Il y a de quoi lever les sourcils! Ivan Demidov, l’un des espoirs les plus excitants à surveiller pour les partisans du Canadien de Montréal, se retrouve à jouer les spectateurs de luxe, malgré un début de saison respectable.
Depuis quelques matchs, c’est comme si son entraîneur au SKA de Saint-Pétersbourg, Roman Rotenberg, avait décidé de lui lancer un défi digne d’un film soviétique : « Prouve ta valeur, ou bien reste sur le banc. »
Et le pire, c’est que ce n’est même pas en raison de contre-performances. Il s’agit peut-être plus d’un jeu de pouvoir, ou d’une tentative de discipliner le jeune prodige.
La saison avait pourtant bien débuté. Des éclats de talent, des jeux spectaculaires… tout semblait sur la bonne voie, jusqu’à ce que le vétéran Evgeny Kuznetsov se blesse.
Plutôt que de saisir l’occasion pour maximiser l’utilisation de Demidov, Rotenberg a fait tout le contraire : réduction draconienne du temps de jeu, rétrogradation sur la quatrième ligne, et maintenant, humiliation totale en tant que 13ᵉ attaquant.
On parle ici de miettes de minutes, parfois moins de cinq minutes par match pour un joueur qui a pourtant accumulé huit points en onze rencontres. Un non-sens absolu.
Les partisans montréalais ne sont pas les seuls à grincer des dents.
Cette situation rappelle étrangement l’expérience de PK Subban à ses débuts avec le Canadien.
Lors d’une entrevue sur le podcast La Poche Bleue animée brillamment par Maxime Lapierre et Guillaume Latendresse, qui ont su tirer le meilleur de leurs invités, PK a partagé un épisode révélateur de la mentalité à l’ancienne qu’on retrouve parfois chez certains vétérans.
Lors d’un match, l’entraîneur Randy Cunneyworth avait ordonné à son équipe de simplifier le jeu, d’éviter les montées spectaculaires et de domper la rondelle en fond de zone. Subban, en pleine possession de ses moyens, n’a pas suivi la directive et a préféré déjouer deux adversaires pour se lancer en zone offensive.
Le CH a gagné, mais au lieu d’être célébré, il s’est fait réprimander par Andrei Markov, le général de la défense :
« Tu as manqué de respect à l’équipe et au coach. »
Ce moment a marqué Subban et montre bien l’importance que certains vétérans accordent au respect des consignes.
C’est exactement ce qui se passe actuellement avec Demidov. Peu importe ses prouesses offensives, s’il ne se plie pas au plan rigide de l’équipe, il est immédiatement mis au rancart.
Alors que la situation continue de dégénérer pour le jeune attaquant, les partisans du CH se demandent si le Canadien de Montréal devra intervenir pour protéger son développement.
Avec un traitement aussi sévère, Demidov pourrait perdre de précieuses années à végéter dans un rôle qui ne correspond en rien à son potentiel.
En attendant, à Montréal, on retient son souffle.
À court terme, la stratégie semble brutale et inquiétante. Mais si Demidov réussit à en tirer les leçons qu’on attend de lui, il pourrait en ressortir transformé, plus complet et prêt à affronter les défis de la LNH.
Le processus est douloureux, mais pour un talent aussi brut, il pourrait s’agir d’un mal nécessaire afin d’atteindre son plein potentiel.
Pour l’instant, il faut espérer que ce passage au purgatoire ne soit qu’un tremplin vers un avenir plus glorieux.
À suivre ...