Contrat de Nick Suzuki: les excuses partent en fumée

Contrat de Nick Suzuki: les excuses partent en fumée

Par Marc-André Dubois le 2025-07-30

L’erreur est humaine... quand on accepte de s'excuser...

Le journaliste de The Athletic, Dom Luszczyszyn, est un fan de stats avancées et un adorateur d’algorithmes déconnectés de la glace.

Non content d’avoir traîné dans la boue le contrat de Nick Suzuki il y a quelques années, il refuse aujourd’hui, en 2025, de faire ce que tout journaliste respectable ferait : reconnaître qu’il s’est planté.

Mais attention, ce n’est pas juste qu’il ne place pas Suzuki dans son top 10 des meilleurs contrats de la LNH. Ça, passe encore. Ce n’est même pas qu’il ne le met pas dans le top 15. Non.

Ce génie de l’évaluation contractuelle n’offre même pas une mention honorable au capitaine du Canadien, qui touche à peine 7,875 millions $ par année pour livrer un rendement de premier centre, leader, joueur défensif élite et moteur offensif à 5 contre 5.

Aucune mention. Rien. Suzuki n’existe tout simplement pas dans l’univers de ce journaliste honteux.

Dom Luszczyszyn, c’est ce gars qui, en 2022, publiait fièrement un top 10 des pires contrats de la LNH… et qui classait Nick Suzuki au neuvième rang.

Oui, ce Suzuki-là. Celui qui venait de signer un contrat de huit ans à 7,875 millions $ par saison, qui avait à peine 22 ans et qui venait de conclure une saison de 61 points avec la pire équipe de la LNH.

Celui qu’on signait pour son futur, pas pour son passé. Un contrat de projection, de confiance, de leadership. Un contrat qui vieillit aujourd’hui comme un grand vin. Et que Dom avait qualifié de bombe à retardement.

Eh bien, trois saisons plus tard, la bombe n’a jamais explosé.

C’est plutôt le journaliste qui explose de ridicule.

Nick Suzuki, c’est le capitaine du CH, le cœur de cette formation, un joueur qui dispute les minutes difficiles soir après soir, qui est en constante progression, qui s’est payé une saison de 77 points en 2024-25 dans un club encore en construction, sans superstar à l’aile.

Et qui, surtout, est payé moins que Dylan Larkin, Bo Horvat ou Sean Couturier, tous des joueurs qui, dans n’importe quel modèle un tant soit peu crédible, sont moins performants que lui aujourd’hui.

Et pourtant, dans le palmarès de Luszczyszyn, on retrouve des noms légitimes: Jack Hughes, Brandon Hagel, Seth Jarvis, Tim Stützle, Matt Boldy.

D’accord. Rien à dire. Ce sont de très bons contrats. Mais on trouve aussi Leon Draisaitl à 14 millions et Nathan MacKinnon à 12,6 millions.

Attends. On parle ici de deux des joueurs les mieux payés de toute la LNH. Et leur présence dans un top des meilleurs contrats est justifiée… pourquoi? Parce qu’ils sont si bons que leur valeur réelle dépasserait encore ces montants astronomiques, selon les projections de croissance du plafond salarial.

Ah bon.

Donc dans ce cas, pourquoi Suzuki, lui, ne peut pas bénéficier d’une projection similaire? Pourquoi son contrat, à peine supérieur à celui de Tim Stützle, ne figure nulle part? Parce que le modèle de Dom ne le voit pas encore assez dominant dans son « impact net projeté »? Ridicule.

Il y a des limites à se cacher derrière un modèle pour camoufler ses erreurs.

Et c’est là que ça devient ridicule. Ce n’est pas l’exercice en soi qui dérange. Classer les meilleurs contrats, établir des projections, c’est un travail valable.

Mais quand ce travail devient une vendetta silencieuse, une obstination aveugle, un refus de corriger ses erreurs passées, il cesse d’être sérieux.

Car il faut bien le rappeler : Dom s’est trompé. Et lourdement. Son modèle avait déclaré que le contrat de Suzuki était l’un des pires de la LNH. Que c’était un pari dangereux.

Et aujourd’hui, alors que Suzuki livre la marchandise, que son impact dépasse son cap hit, que les comparaisons avec les meilleurs centres à contrat long terme deviennent légitimes, Dom n’a toujours pas trouvé le courage ou l’honnêteté intellectuelle d’offrir un minimum de reconnaissance.

Même pas une mention honorable. Même pas un clin d’œil. Rien.

C’est petit. C’est lâche. Et c’est surtout gênant pour The Athletic.

Car c’est aussi ça, le vrai problème : la crédibilité d’un média qui prétend être une référence. The Athletic, c’est ce site qui se vante de faire du journalisme de qualité, d’approfondir l’analyse, de livrer autre chose que des banalités.

Et pourtant, quand vient le temps de faire des excuses, de revoir un jugement erroné, on ferme les yeux. On enterre le passé. On fait comme si l’erreur n’avait jamais existé.

En 2022, le classement de Luszczyszyn avait enflammé le Québec. Avec raison. Il avait placé Suzuki dans la même catégorie que Jeff Skinner, Sergei Bobrovsky et Erik Karlsson à leur pire.

Un affront. Et maintenant que le même Suzuki est devenu le moteur du Canadien, un joueur respecté dans toute la ligue, le silence de Luszczyszyn est assourdissant.

Pas de mea culpa. Pas de mise à jour. Pas même une phrases pour reconnaître l’ironie de son erreur. Rien.

Et le plus absurde dans tout ça? C’est que son modèle aurait pu facilement intégrer Suzuki. Les chiffres sont là. Le salaire est stable. L’impact est réel. Les minutes jouées, les situations défensives, les points produits à 5 contre 5, tout plaide en faveur d’un surplus de valeur par rapport au salaire.

Mais non. On préfère mettre Dylan Guenther, un joueur avec une saison complète derrière la cravate. Lucas Raymond, qui vient à peine de se stabiliser. Matt Boldy, qui projette peut-être à 85 points. Seth Jarvis, qu’on compare à Stone sans jamais lui imposer les mêmes responsabilités.

Et Suzuki, lui, qui joue tous les soirs contre les meilleurs trios adverses, qui fait gagner son équipe, qui tient debout dans les tempêtes médiatiques… on l’ignore. Parce que ça ferait mal à l’égo de  de dire :

« Vous aviez raison au Québec. »

Mais c’est justement ça le courage journalistique : savoir dire qu’on s’est trompé.

Aujourd’hui, Nick Suzuki est l’un des meilleurs rapports qualité-prix au centre de toute la LNH. Moins de 8 millions pour un joueur complet, stable, qui entre dans son prime, qui n’a jamais déçu, qui fait avancer une reconstruction. Ce contrat-là, dans trois ans, va ressembler à un vol. En fait, c’est déjà le cas.

Et Dom? Il s’entête. Il s’enfonce. Il refuse de réviser. Il préfère noyer Suzuki dans l’oubli numérique de son palmarès.

C’est triste, oui. Mais surtout, c’est risible.

Il ne reste qu’à lui souhaiter bon courage pour l’an prochain. Parce qu’à ce rythme, si Suzuki continue à progresser comme il le fait, ce ne sera plus une question de top 10 des meilleurs contrats. Ce sera une question de top 10 des meilleurs joueurs.

Et là, Dom ne pourra plus l’ignorer. Il devra sortir de sa cachette de stats avancées, affronter la réalité… et peut-être même s’excuser.

Mais on ne retiendra pas notre souffle.