Gildor Roy brisé de l'intérieur: sa vie professionnelle s'effondre

Gildor Roy brisé de l'intérieur: sa vie professionnelle s'effondre

Par David Garel le 2025-03-15

Gildor Roy est un homme de passion, autant pour son métier d'acteur que pour le sport. Il vibre pour le hockey, il a toujours été un fervent partisan des Bruins de Boston, et cette année 2025 s'annonce douloureuse sur plusieurs fronts pour lui.

La reconstruction de son équipe bien-aimée, marquée par le départ de Brad Marchand contre des « peanuts » et le transaction de Brandon Carlo aux Leafs, lui brise le cœur. Mais ce n’est rien comparé à la tristesse qu’il ressent face à l’état actuel de sa profession.

De passage à l’émission Dans les médias, l’acteur avait le coeur brisé lorsqu’il a abordé la détérioration des conditions de travail dans l’industrie québécoise du cinéma et de la télévision.

« C’est exigeant, pis c’est difficile. Dans un pays qui traiterait ses artistes normalement, c’est des conditions qui existeraient pas, j’imagine », a-t-il lancé avec une franchise désarmante.

Gildor Roy, qui a incarné pendant six ans le commandant Daniel Chiasson dans District 31, sait de quoi il parle. Il a vu de ses propres yeux le rythme effréné des tournages, particulièrement sur les quotidiennes, où tout doit être bouclé à une vitesse hallucinante.

Il se souvient d’une époque où un film comme Requiem pour un beau sans-cœur nécessitait 28 jours de tournage. Aujourd’hui, un projet du même calibre se tournerait en moitié moins de temps.

« Nos salaires ont pas vraiment baissé, mais on est payés par jour. Fait qu'on gagne à peu près la moitié moins que ce qu'on gagnait il y a 35 ans », a-t-il ajouté, dénonçant une industrie où les exigences montent pendant que la reconnaissance, elle, s’effrite.

Ce cri du cœur de Gildor Roy rappelle étrangement celui de Réjean Tremblay sur les conditions de travail des journalistes sportifs.

Ces derniers, en particulier ceux qui couvrent le Canadien de Montréal sur la route, sont confrontés à une réalité tout aussi sans pitié. Tremblay l’a souvent répété : le métier de journaliste sportif a perdu son essence et son identité.

Les journalistes affectés au beat du Canadien doivent enchaîner les vols commerciaux, arriver à l’aube aux entraînements après avoir dormi dans des hôtels miteux, et se contenter d’extraits d’entrevues déjà disponibles en ligne.

Réjean Tremblay ne cesse de le marteler : le métier de journaliste sportif, particulièrement pour ceux qui suivent le Canadien de Montréal sur la route, est devenu une véritable épreuve d’endurance.

« Si le morning skate est à 11 heures à Washington, le journaliste prend l’avion à 6 h 15 pour y être à temps. Il saute dans un taxi, arrive directement à la patinoire, avant même d’aller à l’hôtel.

Il regarde la séance d’entraînement, assiste aux points de presse, puis retourne à son hôtel, mais ne mange pas avec l’équipe, ne voyage pas avec elle. Il est coupé de tout. »

Dormir dans des hôtels de bas-étage, enchaîner les vols commerciaux aux aurores, courir d’un aéroport à l’autre pour capter quelques phrases génériques qui se retrouveront sur YouTube en quelques heures… Voilà la triste réalité des journalistes en 2025.

« C’est une job de fou. Ils sont condamnés à livrer des one-liners écrits par quelqu’un d’autre. Le gars réussit à tout préparer. C’est acceptable, mais pour un journaliste, c’est une forme d’appauvrissement. »

Mais cette détresse n’est pas exclusive au milieu du journalisme. Gildor Roy a livré un témoignage tout aussi poignant sur les conditions de travail des acteurs québécois.

Roy a vécu de l’intérieur la transformation brutale de son industrie. Avant, les productions québécoises prenaient le temps de tourner des scènes avec minutie. Aujourd’hui, le rythme est effréné, sans marge d’erreur, au détriment de la qualité artistique et du bien-être des comédiens.

Comme pour les journalistes sportifs, la charge de travail a explosé sans que la reconnaissance suive. Les conditions se détériorent, les exigences augmentent, et ceux qui exercent ces professions se demandent jusqu’où ils pourront encore tenir.

Dans ce contexte, la différence flagrante entre la gestion financière des médias devient aussi un enjeu criant. D’un côté, La Presse, avec son modèle de financement serré, voire "cheap", loge ses journalistes dans des hôtels éloignés des lieux de couverture pour réduire les coûts.

De l’autre, TVA Sports, malgré des pertes de 300 millions de dollars depuis sa création, maintient un train de vie luxueux, logeant ses reporters dans des hôtels cinq étoiles à proximité des événements.

Une déconnexion totale entre la réalité économique et la gestion quotidienne.

Le cri du cœur de Gildor Roy et de Réjean Tremblay prouve une tendance alarmante : que ce soit dans le journalisme ou le milieu artistique, les conditions de travail sont devenues inhumaines. Il ne s’agit plus seulement de passion, mais de survie dans un système qui broie ceux qui en font sa richesse.

La promesse d’un accès facilité avec l’arrivée de Chantal Machabée s’est heurtée à une réalité qui est la même chose qu'avant: aucun vrai contact avec les joueurs.

Et ce n’est pas tout : même ceux qui voyagent avec l’équipe, comme Danny Dubé et Martin McGuire, ne sont pas épargnés.

Dubé, qui a couvert Carey Price pendant des années, a récemment confié qu’il n’avait jamais parlé plus de trois minutes avec lui avant d’avoir une vraie conversation de vingt minutes à Vancouver.

« On n’a pas accès aux joueurs tant que ça. Ça a été un moment pour moi privilégié de lui transmettre ça. Puis, je l’ai senti quand même un peu surpris du commentaire, mais en même temps touché. »

Si même les vétérans du métier se sentent déconnectés des athlètes qu’ils couvrent quotidiennement, que dire des plus jeunes journalistes qui doivent survivre dans ces conditions ?

Les salaires des journalistes sportifs varient énormément, mais pour ceux qui couvrent le Canadien sur la route, la réalité est bien différente de celle des grandes figures médiatiques.

Alors que des analystes comme Danny Dubé et Martin McGuire gagnent largement au-delà de 150 000 $, les journalistes affectés au beat du CH, comme Simon-Olivier Lorange ou Anthony Martineau, se retrouvent souvent à jongler avec des conditions de travail difficiles pour un salaire qui tourne autour de 125 000 à 150 000 $.

Que ce soit dans le milieu du journalisme sportif ou dans celui des arts, les travailleurs sont aujourd’hui soumis à des cadences infernales.

On leur demande de produire toujours plus, en moins de temps, avec moins de moyens, et sans la gratification d’un réel contact avec leur métier.

Gildor Roy, en tant que vétéran de l’industrie, refuse d’accepter cette fatalité. Il se bat pour rappeler que les artistes méritent un traitement digne, que le travail des comédiens ne devrait pas être réduit à une mécanique sans âme.

Il en va de même pour les journalistes qui, à force de contraintes et d’isolement, finissent par se demander pourquoi ils font encore ce métier.

La détresse de Roy est évidente. Il voit l’effondrement du métier qui a défini sa vie, il traverse une année difficile. Mais son message est clair : il est temps que les choses changent, et que l’on redonne aux artistes et aux journalistes la place qu’ils méritent.