Bombe à Montréal : Ivan Demidov et Evgeny Kuznetsov réunis

Bombe à Montréal : Ivan Demidov et Evgeny Kuznetsov réunis

Par André Soueidan le 2025-07-07

Evgeny Kuznetsov à Montréal? Il fallait s’y attendre. Une rumeur aussi explosive, il fallait qu’elle pétasse sur les ondes un lundi matin, question de créer une petite panique dans les bureaux de Kent Hughes.

D’après Marco D’Amico (RG Média), le Canadien de Montréal ferait partie des dix équipes qui auraient manifesté un intérêt pour les services de Kuznetsov, ce joueur aussi talentueux que controversé.

Le lien avec Ivan Demidov saute aux yeux : les deux Russes ont joué ensemble l’année dernière avec le SKA de Saint-Pétersbourg, et paraît-il que la chimie était au rendez-vous.

Demidov s’est régalé. Kuznetsov, lui, a retrouvé son sourire… et son hockey.

Mais soyons honnêtes : c’est une bombe à retardement. Kuznetsov, c’est un ancien champion de la Coupe Stanley, oui.

Un centre talentueux, créatif, capable de magie offensive. Mais c’est aussi un gars dont le nom reste collé à un scandale de cocaïne en 2019, un gars qui s’est perdu pendant plusieurs années à Washington avant de finir sa dernière saison dans l’anonymat à Caroline.

Il faut remonter au scandale de la fameuse vidéo virale, où on le voit, le nez au-dessus d’une table d’hôtel.

Depuis ce jour-là, sa réputation ne s’en est jamais vraiment remise.

Oui, il s’est peut-être repenti. Oui, il semble avoir repris le droit chemin. Mais le doute persiste.

Quand tu veux bâtir une culture solide autour de tes jeunes espoirs, est-ce que tu invites un gars qui a été suspendu pour comportement non professionnel?

Ce n’est pas qu’une question de chiffres.

À Washington, les rumeurs de tensions avec l’état-major, de conflits avec des coéquipiers et d’un manque flagrant de rigueur se sont multipliées après 2019.

Plusieurs anciens joueurs ont glissé, hors micro, que le Russe avait perdu la confiance du vestiaire.

Et ce n’est pas un hasard si les Capitals ont finalement tiré la plug. Pour plusieurs, il avait brûlé tous ses ponts. Son retour dans la KHL n’était pas un choix. C’était un exil.

En 2023-2024, il a obtenu 24 petits points en 63 matchs entre Washington et la Caroline. Un naufrage. Mais à Saint-Pétersbourg, avec Demidov à ses côtés? 37 points en 39 matchs.

De quoi ranimer les souvenirs de sa glorieuse saison de 2017-2018, où il avait été le meilleur pointeur des séries pour les Capitals.

Il avait récolté 83 points en 79 matchs, suivi de 72 points l'année suivante.

Ensuite? Chute libre pendant trois ans. Une remontée temporaire en 2021-2022 avec 78 points.

Puis une nouvelle descente. Instable. À l’image de sa carrière.

Alors oui, il y a un lien logique. Et oui, le Canadien manque de profondeur au centre. Et oui, Demidov pourrait avoir envie de retrouver un visage familier à ses côtés pour sa première vraie saison LNH.

Mais il faut être fous pour croire que c’est une bonne idée.

Ce n'est pas parce que deux joueurs ont eu une belle chimie en KHL que cette magie va automatiquement se reproduire à Montréal.

Encore moins dans un marché qui dévore les caractères faibles au petit-déjeuner.

On parle d’un joueur de 33 ans, qui a connu plus de creux que de sommets dans les cinq dernières années.

Un joueur qui traîne un passé trouble, et qui, malgré son talent, risque de nuire à la culture que Martin St-Louis tente de bâtir depuis deux ans.

Est-ce que tu veux vraiment injecter ce type de leadership dans un vestiaire en pleine transition?

