Un joueur capable de tirer les foules, mais qui attire aussi les critiques les plus acerbes dès que les choses vont moins bien.
Martin St-Louis, lui, comprend mieux que quiconque ce type de joueur. Il a parlé de Laine avec une certaine admiration, rappelant un moment marquant lors des matchs préparatoires.
“Tout d’un coup, j’entends la foule réagir. Je me retourne et je vois Laine qui fait une montée incroyable,” a déclaré St-Louis.
“Ça m’a rappelé Lafleur. La façon dont il soulevait la foule, c’était quelque chose.” Une telle comparaison n’est pas donnée à la légère, et cela en dit long sur l’impact que Laine peut avoir sur un match… et sur une ville.
Mais Laine n’est pas seulement un joueur spectaculaire. Il est aussi un joueur qui lit le jeu à un niveau supérieur.
Comme Kovalev, il semble parfois disparaître de la glace, mais ce n’est jamais pour rien.
Sa capacité à anticiper le jeu, à se placer au bon endroit au bon moment, est ce qui le rend si dangereux.
“Laine est tellement imprévisible, même pour nous,” a expliqué St-Louis.
“Mais c’est ça qui fait sa force. Il trouve des moyens d’être au bon endroit au bon moment, et il surprend tout le monde, y compris l’adversaire.”
Ce sens de l’anticipation est un talent rare, mais aussi une source d’incompréhension.
Parce que quand va venir le temps où le Canadien va en perdre deux de suite, les ignorants vont commencer à dire que Laine se traîne les pieds.
Pourtant, ce que certains appellent paresse est en réalité une stratégie.
Laine, tout comme Kovalev avant lui, sait que courir partout sur la glace est inutile.
Il préfère se concentrer sur les moments clés, là où il peut vraiment faire la différence.
C’est un style de jeu qui exige une compréhension fine du hockey, et qui, malheureusement, est souvent mal interprété.
Pour faire un parallèle avec l’un des plus grands, Mario Lemieux incarnait cette approche à la perfection.
Lemieux, tout comme Laine, semblait parfois flotter sur la glace, mais c’était toujours calculé.
Il choisissait ses moments pour intercepter une passe ou lancer une contre-attaque fulgurante.
La grande différence, c’est que Lemieux était tellement supérieur qu’il pouvait non seulement jouer ainsi, mais aussi être le meilleur compteur de la ligue année après année.
Laine et Kovalev, bien qu’extrêmement talentueux, n’ont jamais eu cette aura d’intouchabilité.
Et c’est là que le bât blesse : ce qui était perçu comme du génie chez Lemieux est trop souvent vu comme de la paresse chez des joueurs comme Laine.
C’est un avertissement que les partisans du Canadien doivent garder en tête.
Patrik Laine n’est pas un joueur parfait. Il aura des matchs où il semblera absent, où ses efforts ne seront pas immédiatement visibles.
Mais juger son jeu uniquement sur ces moments, sans comprendre son anticipation et sa lecture du jeu, serait une grave erreur.
Ce type de joueur ne se juge pas sur l’effort visible, mais sur l’impact subtil qu’il peut avoir sur un match.
Et cet impact, Laine l’a démontré à maintes reprises.
Alors, la prochaine fois que Laine aura deux matchs sans produire, souvenez-vous de ceci : vous êtes en train de regarder un joueur unique, un Kovalev 2.0, mais avec sa propre signature.
Si vous ne voyez que de la paresse, c’est probablement parce que son intelligence de jeu vous échappe.
Comme l’a dit St-Louis : “On ne peut pas le mettre dans une boîte. Il surprend tout le monde, et c’est ce qui le rend spécial.”
Montréal a la chance d’avoir un joueur qui peut électriser le Centre Bell à tout moment.
Il appartient maintenant aux partisans de l’apprécier pour ce qu’il est, et non pour ce qu’ils voudraient qu’il soit.
Parce que des joueurs comme Patrik Laine, il n’y en a pas beaucoup, et ils ne passent pas souvent par Montréal.
Amen