Colère noire pour Kent Hughes: Bob Hartley pris la main dans le sac

Colère noire pour Kent Hughes: Bob Hartley pris la main dans le sac

Par David Garel le 2025-08-14

C’est une gifle en plein visage. Une insulte. Un scandale qui dépasse l’entendement.

Pendant que Kent Hughes, directeur général du Canadien de Montréal, l’un des cerveaux les plus brillants du hockey moderne, touche un maigre salaire de 1,7 million de dollars, Bob Hartley revient entraîner en Russie pour la modique somme de 2 millions de dollars US par année.

Le même Bob Hartley qui avait pris sa retraite, qui jurait avoir tourné la page. Mais à 2 millions de dollars US, ça vaut toujours la peine de recommencer le livre.

Et on ne parle pas ici de la LNH. On parle de la KHL. D’un retour au Lokomotiv, champion en titre certes, mais dans une ligue qu’Hartley avait quittée sans fracas, après avoir fait son temps.

Un retour motivé, dit-il, par l’amour du hockey et l’amitié. Mais soyons sérieux : à deux millions la saison, il ne revient pas pour faire du bénévolat. Il revient parce que la Russie lui a offert ce que le Canada ne veut même pas offrir à son meilleur gestionnaire.

Une aberration de plus dans le monde du hockey montréalais.

Comment en est-on arrivé là ? Comment se fait-il qu’au Québec, le plus gros marché francophone de la LNH, le DG du Canadien gagne moins que Bob Hartley en KHL ?

Comment expliquer que le cerveau derrière la reconstruction du CH, l’homme qui a redonné une identité à cette équipe perdue depuis une décennie, soit payé comme un exécutant de milieu de peloton ?

C’est tout simplement honteux.

Depuis son arrivée, Kent Hughes a transformé une organisation dysfonctionnelle en un chantier bien dirigé. Il a hérité du chaos laissé par Marc Bergevin.

Il a dû composer avec des contrats toxiques, des attentes irréalistes, une pression médiatique sans merci, et pourtant, il a réussi l’impossible : regagner la confiance des partisans et reconstruire avec intelligence.

Il a transformé Jeff Petry en Mike Matheson. Il a repêché Lane Hutson, arraché Dobson dans une transaction magistrale. Il a redonné un avenir à cette franchise et ce, pour 1,7 million de dollars par année. 

Un montant indécent, surtout quand on le compare à celui de Bob Hartley, qui va passer ses hivers à Yaroslavl pour 300 000 $ de plus… tout ça pour coacher une équipe déjà championne.

On ne remet pas en cause les qualités de Bob Hartley. C’est un coach respecté, charismatique, avec une feuille de route impressionnante. 

Il a tout gagné en Suisse, en KHL, et même dans la LNH, la ligue américaine et le junior.

Mais il avait pris sa retraite. Il avait tiré sa révérence. Il était devenu analyste, personnage de télé. Et soudainement, il réapparaît en Russie avec un contrat en or massif.

Qu’est-ce que ça dit du marché du hockey actuel ? Que le folklore, les légendes et les figures de proue des années 2000 valent plus que les bâtisseurs modernes ?

Que la nostalgie se paie plus cher que la compétence actuelle ? Que le "storytelling" d’un vieux routier francophone en terre russe vaut plus qu’un homme qui gère un budget de 95,5 millions de dollars à Montréal ?

C'est ridicule.

Et le pire ? Tout le monde trouve ça normal.

Aucun cri du cœur de la LNH. Aucun mot de Geoff Molson. Aucune levée de boucliers dans les médias. Tout le monde salue le retour de Bob Hartley, sans s’arrêter une seule seconde pour constater l’insulte que cela représente pour Kent Hughes.

On ne parle pas ici d’une guerre de prestige. On parle de respect. Et dans ce cas-ci, Hughes n’est pas respecté à la hauteur de son travail.

Il tient à bout de bras l’avenir de la franchise la plus mythique du hockey… et il est payé comme un adjoint à Columbus.

Et que dire du message que cela envoie à la population?

Que Montréal est une ville de hockey… mais pas une ville où on paie pour le talent? Que si tu veux un vrai salaire, il faut partir à Long Island comme Mathieu Darche ou à L.A. comme Ken Holland ?

La réalité, c’est que Kent Hughes est une aubaine. Et si l’organisation ne rectifie pas le tir, elle va le perdre. 

D’autres clubs lorgnent déjà vers lui. Des marchés américains, avec des moyens, prêts à le payer trois fois plus. Et si ça arrive, les partisans n’auront qu’à s’en prendre à Geoff Molson.

Il y a là un malaise. Une contradiction profonde entre la valorisation du patrimoine hockey francophone à l’étranger, et le mépris silencieux qu’on lui accorde ici même, dans son berceau.

Le plus choquant dans tout ça, c’est le silence. Hughes ne dira jamais un mot. Il ne se plaindra pas. Il continuera à faire des miracles avec un budget limité. Il continuera à construire, à planifier, à négocier.

Mais tout le monde dans les coulisses sait qu’il est furieux. Qu’il l’a très mal pris. Qu’il en a ras-le-bol d’être traité comme un employé remplaçable pendant que des figures publiques comme Hartley empilent les contrats juteux à l’international. La vérité, c’est que Kent Hughes mérite le double. Immédiatement.

Le retour de Bob Hartley, avec un chèque aussi indécent, crée un précédent détestable. Il envoie un message :

« Tu veux faire de l’argent au hockey ? Va entraîner en Russie. Ou deviens analyste et attends qu’on t’offre un contrat de rêve. »

Pendant ce temps, ceux qui bâtissent vraiment, au jour le jour, doivent se contenter de miettes.

Et quand le DG du Canadien gagne moins que l’entraîneur du Lokomotiv, ce n’est pas seulement injuste.

C’est une honte.

L’histoire ne parle pas seulement de Bob Hartley. Elle parle de ce que le hockey valorise et de ce qu’il méprise. Elle parle d’un sport coincé entre le culte des figures du passé et le refus de récompenser ceux qui bâtissent l’avenir.

Et elle met cruellement en lumière le manque de respect structurel envers Kent Hughes, un homme qui a tout donné au Canadien.

À l’heure où Hartley encaisse ses millions en roubles, Hughes, lui, avale sa fierté… pendant qu’on le paie moins que la moitié de ses rivaux.

Il est temps de sonner l’alarme.

Il est temps de sortir le chéquier.

Il est temps de respecter Kent Hughes.