La revanche de Juraj Slafkovsky: un moment gravé à jamais

La revanche de Juraj Slafkovsky: un moment gravé à jamais

Par Marc-André Dubois le 2025-02-22

Il était dans le collimateur de tout le monde. 

Les journalistes, les partisans, les analystes, même les réseaux sociaux l’avaient pris en grippe. Depuis des semaines, Juraj Slafkovsky était la cible idéale, celui qu’on adorait descendre, celui qui ne livrait jamais à la hauteur des attentes.

On lui reprochait son arrogance, son manque de constance, son incapacité à comprendre quel joueur il devait devenir. Il parlait trop, il ne livrait pas assez.

Et puis, il y a eu l’épisode du volleyball. Une déclaration qui a enflammé les médias. 

"Je vais partir dans le Sud, jouer au volleyball, revenir et marquer 20 buts."

Ces mots ont résonné comme un crachat en pleine figure pour les partisans du Canadien, frustrés par ses performances en dents de scie. 

On le trouvait arrogant, trop confiant pour un gars qui ne livrait rien. On l’a qualifié d’arrogant, de joueur perdu dans sa propre tête, incapable de se regarder dans le miroir et de voir qu’il n’était pas à la hauteur. 

Et puis, il y a eu le fiasco Brady Tkachuk. Il a osé dire qu’il voulait s’inspirer du capitaine des Sénateurs, un joueur adoré pour son intensité, sa robustesse, son jeu physique sans compromis. Mais les partisans n’ont pas pardonné.

"On ne devient pas un Tkachuk. On l’est ou on ne l’est pas." Slafkovsky n’a jamais eu cette hargne. Slafkovsky n’a jamais eu ce feu. Slafkovsky ne sera jamais Brady Tkachuk. Voilà ce que disaient les sceptiques.

Mais ce soir, il a fait taire tout le monde.

Ce soir, Juraj Slafkovsky a disputé le meilleur match de sa jeune carrière dans la LNH. Un train lancé à pleine vitesse, un monstre sur la glace, physique, intense, affamé. Un homme en mission, qui n’avait qu’un seul objectif : faire payer tous ceux qui avaient douté de lui.

Il a frappé. Encore et encore. Il a foncé au filet sans peur. Il a imposé sa présence physique comme jamais. Il a écrasé ses adversaires, les forçant à le respecter, à sentir son poids à chaque présence. 

Et il a marqué. Un but d’autorité. Un but d’homme. Un but qui a mis fin aux rires, qui a transformé les moqueries en silence.

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Ce soir, Juraj Slafkovsky a joué comme Brady Tkachuk. Et personne ne peut le nier.

Il aurait pu s’effondrer sous la pression. Il aurait pu se cacher, se plaindre, continuer à errer sans direction. Mais au lieu de ça, il a répondu de la meilleure façon possible : sur la glace, avec son jeu, avec sa hargne, avec ses poings et ses épaules.

Ce soir, on ne l’a pas vu hésiter. On ne l’a pas vu chercher à faire un jeu de finesse inutile. On l’a vu frapper, attaquer, provoquer, dominer. On l’a vu jouer avec la rage au ventre, avec la certitude d’un joueur qui veut imposer sa loi. Il n’a pas attendu qu’on lui donne du respect. Il est allé le chercher.

Depuis des semaines, on disait qu’il était trop soft, qu’il n’était pas assez engagé, qu’il n’avait pas ce "chien" en lui. Ce soir, il a sorti les crocs.

On l’a humilié. Les médias l’ont descendu, les partisans l’ont crucifié. Tout le monde se moquait de lui. Slafkovsky le prétentieux, Slafkovsky le rêveur, Slafkovsky qui ne comprend pas le sport nord-américain.

Mais ce soir, il a pris sa revanche. Sur tous ceux qui l’ont enterré trop vite. Sur tous ceux qui pensaient qu’il n’était pas capable de répondre à la pression. Sur tous ceux qui pensaient que son arrogance n’était pas accompagnée du talent nécessaire.

Il a frappé fort. Et il a prouvé qu’il était plus qu’un joueur de promesses et de belles citations. Il a prouvé qu’il pouvait être un joueur d’impact.

Et Maintenant ?

Ce soir, le Juraj Slafkovsky que le Canadien attendait depuis son repêchage est apparu. La question est simple : est-ce que ce match était un éclair dans la nuit ou bien le début d’une transformation ?

Parce que s’il continue à jouer comme ça… Montréal va tomber en amour avec lui.

Mais s’il retombe dans ses vieux travers, s’il redevient ce joueur hésitant et égaré… le public ne sera pas aussi clément une seconde fois.

Ce soir, il a gagné le respect qu’il avait perdu. À lui de le conserver.

On parlait de son arrogance, de ses déclarations maladroites, de son fameux voyage dans le Sud, de son obsession pour les réseaux sociaux, de sa relation avec sa blonde, Angélie Bourgeois-Pelletier, qui travaillait comme barmaid au Flygin. Tout le monde s’acharnait sur Juraj Slafkovsky.

Mais ce soir, il a fermé toutes les bouches.

Il a répondu comme un vrai. Il a répondu avec son hockey. Il a répondu avec ses poings.

À un certain moment dans le match, après une mise en échec vicieuse de Ridly Greig, Slafkovsky n’a pas réfléchi. Il n’a pas hésité, il n’a pas cherché à éviter le contact, il n’a pas reculé.

Il a jeté les gants.

Il a sauté sur Greig, il l’a corrigé à coups de poings. Une réponse brutale, directe, exactement ce qu’on attendait de lui.Un moment qui a fait exploser le Centre Bell, qui a réveillé son équipe, qui a envoyé un message à toute la LNH.

Slafkovsky ne se laisse plus marcher sur les pieds.

Et maintenant, plus personne ne parle de sa blonde. Plus personne ne se demande s’il est trop distrait. Plus personne ne critique son voyage dans le Sud.

Il est revenu de vacances transformé.

Et il l’a prouvé sur la glace. Comme un homme. Comme un vrai.

Il a gagné le respect de la ville de Montréal.

Parce qu’au final, on ne demande pas aux joueurs du Canadien d’être parfaits. On leur demande de se battre. Et ce soir, Slafkovsky s’est battu.