Entrevue controversée de Jakub Dobeš: sa famille impliquée

Entrevue controversée de Jakub Dobeš: sa famille impliquée

Par David Garel le 2025-12-15

Rien n’explique vraiment l’attitude de Jakub Dobeš dimanche soir, sinon le fait qu’un gardien qui se sait menacé finit toujours par laisser échapper quelque chose.

L’entrevue qu’il a accordée après sa performance spectaculaire contre Edmonton n’avait rien de banal. Elle n’avait rien de contrôlé, rien de neutre, rien du discours habituel d’un gardien jeune qui tente encore de prouver sa place.

Elle contenait du défi, de la colère, du mépris à peine voilé pour les médias, et surtout, une contradiction gigantesque qui soulève une question que personne n’avait osé poser : était-il vraiment sur le voyage à Pittsburgh et à New York ?

Dobeš commence d’abord par raconter que regarder les deux derniers matchs « d’en haut » lui a fait du bien.

Phrase calme, posée, presque humble :

« On joue tellement… entraînement, match, entraînement, match. On n’est pas des ordinateurs qui peuvent être à leur meilleur 365 jours par année. C’était bien d’avoir quelques jours de repos et penser à ce que je pouvais faire de mieux. Je me sens mieux, plus frais. »

Dans le contexte, personne n’y voit d’anomalie : Dobeš était officiellement “extra”, Montembeault était l’adjoint, Fowler jouait. Une pause mentale. Rien de suspect.

Mais Dobeš continue, et là, tout dérape :

« Ma famille était en ville. Ça m’a fait du bien de passer du temps avec eux. »

Stop.

Sa famille tchèque était à Montréal.

Or, le CH était à Pittsburgh… puis à New York.

Pour passer « du temps avec eux », il fallait que Dobeš… soit à Montréal. L'art de se contredire.

Un gardien ne peut pas, la même journée. Regarder le match « d’en haut » à Pittsburgh ou Manhattan. Puis « passer du temps en famille » à Montréal.

Un avion privé ?

Un aller-retour secret ?

Un congé dissimulé ?

Ou tout simplement… Dobeš n’a jamais mis les pieds sur ce voyage.

La logique pointe toutes dans la même direction :

Le Canadien l’a laissé à Montréal, au calme, loin du chaos mental du ménage à trois, loin des projecteurs, avec un message clair comme de l'eau de roche:

Repose-toi, tu n’es pas dans nos plans immédiats.

Et ça, pour un jeune gardien qui joue sa survie dans l’organisation, c’est un signal d’alarme immense.

L'autre option est qu'il est revenu à Montréal après le match des Rangers pour rejoindre sa famille à Montréal lors du week-end. 

Comme Fowler a gagné contre les Penguins, on savait qu'il jouerait à New York samedi.

Peu importe, Dobes a aimé "chiller" avec sa famille et il faut avouer qu'il était frais et dispos contre les Oilers.

Puis Dobeš change de ton, un ton sec, presque agressif, qui surprend tous les journalistes présents.

La question est simple : Est-ce que l’arrivée de Fowler ajoutait de la pression ?

Sa réponse est un coup de poing :

« C’est vous qui mettez de la pression sur les gens. Je ne m’impose aucune pression. Je fais mon travail et je n’écoute rien. Tant que je ne vous écoute pas, je serai correct. »

C’est rare, extrêmement rare, qu’un joueur s’adresse de cette façon à la presse montréalaise, surtout un gardien dont la marge de manœuvre est aussi mince.

Ce n’était pas de la franchise. C’était une frustration accumulée. Ce regard vers la galerie des journalistes disait tout :

Dobeš conserve une rancœur profonde envers ceux qui ont écrit qu’il ne faisait plus partie du futur du CH.

Troisième aveu : l’arrogance assumée.

Lorsqu’un journaliste lui demande s’il ressentait un poids après le rappel de Fowler, il relance, plus tranchant que jamais :

« C’est juste vous autres qui mettez de la pression. Moi, je fais mon job. »

Cette froideur, cette détachement volontaire, frôle l’arrogance. Mais c’est une arrogance qui trahit quelque chose derrière : une certitude, ou une intuition, que son avenir n’est plus ici.

La performance contre Edmonton était brillante.

27 arrêts contre McDavid.

Un 5-contre-3 tué presque à lui tout seul.

Une présence massive, dominante, qui rappelait pourquoi l’organisation l’aimait tant il y a un an.

Mais le timing est cruel. Parce qu’à Montréal, ce genre de performance ne consolide pas un emploi.

Ça gonfle la valeur d’échange.

Jean-Charles Lajoie n’a pas hésité une seconde, en ondes, à affirmer ce que plusieurs dirigeants rivalisent déjà en coulisses :

Le gardien qui va quitter Montréal, ce n’est pas Montembeault... c’est Dobeš.

Pourquoi ?

Parce que Montembeault ne vaut rien sur le marché. Parce qu’un gardien à .857 n’intéresse personne. Parce qu’on ne transige pas un contrat qu’aucune équipe ne veut absorber. Parce que son effondrement mental est public.

Dobeš, lui : est jeune, a un gabarit recherché, a encore une aura de potentiel, vient de battre McDavid, peut aller à Laval sans ballottage

C’est l’ingrédient parfait pour une transaction.

Et son attitude ?

Ses contradictions ?

Sa froideur envers les médias ?

Tout ça ressemble au comportement d’un joueur… qui sait que son avenir ne s’écrit plus ici.

La soirée d’hier n’a pas seulement montré un gardien en feu. Elle a exposé un mystère. Une famille tchèque miraculeusement présente au moment où il était “en voyage”.

Une performance qui tombe exactement au moment où sa valeur doit remonter.

Et surtout :

Un jeune homme qui a regardé les journalistes avec un regard qui disait tout.

« Je ne fais plus partie de votre histoire. »

La fin approche.

Et pour la première fois, Dobeš a laissé entrevoir… qu’il le sait lui-même.