Congédiement de Patrick Lagacé: Cogeco donne sa décision

Congédiement de Patrick Lagacé: Cogeco donne sa décision

Par David Garel le 2025-06-04

Cauchemar médiatique à Cogeco. Séisme à la radio parlée. Un cataclysme public comme on en a rarement vu au Québec : le 98,5 FM, jadis indétrônable, vient d'être éjecté de son trône. Le roi est nu. Et à la tête de ce naufrage, un capitaine sans boussole : Patrick Lagacé.

Car il faut le dire sans équivoque : le 98,5 FM est officiellement dépassé par ICI Première. Les chiffres de Numeris ne mentent pas. Alors que Paul Arcand attirait 89 300 auditeurs en matinale, Lagacé s'écrase à 58 100.

Pendant ce temps, Patrick Masbourian et son émission Tout un matin triomphe avec 63 700 auditeurs. À l'échelle de la station, ICI Première obtient 19,3 % des parts de marché, contre 19,1 % pour le 98,5 FM.

Un véritable effondrement.

Et pourtant, chez Cogeco, on refuse de congédier Patrick Lagacé. On s'entête. On recule. On prétend que tout va bien. C'est là la plus grave erreur. Car la station est maintenant la risée de l'industrie. Les auditeurs, les annonceurs, les journalistes : tout le monde voit que la maison brûle.

Pendant ce temps, Cogeco se trouve des excuses pathétiques.

Au lieu d’assumer l’ampleur de la débâcle, les dirigeants de Cogeco Média ont choisi la voie de la déresponsabilisation molle. Voici les propos exacts de Pierre Martineau, vice-président des stations parlées chez Cogeco Média, livrés sans détour... et dans la honte :

« Les données nous montrent que depuis le changement de grille que l’on a fait après le départ de Paul Arcand, on aurait perdu des auditeurs de 55 ans et plus. Dans un média d’habitude comme la radio, c’est normal que des auditeurs se soient sentis dérangés. »

Et comme si ce n’était pas assez, Martineau ose ajouter :

« Avec la base que l’on a en ce moment, on va être capables de reprendre notre première position. C’est sûr et certain. »

« On ne prend pas ces résultats-là le nez en l’air non plus. Avec les différentes équipes, on va regarder là où on peut s’améliorer. On va peut-être changer des petites choses, mais il n’y aura pas de grands bouleversements. Je suis très satisfait de chacune de nos équipes. »

Aucune remise en question. Aucune reconnaissance du naufrage. Aucune sanction pour les artisans de cette chute libre.

Cogeco préfère parler de "petits ajustements" à venir à l’automne, comme si le problème n’était qu’un détail de mobilier à réarranger sur le Titanic radiophonique du 98,5 FM.

Dans un geste qui frôle l’arrogance, Cogeco Média a confirmé que toutes les émissions actuelles du 98,5 FM reviendront à l’automne, incluant celle de Patrick Lagacé, en chute libre dans les sondages.

« Toutes les têtes d’affiche de la station ont vu leur émission renouvelée. »

Pas de congédiement. Pas de révision sérieuse. Pas même un mea culpa. Juste une reconduction automatique, comme si les chiffres n’étaient qu’un petit hoquet passager.

C’est un désaveu complet envers le public, une insulte à l’intelligence des auditeurs qui ont massivement déserté l’antenne depuis un an.

Au lieu de corriger le tir, on protège les chouchous du "Country Club", on récompense l’échec, et on mise sur l’immobilisme. À ce rythme-là, Cogeco ne coulera pas seulement dans les sondages. Le réseau s’effacera de la mémoire collective.

La chute de Lagacé n'est pas seulement une question de style. C'est le résultat direct d'une vendetta mal négociée. Quand Pierre-Yves McSween a été congédié, le public a réagi avec rage. Il était l'étoile montante, le chroniqueur écouteé et respecté. Et surtout : il était l'homme qui avait osé défier Patrick Lagacé.

Aujourd'hui, c'est lui, McSween, qui vaut de l'or à Radio-Canada. C'est lui qui a apporté sa crédibilité, son ton rigoureux, sa rigueur décontractée à l'équipe de Patrick Masbourian. C'est lui qui a contribué à placer Masbourian au sommet.