Imaginez la scène : le jeune Demidov, modèle d’efforts et d’intégration, qui fait tout pour devenir un vrai Montréalais, flanqué d’un Kuznetsov encore un peu rockstar sur les bords.

Est-ce vraiment le bon mentor pour ton joyau?

À Montréal, les tentations ne manquent pas.

Le nightlife, la célébrité instantanée, les médias omniprésents… Ce n’est pas le marché le plus propice à la rédemption tranquille.

Et on ne parle même pas de la pression constante de livrer la marchandise.

Si Kuznetsov retombe dans ses vieilles habitudes, même pour une seule soirée, l’écho médiatique sera impitoyable. Ici, la marge d’erreur n’existe pas. C’est marche ou crève.

Oui, la tentation est forte. Oui, un contrat à bas prix avec bonus de performance pourrait être attrayant pour le DG.

Mais est-ce que ce genre de pari vaut vraiment le risque?

Surtout quand tu essaies de créer un environnement sain autour de tes jeunes.

Demidov, depuis son arrivée, a multiplié les gestes intelligents : il est resté à Montréal l’été, apprend le français, veut s’imprégner de la culture locale.

Il ne cherche pas la gloire facile. Il veut réussir pour de vrai. Le risque, en lui collant Kuznetsov dans les pattes, c’est de lui envoyer un message confus.

Que le talent suffit. Que les erreurs sont tolérées si on a du flair. Ce serait saboter, sans le vouloir, le cheminement d’un jeune qui a tout compris du plan du Canadien.

Kuznetsov à Montréal? Ce serait un choc. Une surprise. Un coup de poker. Et peut-être même une catastrophe annoncée. On veut protéger Demidov, pas le contaminer.

Et si tu veux faire progresser ton jeune diamant russe, commence par l'entourer de modèles stables, engagés, sans bagage toxique.

Parce que le CH ne peut plus se permettre un autre faux pas dans le développement de ses espoirs. Pas après tout ce qu'on a vu dans les dernières années.

Il y a aussi le facteur du vestiaire. Depuis l'arrivée de Martin St-Louis, le Canadien mise sur l'humilité, la responsabilisation, l'engagement.

L'ajout d'un joueur avec un historique aussi chargé pourrait fragiliser cet équilibre.

Le passé de Kuznetsov ne s’efface pas d’un coup de baguette. Et son comportement devra être irréprochable s’il veut éviter de devenir une distraction médiatique permanente.

Il y a d’autres scénarios. Kent Hughes peut encore fouiller le marché des joueurs autonomes, viser un centre plus fiable, moins explosif.

Le plan de contingence existe. Miser sur Kuznetsov, c’est dire non à la stabilité.

C’est refuser l’option sécuritaire. Et dans une organisation qui sort à peine la tête de l’eau, c’est un luxe qu’on ne peut pas se permettre.

Et soyons clairs : les projecteurs de Montréal sont brutaux.

Si le rendement n’est pas au rendez-vous, les critiques vont tomber aussi vite que la neige en novembre.

Est-ce que Kuznetsov a la carapace pour endurer ça? Rien n’est moins sûr.

Reste à voir si Kent Hughes veut vraiment jouer avec le feu. Parce qu’avec Kuznetsov, on sait comment ça commence.

On ne sait jamais comment ça finit. Et à Montréal, les contes de fées finissent rarement bien quand ils commencent par un pari risqué.

Les partisans du Canadien en ont vu d’autres. Radulov, Semin, Galchenyuk…

Chaque fois qu’un joueur à haut risque débarque avec de grandes promesses, ça finit souvent dans les larmes.

Le Canadien n’a pas besoin d’un autre pari. Il a besoin d’une vision.

Et jusqu’à preuve du contraire, Evgeny Kuznetsov, c’est du passé recyclé dans un emballage douteux.

À Montréal, ce genre de cocktail finit rarement avec une ovation.

C’est souvent des huées.

Misère...