Marc Bergevin, fidèle à lui-même, n’a pas l’habitude de se cacher. Et dans une rare entrevue accordée à Pierre LeBrun, il est revenu sur l’une des décisions les plus controversées de son règne à la tête des Canadiens : le choix de repêcher Jesperi Kotkaniemi au troisième rang en 2018.
Une décision qui, avec le recul, brûle encore comme une vieille blessure mal refermée.
On le savait déjà, mais l’entendre de la bouche de Bergevin, ça fait tout de même sourciller.
« À l’époque, on n’avait pas de centre. On regardait un gars grand et élancé, qui avait montré du bon hockey à 17 ans. »
Une justification qui tient, mais qui soulève une question éternelle : fallait-il vraiment repêcher pour combler un besoin immédiat, surtout dans un repêchage aussi riche que celui-là?
Parce que soyons clairs, Kotkaniemi était loin d’être un consensus.
Pendant que tout le monde hurlait le nom de Filip Zadina – encore une autre erreur évitée – ou rêvait de Brady Tkachuk, le CH a misé sur un pari risqué. Et aujourd’hui, c’est ce pari qui coûte cher.
Bergevin, pour sa part, joue franc-jeu.
« Avec le recul, tu dis évidemment Tkachuk. Mais à l’époque, son patinage faisait peur et il ne marquait pas. »
Et c’est là que le bât blesse : Tkachuk n’avait peut-être pas l’éclat d’un joueur formaté pour la LNH à 18 ans, mais il avait une chose que KK n’a jamais démontrée à Montréal – un instinct meurtrier pour dominer sur la glace.
Aujourd’hui, Tkachuk est une machine à tout faire à Ottawa, tandis que Kotkaniemi s’est transformé en troisième centre stable… pour les Hurricanes.
Mais le plus frustrant dans cette histoire, c’est que tout ça était évitable.
Bergevin admet aujourd’hui que cette décision était teintée par le désespoir.
On cherchait un centre, point. « C’était un besoin criant », dit-il.
Mais repêcher selon un besoin dans un top 5, c’est comme aller à l’épicerie affamé : tu finis toujours par regretter tes choix.
Pour les partisans du Canadien, c’est une autre occasion manquée qui s’ajoute à une longue liste.
Ce n’est pas que KK est un mauvais joueur – loin de là.
Mais quand tu passes à côté d’un gars comme Brady Tkachuk, surtout en tant que franchise historique, ça laisse un goût amer.
Et entendre Bergevin dire qu’il referait les choses différemment, ça ne fait que raviver cette frustration.
Ce qui est ironique dans tout ça, c’est que Kotkaniemi lui-même n’a jamais voulu prolonger son aventure à Montréal.
« Il voulait un changement de décor, » dit Bergevin, en parlant du fameux offer sheet des Hurricanes.
Et disons-le : personne n’a pleuré son départ.
Aujourd’hui, Bergevin regarde tout ça avec une certaine résignation.
Il admet ses erreurs, mais ne semble pas trop s’y attarder. « Si je devais le refaire, oui, je prendrais Tkachuk. »
Trop peu, trop tard, diront les fans.
Une chose est certaine, cette erreur pèse lourd dans le bilan de Bergevin, même s’il préfère se concentrer sur ses bons coups.
Mais pour les partisans du CH, c’est une leçon de plus sur l’importance de bien repêcher.
Et malheureusement, cette leçon-là, c’est Ottawa qui en récolte les fruits.
Misère ...