Quel pied de nez monumental à Lagacé. Quelle gifle retentissante à Cogeco.

Le plus ironique? C'est Lagacé lui-même qui avait recommandé Philippe Cantin pour la case du retour à la maison. Résultat? Un échec total. Les codes d'écoute du retour s'effondrent. À l'interne, on dit que Lagacé parle dans le dos de Cantin, qu'il le juge responsable de la débâcle.

Les tensions se multiplient. Et elles ne sont plus uniquement dirigées vers l’extérieur. Selon nos informations, Patrick Lagacé aurait critiqué Philippe Cantin à plusieurs reprises en coulisse, lui reprochant carrément de faire fuir l’auditoire du 98,5 FM dès le retour à la maison.

« Le monde se syntonise ailleurs à cause de lui », aurait-il lancé dans une discussion informelle.
Des collègues présents lors de ces échanges parlent d’un ton passif-agressif, d’un Lagacé qui refuse d’assumer sa propre chute et qui cherche à détourner l’attention vers d’autres.

La situation est telle que même les cadres ne savent plus comment réconcilier les égos.

Le 98,5 est devenu un véritable champ de mines.

D'un côté : le country club dirigé par Éric Trottier, où se retrouvent les anciens de La Presse et leurs amis bien connectés. De l'autre : des talents sacrifiés comme McSween et MC Gilles, écarté, réduit au silence.

Le public ne pardonne pas ce genre d'injustices.

Pendant ce temps, Radio-Canada s'illumine. Masbourian incarne la rigueur, l'humour, la profondeur. Il est entoué d'une équipe soudée, créative, jeune. Le contraire de l'équipe de Lagacé, qui peine à créer une chimie avec le public. Le contraste est cruel.

Tout un matin est devenu une institution. Et le 98,5 FM? Une station vieillissante, crispée, incapable de se réinventer.

On prétend que le retour de Denis Lévesque à l'été va relancer l'intérêt. Quelle blague. Même ses passages à TVA ne sauvaient plus les cotes. C'est de désespoir qu'on réagit ainsi. Pas de stratégie. Pas de vision.

Ce n'est pas une chronique. Ce n'est pas une opinion. C'est le verdict.

Patrick Lagacé n'est pas la cause unique de la chute du 98,5 FM. Mais il en est le symptôme le plus flagrant. Arrogance. Vanité. Manipulation. Congédiement de voix dissidentes. Écrasement de tout ce qui brille.

Selon plusieurs sources à l’interne, le climat autour du journaliste est devenu tout simplement invivable. D’abord, il y a le ressentiment de certains employés qui n’ont jamais accepté la manière cavalière dont Lagacé a été parachuté à la barre de la matinale, en héritier direct du trône laissé par Arcand, sans jamais avoir mérité ou préparé ce rôle.

Des membres de l’équipe de recherche affirment, sous couvert d’anonymat, que Lagacé crée un environnement où tout tourne autour de lui, où les idées qui ne viennent pas de lui sont écartées, et où la critique constructive est perçue comme une attaque personnelle.

« Il a imposé son ton, son rythme, ses sujets, sans écouter personne. Et maintenant que ça ne fonctionne pas, il regarde tout le monde comme si c’était de notre faute », confie une source interne.

Cogeco a raté son rendez-vous avec l'histoire. En maintenant Lagacé en poste, elle confirme sa surdité face à l'électrochoc du public.

Et pendant ce temps, Radio-Canada continue de monter. McSween, Masbourian. À eux deux, ils ont détruit le plus grand empire de la radio québécoise.

Selon ce qui circule dans les sphères internes de Cogeco, plusieurs collaborateurs de longue date réfléchiraient sérieusement à quitter ou à demander à être réaffectés. L’instabilité du navire Lagacé, combinée à l’absence de vision stratégique, a semé la panique dans l’ensemble des équipes de programmation.

Il y a un sentiment d’abandon total. On a vu ce que McSween a bâti avec Masbourian à Radio-Canada, on a vu que ça prend une vraie équipe soudée pour performer. Ici, on a juste des petits royaumes personnels qui s'effondrent. 

Cogeco aurait pu choisir le changement. Elle a choisi la peur.

Elle paiera le prix. Et le public ne l'oubliera pas.