Dans les coulisses du Centre Bell, une scène se répète inlassablement : les journalistes se couchent devant Martin St-Louis, accrochés à ses paroles comme si elles émanaient d'un Dieu tout-puissant.

Dans cette danse malsaine entre l'idolâtrie et la réalité sportive, tout semble passer, tout est pardonné : les défaites humiliantes, le système défensif défaillant "homme à homme", même la descente vertigineuse du CH dans les profondeurs du classement.

Tel un dieu venu du panthéon du hockey, St-Louis règne en maître sur les médias, qui se prosternent devant lui avec une dévotion presque malaisante. Les caméras captent chaque geste, chaque mot, tandis que les micros tendus captent ses paroles comme des secrets divins.

Ajoutons à cela Kent Hughes et Jeff Gorton qui voient St-Louis comme un Dieu qui mérite tout l'argent du monde. Les deux dirigeants ont annoncé avoir exercé l'option de deux ans supplémentaires attachée à son contrat. Cela veut dire que St-Louis est sous contrat jusqu'à l'été 2027. Il empochera son 3 millions de dollars sur sa dernière année de l'entente initiale et à partir de 2025, il empochera 5 millions de dollars par année jusqu'en 2027.

Pourtant, au cœur de cette vénération, une voix discordante se fait entendre. Au premier jour de la saison, la direction du Canadien avait pourtant juré de ne faire aucune promesse, de ne pas prononcer le mot en "P", ce mot tabou qui désigne les séries éliminatoires. Mais la tentation était trop forte, et bientôt, le terme interdit est sur toutes les lèvres aujourd'hui.

Pourtant, St-Louis, tel un gardien des traditions, refusait de s'engager sur cette voie pavée de promesses. Alors que les joueurs évoquaient avec ferveur leurs espoirs de playoffs pour le printemps 2025, l'entraîneur en chef demeure discret comme un avocat, évoquant plutôt la progression, l'engagement et la lutte contre les "grosses équipes".

« Chaque année, quand tu commences, ton but c’est toujours d’essayer de faire les séries. Qu’à cela ne tienne, « il faut que les attentes soient réalistes » et que ses joueurs « continuent de progresser comme ils ont progressé cette année ».

« C’est sûr qu’on ne veut pas jouer un dernier match qui ne veut rien dire »

Mais derrière cette façade de positivité, un message subtil émergeait : St-Louis, avec sa patience agressive et son intelligence émotionnelle, préparait ses troupes pour un autre stade, un niveau supérieur de compétition. Il se refusait aux promesses vides, mais affirmait avec conviction son attachement à son équipe, jurant de ne jamais l'abandonner.

« Tout a une date d’expiration, la patience aussi. Je n’arriverai pas en septembre en disant : cette année, je vais être tough. Je pense que je suis un entraîneur mesuré, qui est juste. Parfois, ça prend de la patience. Parfois, moins. »

Alors que les médias se pâment devant lui, St-Louis reste un modèle de lucidité dans l'océan intense du hockey professionnel à Montréal. Dans ses paroles mesurées, se dessine une vérité simple : le chemin vers la gloire est semé d'embûches, mais avec un peu de patience, d'agressivité et beaucoup de travail, tout est possible.

« Tout dépendamment de ce dont on va avoir l’air en septembre, je suis sûr qu’il va y avoir des attentes qui vont arriver. Je ne veux pas dire qu’il n’y aura plus de patience. Il faut être réaliste, honnête, et peut-être un peu plus agressif. »

Dans cette ville où le hockey est religion, Martin St-Louis demeure une figure centrale, mais il sait mieux que quiconque que même les dieux du sport doivent se battre pour leur place au paradis. Et tant qu'il dirigera le Canadien, il promet de rester fidèle à sa passion, à son équipe, et à la vérité du jeu.

« Si je suis positif, c’est parce que je crois qu’on fait de très bonnes choses, mais ça ne garantit pas la victoire. L’an prochain, si on ne fait rien de bon, je ne serai pas positif. Si on ne fait rien de bon et qu’on perd, je ne serai pas patient. »

« Est-ce que j’aime gagner ? Absolument. Je sens qu’au cours des dernières années, ç’a été correct qu’on perde parce qu’on n’a pas été dominés. C’est dur de ne pas être positif. Mais l’an prochain, si on est dominés, je ne serai pas positif. »

Pendant ce temps, les médias continueront d'être à ses pieds. Aussi malaisant que cela puisse transparaître dans la salle de presse parfois.

On rêve du jour où les journalisyes oseront le "challenger". On va attendre encore longtemps.

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