Le nom d’Hendrix Lapierre refait surface à Montréal, et cette fois, ce n’est pas une simple rumeur lancée au hasard.
Selon l’informateur Frank Seravalli, l’attaquant québécois de 23 ans serait désormais sur le marché des transactions après avoir été laissé de côté par les Capitals de Washington.
Et comme toujours lorsqu’un Québécois devient disponible, le réflexe naturel est de se demander : est-ce que le Canadien doit tenter le coup?
Le timing est particulier. Washington vient tout juste de lui retirer son poste dans l’alignement après seulement deux matchs sans point, malgré un camp préparatoire dominant (sept points en cinq rencontres).
Ce n’est pas la première fois que Lapierre vit cette frustration : depuis deux ans, il est prisonnier du même cycle. Bon camp, promesses, départ timide, rétrogradation.
Il est devenu, bien malgré lui, le symbole de cette génération d’espoirs québécois coincés entre la Ligue nationale et la Ligue américaine. Trop bon pour Hershey, pas encore prêt pour Washington.
Mais cette fois, l’exaspération semble venir de la direction elle-même. Les Capitals ont entamé un lent virage jeunesse autour de Connor McMichael, Ivan Miroshnichenko et Ryan Leonard.
Trois jeunes plus explosifs, plus constants, plus solides défensivement. Lapierre, lui, n’a jamais su s’imposer comme un centre de confiance. Ses lacunes dans les mises au jeu et sa difficulté à supporter le jeu physique de la LNH font douter les dirigeants de Washington qu’il puisse un jour devenir un centre de top-9 stable.
Le profil parfait pour Vancouver… et Montréal?
Ce qui alimente la rumeur, c’est que plusieurs équipes cherchent désespérément un centre naturel, une denrée rare sur le marché actuel.
Les Canucks de Vancouver sont en tête de liste : Elias Pettersson est bien seul avec Filip Chytil, et l’organisation souhaite depuis des mois ajouter de la profondeur à cette position.
Frank Seravalli mentionne que Vancouver aurait sondé Washington pour connaître le prix de Lapierre, un signe clair que le Québécois conserve encore une certaine valeur.
Mais évidemment, à Montréal, son nom fait aussi surface. Non seulement parce qu’il est Québécois, mais parce que le Canadien cherche lui aussi à stabiliser le centre de sa formation.
Après Suzuki, le vide est immense. Kirby Dach, encore fragile, n’inspire pas la confiance d’un deuxième centre d’avenir. Jake Evans fait le travail, mais n’apporte aucune créativité offensive. Et Owen Beck, aussi prometteur soit-il, n’est pas encore prêt à jouer 82 matchs dans la LNH, lui qui fait ses classes à Laval.
Oliver Kapanen est intéressant, mais il est aussi droitier. Alex Newhook est gaucher... mais il n'est pas un centre...
Quand Evans est ton vrai centre gaucher... tu es dans le trouble...
Alors pourquoi ne pas tenter le coup? Pourquoi ne pas miser sur un jeune joueur à faible coût, qui possède du talent offensif et qui, à 23 ans, n’a peut-être pas encore dit son dernier mot?
La réponse, du côté de Kent Hughes, semblait déjà connue. Le directeur général du Canadien avait étudié le dossier Lapierre il y a quelques mois, lorsque Washington sondait le marché au printemps dernier.
À ce moment, Montréal avait refusé. Selon ce qu’on rapportait, le Canadien ne voulait pas d’un autre « projet » à long terme. Hughes cherchait un centre établi, pas un autre espoir à reconstruire.
Et si Kent Hughes avait changé d’avis?
À ce moment-là, l’état-major croyait qu’il trouverait un véritable deuxième centre durant l’été. On visait gros. On rêvait d’un Pavel Zacha, d’un Ryan O’Reilly ou d’un Jared McCann.
Mais voilà, aucun de ces plans ne s’est matérialisé. Et la saison n’a pas encore deux semaines que le constat saute déjà aux yeux : le Canadien de Montréal n’a pas de centre gaucher capable d’assumer un rôle régulier derrière Nick Suzuki.
C’est précisément dans ce vide qu’entre en jeu Hendrix Lapierre, laissé de côté à Washington et cité par l’informateur Frank Seravalli comme l’un des jeunes centres les plus accessibles du marché.
À 23 ans, Lapierre demeure un projet intriguant. Son profil est celui d’un joueur intelligent, fluide, doté d’une excellente vision offensive. En série avec les Bears de Hershey dans la Ligue américaine, il avait démontré à quel point il pouvait dicter le rythme d’un match : 32 points en 32 rencontres la saison dernière, un ratio qui parle de lui-même.
En revanche, il peine encore à transposer ce talent au niveau supérieur. En 27 matchs avec les Capitals l’an passé, il n’a récolté que huit passes.
L’intérêt du Canadien, cette fois, est beaucoup plus logique qu’au printemps dernier. L’organisation ne cherche plus un centre top-6 immédiatement, mais un joueur de transition, capable de stabiliser la ligne de centre sur le côté gauche.
Lapierre pourrait exactement remplir ce rôle : un centre gaucher à coût modeste, encore jeune, "coachable", et qui cadre mieux dans l’environnement de développement du CH qu’à Washington, où la pression de performer immédiatement étouffe les jeunes.
Le dossier devient encore plus intéressant lorsqu’on parle de prix. Selon plusieurs sources, les Capitals seraient prêts à l’échanger pour un espoir en stagnation, un jeune joueur qui aurait besoin d’un nouveau départ. Et à Montréal, deux noms reviennent souvent : Joshua Roy et Owen Beck.
Joshua Roy, malgré sa popularité à Laval, n’est plus intouchable. L’organisation le considère comme un atout sur le marché des transactions.
D’ailleurs, rappelons qu’il avait été inclus dans le package deal proposé aux Bruins de Boston cet été pour acquérir Pavel Zacha, en compagnie de Jayden Struble et d’Oliver Kapanen. Ce projet d’échange n’a jamais abouti, car le Canadien a choisi de retirer Kapanen du dossier. Mais la direction a clairement fait comprendre que Roy et Beck pouvaient être sacrifiés au bon prix.
Un échange Lapierre contre Roy ou Lapierre contre Beck, avec un léger ajustement de choix tardif au repêchage, est donc tout sauf farfelu.
C’est même l’un des scénarios les plus plausibles du moment si le Canadien souhaite corriger son manque criant de centres gauchers sans sacrifier un actif majeur.
Ce qui pousse Montréal à reconsidérer Lapierre, c’est l’urgence.. Le Canadien est vulnérable sur les mises au jeu à gauche depuis le départ de Christian Dvorak.
Dans les faits, Lapierre coche toutes les cases manquantes : il est gaucher, naturel au centre, intelligent en relance et capable d’alimenter des ailiers offensifs comme Demidov. Sa vitesse de transition pourrait redonner de la fluidité à un 3e trio trio trop souvent forcé à "dump and chase" à cause du manque d'intelligence de Newhook.
Le pari est simple : miser sur un jeune Québécois sous contrat d’entrée, peu coûteux, dont le potentiel n’a pas encore été exploité. À ce stade, pour Kent Hughes, c’est une opération sans grand risque.
Entre un Joshua Roy qui plafonne, un Owen Beck encore hésitant, et une ligne de centre boiteuse, Montréal a besoin d’un gaucher naturel, formé, motivé et prêt à relancer sa carrière. Lapierre incarne tout cela. Et pour une fois, le marché offre une fenêtre de tir parfaite.
Hendrix Lapierre à Montréal? Ce n’est plus une idée folle. C’est peut-être simplement le bon joueur au bon moment.