Mark Scheifele en larmes : les dieux du hockey l’ont abandonné

Mark Scheifele en larmes : les dieux du hockey l’ont abandonné

Par André Soueidan le 2025-05-18
jets mark scheifele

Il y a des soirs où la vie frappe si fort que le hockey devient secondaire.

Et pourtant, samedi soir, Mark Scheifele a chaussé ses patins. Moins de 24 heures après avoir perdu son père, il a choisi de jouer.

Par courage? Par instinct? Par nécessité de fuir une réalité insupportable? Peu importe la raison, le centre des Jets de Winnipeg s’est présenté sur la glace avec une douleur que personne ne devrait avoir à porter.

Et c’est dans la pire des ironies que le sort s’est acharné sur lui.

Dans un match où les Jets luttaient pour leur survie, Scheifele a tout donné.

Il a même marqué l’unique but de son équipe. Comme s’il voulait dire à son père : « Je joue pour toi. »

Mais les dieux du hockey avaient d'autres plans. Alors que la troisième période s’achevait, le pointage était de 1-1.

Pas une seule punition du match. Puis, à 15 secondes de la fin, tout a basculé.

Scheifele, en zone offensive, tente une poussée trop ambitieuse. Une passe mal dirigée, un contre-attaque, un semi-échappé.

Pris de vitesse, il accroche l’attaquant des Stars. L’arbitre n’a pas le choix : punition pour accrochage.

À tout autre moment de sa vie, c’aurait été une pénalité banale.

Mais pas ce soir-là. Pas après tout ce qu’il avait traversé. Les Jets tuent les 15 secondes avant la fin du temps réglementaire. Puis ils retournent au vestiaire.

Dans cette chambre glaciale, les mots ne suffisent pas.

Les coéquipiers de Scheifele se rassemblent autour de lui. « On va tuer ça pour toi, » lui disent-ils.

Mais en eux, la panique gronde. Ils veulent lui offrir cette victoire. Ils veulent l’empêcher de devenir, en ce soir tragique, le héros brisé.

La prolongation s’amorce. Les Jets sont toujours à court d’un homme. Ils luttent. Ils résistent. Et puis, le silence. Les Stars marquent. C’est fini. Winnipeg est éliminé.

Et Mark Scheifele, en direct du banc des punitions, voit tout s’effondrer.

La caméra ne peut pas capturer l’ampleur du poids qu’il porte. Mais son regard en dit long.

Son monde vient de s’écrouler deux fois en 24 heures. L'équipe le console. Son entraîneur, Scott Arniel, l’avait accompagné toute la journée, tentant de le soutenir dans cette épreuve.

« Il voulait tellement gagner, » dira-t-il ensuite, ému, incapable de cacher sa fierté devant tant de courage.

Mais ce ne sont pas seulement ses coéquipiers qui ont été touchés.

Les Stars aussi ont réagi. Le respect était contagieux lors de la poignée de main finale.

Pas de cris, pas d’éclats. Juste des accolades, des regards, et cette poignée spéciale entre Scheifele et Mason Marchment.

Marchment, dont le père Bryan est décédé en 2022, sait ce que Scheifele ressent.

Ils ont échangé quelques mots. Rien d’enregistré, rien de public. Mais tout le monde a compris. C’était un moment entre deux fils endeuillés. Deux hommes unis par la même perte.

Le hockey est un sport brutal. Mais il sait aussi reconnaître la douleur.

Et samedi soir, le monde du hockey a vu quelque chose de rare. Une défaite d’équipe, oui, mais un drame personnel qui transcendait tout le reste.

Mark Scheifele n’est pas à blâmer.

Son geste était instinctif, son erreur compréhensible. Mais le poids de cette soirée le hantera longtemps.

Parce que quand la tête repose enfin sur l’oreiller, ce ne sont pas les highlights qui reviennent.

C’est ce banc de punition. Ce but des Stars. Et le vide à la maison.

Il reviendra. Il se relèvera. Mais il ne sera plus jamais le même.

Et quelque part, dans l’histoire de la LNH, ce soir-là restera comme le soir où Mark Scheifele a porté sur ses épaules le poids d’un deuil et d’une élimination.

Le hockey est cruel. Mais la vie l’est encore plus.

Et maintenant, qu’est-ce qui attend Mark Scheifele?

Car une fois le vacarme des séries tombé, une fois les projecteurs éteints, il ne reste que le silence.

Et dans ce silence, l’absence de son père prendra toute la place.

Tant que la série vivait, tant que l’adrénaline du hockey coulait dans ses veines, il pouvait tenir.

Il pouvait se convaincre que sa peine attendrait. Que la glace lui servirait d’armure.

Mais là, tout s’arrête. Brutalement. Il n’y a plus de vestiaire, plus de routine, plus de patins à enfiler pour étouffer le vide. Il ne reste que le deuil.

Et c’est là que commence la partie la plus difficile de son parcours.