Joshua Roy transigé : la fin cruelle d’un été parfait

Joshua Roy transigé : la fin cruelle d’un été parfait

Par André Soueidan le 2025-09-09

Tout pointe dans la même direction. Et plus les jours passent, plus ça semble inévitable : Joshua Roy pourrait bien quitter le Canadien de Montréal, et ce, malgré l’été le plus transformateur de sa jeune carrière.

S’il y avait une justice dans le hockey, Roy serait récompensé. Il a fondu. Il a accéléré. Il a tué les préjugés. Sous la direction de John Chaimberg, il a subi une transformation physique radicale.

Quinze livres en moins, un régime strict, des performances physiques spectaculaires.

Le gars qui ne faisait pas trois tractions en mai réussissait à s’en coller une dizaine avec 35 livres attachés à la ceinture en juillet.

Il n’a jamais été aussi affûté, aussi lean, aussi déterminé.

Et pourtant, plus il avance, plus il semble se rapprocher... de la sortie.

Son nom circule partout. Dans chaque rumeur. Dans chaque conversation. Dans chaque hypothèse.

Il revient quand on parle de Mason McTavish. Il revient quand on explore la piste Jared McCann. Il a même flotté dans les discussions à long terme autour de Sidney Crosby.

Pas comme pièce centrale. Comme bonbon.

Et c’est ça le plus brutal.

Roy n’est pas un fardeau. Il est devenu un atout. Un actif valorisé, peaufiné, emballé pour les autres. Et au lieu de solidifier sa place à Montréal, il semble surtout consolider sa valeur sur le marché.

Ce n’est pas officiel. Ce n’est pas signé. Ce n’est pas confirmé. Mais tout dans la posture du Canadien laisse croire qu’il est prêt à s’en départir au bon prix.

Ce n’est pas une question de performance. C’est une question de contexte.

Le Canadien a 14 attaquants déjà sous contrat. Suzuki, Caufield, Slafkovsky, Laine, Dach. Gallagher, Anderson, Newhook, Evans. Demidov, Kapanen, Bolduc, Blais, Veleno.

Tu ajoutes Roy là-dedans? À la place de qui? Même pour un poste de 13e ou 14e attaquant, il est en queue.

Et en bas, à Laval, il a déjà dominé. Alors? Tu ne peux pas le monter. Tu ne peux plus le développer. Tu fais quoi?

Tu l’échanges. Ou tu y penses très fort.

Et c’est là que Kent Hughes devient dangereux. Il a l’œil pour maximiser les actifs au sommet de leur valeur. Il sait que Roy entre dans la dernière année de son contrat d’entrée.

Il sait que son nom est vendeur. Il sait que les images de TVA Sports servent de carte de visite pour séduire les autres DG.

Ce n’est pas une conspiration. C’est une logique implacable. Le CH cherche un deuxième centre. Roy ne cadre pas dans l’alignement actuel.

Roy est trop bon pour Laval. Roy est encore exempté de ballottage. Roy est échangeable.

Tout est aligné.

Mais c’est cruel. Parce que le gars a tout fait comme il faut. Il a écouté. Il a travaillé. Il s’est transformé. Il a cru que ses efforts seraient récompensés.

Et pourtant, la récompense risque d’être un billet vers une autre ville.

Joshua Roy n’est pas le seul espoir sacrifié par la machine du Canadien. Il est juste celui qu’on a décidé de mettre en vitrine cet été.

Mais en coulisses, ils sont plusieurs à avoir vu la porte se refermer sans même avoir eu le droit de la pousser.

Owen Beck a tout fait ce qu’on attendait de lui à Laval.

Travaillant, fiable, responsable, 44 points à 20 ans dans la Ligue américaine. Rien à redire.

Mais le poste qu’il convoite au centre droit est déjà occupé. Kapanen est là. Veleno aussi.

Et Jake Evans est engagé à long terme.

Beck, lui, est exempté de ballottage. Laval l’attend, peu importe ce qu’il montre au camp.

Filip Mesar? Même chose. Sélectionné avant Lane Hutson et Owen Beck en 2022, il est encore incapable de coller une saison complète sans blessure ni trou de production.

Le CH l’aime bien, mais pas au point de lui faire de la place. Il devra encore attendre. Et espérer que quelqu’un tombe au combat.

Sean Farrell? Rayé. Riley Kidney? Invisible. 

Joshua Roy n’est que la tête d’affiche d’un groupe entier de jeunes qui n’ont plus de voie claire vers Montréal.

Et ce n’est pas une question de talent. C’est une question de configuration.

Tu veux jouer dans la LNH? Il faut qu’il y ait une chaise. Et en ce moment, toutes les chaises sont prises.

Sur l’aile gauche, t’as Slafkovský, Laine, Gallagher et Bolduc.

À droite, t’as Caufield, Anderson, Demidov et Newhook.

Suzuki, Dach, Kapanen et Evan au centre...

Ça, c’est ton top-9 élargi. Derrière eux, pour les postes de soutien, t’as Veleno, Blais...

Tu veux ajouter Roy où là-dedans?

Même comme 13e attaquant, il est derrière Blais.

Même comme ailier de profondeur, il est derrière Evans.

Même comme jeune espoir, il est moins "plug and play" que Bolduc, qui peut jouer autant sur une 3e ligne que sur une 2e.

Roy est coincé. Parce qu’il est offensif. Parce qu’il n’a pas de rôle hybride. Parce qu’il ne fitte pas dans une structure déjà figée.

Et le pire, c’est qu’il n’est pas seul dans ce bateau. Mais c’est lui qu’on a choisi de mettre en avant.

Peut-être qu’il explosera au camp.

Peut-être qu’il forcera la main de Martin St-Louis. Peut-être qu’un vétéran se blessera. Peut-être que Hughes changera d’idée.

Mais soyons honnêtes.

Tout pointe vers une transaction.

Et pour Joshua Roy, ce serait la fin cruelle d’un été parfait.

Misère...