Michel Bergeron, figure légendaire du hockey québécois et ancien entraîneur-chef des Nordiques de Québec, a récemment partagé des confidences poignantes lors d'une entrevue avec Dave Morissette et Jérémie Rainville sur les ondes du 98,5 FM.
"J’ai fait plein d’erreurs durant toutes ces années. Je ramenais la défaite à la maison" a-t-il avoué.
"Des erreurs monumentales, autant dans mon travail que dans ma vie personnelle. J’ai négligé ma famille."
Michel a ressenti une vague de nostalgie en repensant à leur vie mouvementée et aux sacrifices qu'ils ont dû faire, notamment les nombreux déménagements de Trois-Rivières à Québec, puis à New York, et retour à Québec, avant de finir à Montréal et Sainte-Agathe.
Michel a eu quatre enfants : Anick, issue de son premier mariage, Francis et Sophie, enfants de sa femme Michelle, et Karine, leur fille commune.
"Il est évident que je les ai négligés," a-t-il reconnu.
"L’hiver, j’étais occupé avec mon travail, et l’été, je jouais beaucoup au golf avec mes amis." Michelle, son pilier, a joué un rôle crucial dans sa carrière. "Elle a tout fait," a-t-il dit avec admiration.
"Elle s’occupait de l’achat de maisons, de l’école des enfants, de tout."
Le métier d'entraîneur a souvent été difficile à concilier avec la vie de famille. Les enfants de Michel ont dû apprendre à vivre avec les critiques et les insultes liées aux performances de leur père.
"Quand les Nordiques perdaient, c’était la faute de leur père," se souvient-il. Sa fille Sophie a décrit cette période comme étant à la fois glamour et intransigeante.
"On dirait tout le temps que quelqu’un te surveille."
Michelle, présente depuis 47 ans et mariée à Michel depuis 1978, a été une source de soutien sans limite.
"Je me demande si j’aurais pris les mêmes décisions si elle n’avait pas été à mes côtés," a-t-il confié.
"Elle n’a jamais manqué un match, même quand c’était difficile."
Michelle a souvent dû gérer seule les défis du quotidien, surtout lors de leur séjour à New York, où les enfants ne parlaient pas anglais.
"Quand je perdais, c’était le drame, et j’ai souvent entendu Michelle dire aux enfants de ne pas faire de bruit, parce que les Nordiques ou les Rangers avaient perdu. »
Michel Bergeron a honte. Il veut demander pardon à sa femme. Il sent qu'il l'a délaissée toute seule. Elle s'occupait de tout, mais au final, elle n'avait aucun mot à dire sur rien. Bergeron a le coeur brisé de sentir qu'il a utlisé sa femme comme une servante silencieuse.
« Sans elle, je n’aurais pas fait le tiers de ce que j’ai fait. Elle a tout pris en main : vendre la maison, acheter la prochaine, s’occuper des enfants et de leur école. Quand on a fait construire la maison à Lorraine, j’ai tout choisi. Ça faisait aussi mon affaire; on ne s’obstinait pas, je pouvais faire ce que je voulais! »
Et surtout...elle s'inquiétait de la santé du Tigre...
« Elle n'aimait pas le surnom du Tigre. Mon épouse s’est souvent inquiétée que ma colère ait raison de sa santé. »
Au final, elle avait raison, considérant à quel point Bergeron a eu des problèmes avec son coeur. Il peut se compter chanceux d'être en vie.
"Quand il m'ont placé un pacemaker, ma première question au médecin était de savoir si j'allait pouvoir jouer au golf. Je ne pensais pas à ma santé".
"Quand Serge Savard a refusé de me donner le poste de coach (Jacques Demers a obtenu le poste), je pensais juste à ma déceptions et non à mon coeur."
Michel reconnaît aujourd'hui qu'il aurait aimé faire plus de choses en dehors du hockey.
"On n’a pas fait beaucoup de voyages," dit-il avec regret. Cependant, il se console en voyant ses enfants réussir et accepter la vie qu'ils ont menée.
En tant que grand-père de sept petits-enfants, il trouve du réconfort et du plaisir à passer du temps avec eux et c'est une façon de se rattraper. "C’est tout le temps le party au village," dit-il en riant.
Le décès de Guy Lafleur et de Mike Bossy a profondément affecté Michel.
"Je pense à Guy et à Mike tout le temps," a-t-il confié. "
"Lors des funérailles de Guy et de Mike, j’ai vu la tristesse de Lucie et de Lise. Elles venaient de perdre leur âme sœur. C’est admirable et ça m’a marqué."
Michel garde des souvenirs précieux de ses amis, rappelant la joie de vivre de Guy et son esprit de battant. Bergeron vient d'avoir 78 ans. Et regarde la vie avec nostalgie.
Michel Bergeron, malgré les hauts et les bas, regarde sa carrière et sa vie avec une fierté remplie de regrets. Cette entrevue offre un regard intime sur cet homme passionné, révélant la complexité d'une vie dédiée au hockey tout en jonglant avec les réalités de la vie familiale qu'il a négligée.
« Je sais ce que j’ai fait, et j’aurais aimé que ce soit mieux. On n’a pas fait beaucoup de choses à l’extérieur du hockey, pas beaucoup de voyages. Je le regrette aujourd’hui, mais à l’époque, je ne me suis pas privé de faire ce que j’aimais. »
Au moins, aujourd'hui, on le sent zen...par moment...
« J’ai été engagé à Trois-Rivières en 1974; ça fait 50 ans que le hockey est mon gagne-pain. Aujourd’hui, TVA me traite bien. Je suis content quand je vois mes petits-enfants, c’est tout le temps le party au village, et on voit plus souvent les plus petits. On va au restaurant, on a du plaisir. »
Michel Bergeron sera toujours un homme avec un coeur gros comme la terre. Un coeur...rempli de regrets...