Coup sur la tête: Jakub Dobeš sacrifié par le Canadien de Montréal

Coup sur la tête: Jakub Dobeš sacrifié par le Canadien de Montréal

Par David Garel le 2025-12-24

Jakub Dobeš vient de recevoir un immense coup sur la tête à la veille de Noël.

Même s'il s'agit d'une injustice immense, le gardien Tchèque sera celui qui sera bel et bien sacrifié par le Canadien de Montréal en revenant de Noël.

Sa seule chance était que Jacob Fowler s'effondre. Mais il a fait tout le contraire.

Mardi soir, à Boston, dans un environnement qui aurait dû l’étrangler d’émotion et de pression, Jacob Fowler s’est présenté comme un vétéran, a gardé son calme comme un moine, a exécuté comme un chirurgien, et il a parlé comme un homme qui vient d’annoncer à toute la ligue que l’avenir du Canadien s’écrit désormais à la première personne singulière : je.

Il ne s’est pas contenté de gagner. Il ne s’est pas contenté de dominer. Il a incarné quelque chose que Montréal n’avait pas vu depuis longtemps : la certitude.

Au terme d’un match où il a presque tout avalé, 26 arrêts, un positionnement qui frôle la perfection, une présence qui a fait paraître les Bruins lents, hésitants, inoffensifs, le jeune homme a offert aux journalistes une réponse qui donne la chair de poule, la phrase d’un gardien qui sait exactement ce qu’il fait, pourquoi il le fait, et comment il va continuer de le faire.

« Je sens que je commence à être un peu plus confiant. Il y a peut-être un but que j’aimerais revoir, mais ça fait partie du parcours pour un gardien ; il faut savoir se relever après un but, et s’assurer de ne pas en accorder un autre tout de suite après. »

C’est un discours de patron.

Un discours de joueur qui n’explique plus sa présence, mais qui l’impose.

« S’il y a une chose qui est claire, c’est que les gars dans cette ligue sont vraiment bons. Ils sont rapides et ils sont capables de mettre la rondelle au filet, et ça, c’est des choses que je ne peux pas contrôler. Mais je peux contrôler ma façon de me placer devant le filet. Je dois me donner une chance de faire l’arrêt en voyant bien la rondelle arriver vers moi. »

Fowler tremble pas, ne cherche pas à plaire, ne craint pas le micro, et comprend déjà, à 21 ans, que l’intellect d’un gardien compte autant que ses jambières.

Et pendant que lui parlait comme un homme qui se construit une carrière, on voyait s'écrouler en coulisses les dernières miettes d’un plan théorique : celui où il aurait été renvoyé à Laval « pour le voyage des Fêtes », comme l’avait prédit La Presse. Une prédiction qui, une semaine plus tôt, semblait plausible. Aujourd’hui, elle tient du gag involontaire.

On ne renvoie pas un numéro un de la LNH dans les mineures.

On ne renvoie pas un phénomène qui vient de battre Boston dans son ancien jardin.

On ne renvoie pas un gars qui est littéralement originaire de la Floride… juste avant un voyage en Floride.

La logique est morte. La glace, elle, vient de parler. Fowler reste.

Ce qui devait arriver arrive : la hiérarchie théorique inventée par l’organisation s’effondre devant la réalité du terrain.

Pendant que le jeune Floridien se construit un dossier en or, l’autre jeune, celui qui avait pourtant une longueur d’avance, perd pied.

Chaque arrêt est une lutte. Chaque mouvement devient un risque. Chaque séquence un stress collectif.
Chaque sortie de son demi-cercle un accident annoncé.

Depuis une semaine, les moqueries ne cessent plus. On parle d’ange dans la neige, de techniques pee-wee, de panique visible dans chacun de ses déplacements.

On se repasse sur les réseaux les images où il glisse hors de son cadre comme un meuble mal installé. Et il n’y a plus rien de cruel là-dedans : simplement un constat froid, partagé par anciens joueurs, entraîneurs et partisans.

Fowler se tient droit. Dobes tombe.

La semaine qu’a vécue Jakub Dobeš tient du cauchemar professionnel :

Il a perdu la confiance du public, la confiance de l’interne, la bataille technique, la bataille émotionnelle,

Et il va perdre sa place.

Ce n’est plus une hypothèse. C’est devenu la conséquence logique.

Car dans ce ménage à trois insoutenable, quelqu’un doit descendre, et ce ne sera pas le jeune prodige. Et ce ne sera pas le vétéran qu’on veut protéger d’un ballottage humiliant.

Ce sera celui qui n’a plus de traction, celui qui doit reconstruire, celui qui doit réapprendre à Laval.

Montembeault, lui, survit par un mélange étrange de pitié, de mathématique (son contrat de 3,15 M$ par année jusqu'en 2027) et de réalité médiatique, alors qu'on veut protéger le bon petit Québécois au fond du trou.

Non, le club ne veut pas le soumettre au ballottage.

Non, le téléphone ne sonne pas pour une transaction, malgré les effirts de Kent Hughes pour trouver un partenaire qui voudrait du pire gardien de la LNH.

Non, aucune équipe ne veut absorber un joueur gras comme un voleur, en méforme physique complète.

Non, Kent Hughes n’a pas trouvé preneur, ni à l’Ouest, ni à l’Est.

Alors Montréal tente de sauver les apparences.

On protège Montembeault. On l’entoure. On lui donne de l’oxygène. On évite le scandale. On évite la honte publique.

Alors que l'organisation ne fait rien pour protéfer Dobes, qu'on traite comme un 2e gardien qui n'a aucun potentiel... et qui ne doit pas passer par la ballottage.

L’organisation n’avait pas prévu la montée fulgurante d’un kid de 21 ans qui saisit l’opportunité avec une maturité déconcertante.

Depuis le départ de Carey Price, la question revenait comme un refrain : qui sera le prochain numéro un?

Mais la vérité du hockey a ceci de violent : elle ne négocie pas.

Aujourd’hui, la réponse est là, devant nous.

Le numéro un du Canadien s’appelle Jacob Fowler. Et il vient de le prouver dans la ville où il a appris à devenir un homme.

Et pendant qu’il se prépare à aller se faire dorer en Floride, un jeune homme va refaire son sac pour Laval, le vétéran va prier pour une transaction impossible, et une organisation va devoir admettre que le virage qu’elle repoussait depuis des années vient finalement d’arriver.

Le numéro un est là. Le futur est écrit. Le ménage recommence.

Et Montréal retient son souffle.