Joshua Roy est en train d'apprendre, lentement mais brutalement, ce que signifie survivre dans les entrailles de la Ligue américaine.
Longtemps perçu comme un pur marqueur, un sniper à la mémoire courte et à la déclenche rapide, il est aujourd’hui confronté à une réalité que plusieurs redoutent : la Ligue nationale n'a pas de place pour les spécialistes unidimensionnels qui ne dominent pas.
En séries éliminatoires avec le Rocket de Laval, Roy ne fait pas flèche de tout bois.
Deux passes en cinq matchs, mais surtout, une implication physique que personne ne lui connaissait. Il se jette dans les coins, gagne des batailles à un contre un, fait les petits jeux que l’on exige des « bottom-six ».
Là où c'est ironique, c'est que cette transformation, elle n’est pas naturelle.
Roy a passé sa carrière junior à faire trembler les gardiens. Aujourd’hui, il se découvre une autre identité.
Pascal Vincent l’a dit : « Pour jouer dans la LNH, il faut être complet. »
Mais ce cheminement là vient avec son lot de doutes. Parce que Joshua Roy n’est pas un plombier de nature. Il n’est pas un gars qu’on met sur la patinoire pour défendre une avance ou tuer une punition. Il apprend.
C’est peut-être à travers cette souffrance d’adaptation qu’il trouvera sa véritable identité.
Mais soyons honnêtes : il semble coincé. Pas assez dominant pour forcer le CH à lui ouvrir une place dans le top-6, et pas encore assez épanoui dans son jeu physique pour sécuriser un poste dans le bottom-6.
Alors que d'autres espoirs du CH s’imposent avec leur identité bien définie, Roy est en construction.
Ce qu’il fait en ce moment est louable, mais il n’y a rien de naturel dans tout ça. Il semble jouer à contre-courant, se battre contre son propre instinct pour se conformer aux attentes d’un club qui n’a tout simplement pas de place pour les demi-mesures.
Dans le meilleur des deux mondes, Roy deviendra ce joueur hybride : capable de marquer, de jouer intelligemment en zone défensive, d’apporter de la profondeur sans être un poids mort en relance.
Mais pour l’instant, il navigue en eaux troubles. Il flotte entre deux rôles, deux styles, deux mondes.
Et dans une Ligue aussi impitoyable que la LNH, l’indécision est souvent le premier clou dans le cercueil d’une carrière prometteuse.
Il n’a qu’à regarder autour de lui pour comprendre ce que ça prend.
Des gars comme Emil Heineman ont traversé les mêmes eaux troubles. On ne savait pas trop ce qu’il allait devenir non plus : un marqueur? Un électrochoc? Un oubli?
Mais il s’est accroché à son rôle de profondeur. Il a compris que ce n’est pas dans la feuille de pointage que tu gagnes ta place, mais dans les replis défensifs, dans l’énergie sur chaque présence, dans ta capacité à ne jamais coûter une erreur à ton club.
Et Jake Evans? Ce n’est pas pour ses feintes qu’il a percé, c’est pour sa constance chirurgicale dans le bas de l’alignement.
Des gars comme Roy n’ont pas à réinventer le hockey. Ils doivent survivre. Trouver leur ADN. Tracer une ligne droite dans leur jeu. Parce que dans cette ligue, si tu n’as pas d’identité, tu n’as pas de chaise.
La Ligue nationale, ce n’est pas un rêve : c’est un test de survie.
Et Joshua Roy, en ce moment, est à la croisée des chemins.
Trop frêle pour imposer sa loi dans le top 6, trop raffiné pour se noyer dans le trafic du bottom.
Mais si la lumière est encore allumée dans son tunnel, c’est parce qu’il a un outil que bien d’autres n’ont pas : une vision. Maintenant, il faut qu’il l’arme de rigueur.
Qu’il en fasse un réflexe.
Parce que le jour où il saura combiner son flair naturel à la dureté du métier, il ne sera plus un espoir. Il sera un joueur de la Ligue nationale.
Et non, pas un passager. Un gars qu’on envoie sur la glace avec confiance. Et ça, dans cette ligue-là, c’est ce qui fait toute la différence.
AMEN