Chicane à Pittsburgh: rien ne va plus entre Sidney Crosby et son DG

Chicane à Pittsburgh: rien ne va plus entre Sidney Crosby et son DG

Par David Garel le 2025-07-25

Pour la première fois depuis des lunes, les Penguins de Pittsburgh peuvent regarder leur avenir avec espoir.

Fini l’époque où leur banque d’espoirs n’était qu’un désert déprimant.

Les jeunes talents s’accumulent à Pittsburgh comme jamais auparavant. Harrison Brunicke, Benjamin Kindel, Bill Zonnon, Will Horcoff, Emil Pieniniemi, Sergei Murashov, Joel Blomqvist, Owen Pickering, Finn Harding, Rutger McGroarty, Ville Koivunen : autant de noms qui, il n’y a pas si longtemps, auraient semblé complètement étrangers à l’idée même d’un futur viable chez les Penguins.

Aujourd’hui, ils incarnent la nouvelle fondation d’une équipe en reconstruction.

Et c’est justement là que réside tout le paradoxe : alors que le club tente de se rebâtir, sa plus grande légende devient, malgré lui, un obstacle à ce renouveau.

Sidney Crosby, à deux semaines de son 38e anniversaire, est encore excellent. Mais il est désormais seul. Et cette solitude devient de plus en plus pesante.

Depuis le départ de Jake Guentzel, et le lent effondrement du noyau avec un Evgeni Malkin en déclin, un Erik Karlsson qui n’a jamais retrouvé son lustre à Pittsburgh et un Kris Letang désormais dans l’ombre, Crosby est isolé.

Pire : il est un monument figé dans un chantier en pleine démolition. Kyle Dubas ne s’en cache plus : il veut reconstruire en profondeur, avec des jeunes, des espoirs et des choix de repêchage.

Et parmi tous ces espoirs, un nom fait frémir d’excitation les dirigeants des Penguins : Gavin McKenna. Le prodige canadien est vu comme le prochain grand talent générationnel.

Il jouera la saison prochaine à Penn State, juste à côté de Pittsburgh. un hasard géographique qui ne fait qu’alimenter les rumeurs.

Plusieurs sources affirment que Dubas et son équipe passeront beaucoup de temps à Happy Valley pour voir jouer le prodige. On parle même de "tanking" déguisé. Ce qui rend la situation encore plus inconfortable pour Crosby.

Car oui, il y a désormais de la tension. Les proches de Sidney Crosby confient qu’il est dans une mauvaise humeur constante.

Il est blessé. Amer. Il en a marre qu’on parle de lui comme d’un actif à liquider. Il en a marre d’être utilisé comme un pion dans une stratégie de reconstruction qui n’est jamais nommée ouvertement, mais qui se dessine chaque jour un peu plus.

Crosby avait fait confiance à Dubas. On lui avait promis une transition respectueuse, peut-être même une chance réelle de faire une dernière poussée en séries.

Mais aujourd’hui, il réalise qu’il s’est fait berner. Les promesses étaient fausses. La réalité est brutale : le club ne veut plus gagner à court terme. Il veut rebâtir. Et cela passe, tôt ou tard, par le départ de son capitaine.

Crosby n’a pas encore demandé de transaction. Il est loyal. Il espérait terminer sa carrière à Pittsburgh. Mais tout indique que Dubas attend simplement qu’il cède, qu’il demande lui-même à partir.

Ce serait plus simple. Plus propre. Plus acceptable aux yeux des partisans. Mais dans les coulisses, tout le monde sait que le plan est en marche.

Pendant ce temps, les jeunes brillent. Harrison Brunicke a été, selon plusieurs observateurs, le meilleur défenseur de l’organisation à l’entraînement, même à seulement 19 ans.

Choix de 2e ronde, 43e au total en 2024, on parle de lui comme un véritable vol.

Il a fait lever les sourcils de Mike Sullivan l’an dernier, et cette année encore, on dit de lui qu’il deviendra un pilier à Pittsburgh. Il est vu comme un futur capitaine.

Benjamin Kindel, le 11e choix au total en 2025, a été considéré comme un pari risqué 

Plusieurs experts, notamment des analystes sur TSN, Sportsnet et même The Athletic, s’attendaient à ce que Kindel soit repêché en fin de première ronde, voire au début de la deuxième.

Son gabarit modeste et son manque d’explosivité sur patins ont alimenté ces doutes. Et pour ne rien arranger, il n’a pas vraiment volé la vedette au camp des recrues : aucun but, peu de séquences mémorables, et surtout, une tendance à se faire effacer dans le trafic ou à perdre des batailles le long des rampes.

Mais ce qui est fascinant, c’est que les Penguins ne sont pas inquiets du tout. Au contraire, ils sont presque arrogants dans leur confiance envers Kindel.

Pourquoi?

Parce que Kyle Dubas et Wes Clark (vice-président du personnel des joueurs et grand patron du repêchage) croient fermement que son QI hockey est élite.

Selon eux, Kindel voit le jeu comme un vétéran de 30 ans. Il anticipe, il lit, il comprend où la rondelle va aller avant même que l’adversaire ne la contrôle. C’est invisible à l’œil nu dans un camp de recrues, mais ça devient un avantage incroyable à mesure que les systèmes deviennent plus complexes.

En privé, un membre de l’organisation l’a même comparé à un jeune Jake Guentzel, pas pour son style, mais pour son intelligence et sa capacité à « survivre » dans des zones dangereuses sans être le joueur le plus physique ou rapide. Et on sait très bien ce que Guentzel est devenu à Pittsburgh…

Même si Kindel n’a pas encore démontré sur la glace pourquoi il a été pris si haut, les Penguins croient qu’il deviendra un joueur d’impact dans deux ou trois ans. Et ils assument leur pari.

Bill Zonnon, le 22e choix, impressionne aussi. Mûr physiquement, simple, efficace. Son jeu direct plaît aux entraîneurs. Plusieurs croient qu’il jouera dans la LNH avant Kindel.

Will Horcoff, le troisième choix de première ronde, suscite des comparaisons flatteuses avec Jordan Staal. Grand, intelligent, bon dans les espaces restreints. Il ne fera pas le saut dès cette année, mais son avenir semble prometteur.

Emil Pieniniemi, choix de 3e ronde en 2023, sort d’une saison de 60 points en 60 matchs dans la OHL. On aime sa vision et sa relance, même si son jeu défensif doit encore s’affiner.

Devant le filet, Sergei Murashov et Joel Blomqvist sont perçus comme deux gardiens d’avenir solides. L’arrivée d’Artūrs Šilovs ne change rien à cette conviction. Murashov, en particulier, pourrait surprendre dès 2026-27.

Bref, la relève est bien réelle. Et c’est ce qui rend le cas Crosby si délicat. Il représente encore l’élite, mais n’a plus autour de lui les outils pour briller. Et à chaque jour qui passe, la tension monte entre lui et Dubas.

Crosby n’en peut plus. Il en a assez d’être traité comme un objet de spéculation. Il ne reconnaît plus l’organisation qu’il a aidé à ramener au sommet. Il est blessé par la trahison d’un DG qui lui avait promis autre chose. Il est à bout.

Et pendant ce temps, à Montréal, on regarde tout cela avec attention. Car si un divorce devient inévitable, Kent Hughes sera à l’affût.

Pour offrir à Crosby un dernier chapitre digne de sa grandeur. Et pour donner au Canadien le plus grand leader de sa génération.