Le torchon brûle entre Martin St-Louis et Michel Bergeron, et le Canadien de Montréal en est le théâtre.
Tout a commencé lorsque Bergeron, fidèle à son style cinglant, a publiquement critiqué la gestion de Michael Pezzetta par St-Louis.
Lors d’une intervention sur le plateau de TVA Sports, "Le Tigre" avait exprimé son ras-le-bol :
« Il va falloir que le Canadien prenne une décision. Pezzetta, c’est bien gentil, mais il n’a pas sa place si c’est pour jouer trois minutes. »
La réponse de St-Louis, sans détour, a ajouté de l’huile sur le feu et voulait me dire ceci:
« Tu ne vas pas me dire quoi faire. »
L’entraîneur-chef du CH montre qu'il n’a aucune intention de se laisser dicter sa gestion, même par une figure aussi respectée que Michel Bergeron.
Mais cette passe d’armes publique révèle bien plus qu’un simple désaccord : elle illustre une fracture entre deux générations et deux visions du hockey.
La critique de Bergeron était sans appel. Sur les ondes de TVA Sports il n’a pas hésité à remettre en question l’utilité de Michael Pezzetta dans l’alignement du Canadien.
Pour lui, l’attaquant de 26 ans n’apporte rien de concret sur la glace.
« Faire jouer Pezzetta trois minutes, c’est une perte de temps pour tout le monde, » avait-il martelé.
« Si tu ne veux pas l’utiliser, rappelle quelqu’un comme Joshua Roy ou Alex Barré-Boulet, des joueurs capables d’apporter une réelle contribution. »
Bergeron, dans sa critique, ciblait directement la stratégie de St-Louis, l’accusant de maintenir Pezzetta dans une position intenable.
« C’est malaisant pour le joueur, pour l’équipe, et pour les partisans, » avait-il ajouté.
« À un moment donné, il faut faire preuve de courage et prendre une décision. »
St-Louis, fidèle à son tempérament calme mais ferme, n’a pas tardé à répondre aux propos de Bergeron. Lors d’une entrevue avant le match contre les Stars de Dallas, il a clairement défendu sa gestion de Pezzetta, tout en adressant un message cinglant à ses détracteurs.
« C’est moi qui décide qui joue et comment, » a-t-il déclaré.
« Pezzetta est un pro. Il travaille fort, qu’il ait trois ou huit présences. J’aimerais ça lui en donner plus. »
Ce commentaire, bien que poli en surface, cachait un sous-texte évident : les critiques extérieures, même celles de Michel Bergeron, n’influenceront pas sa manière de diriger l’équipe.
Et lorsqu’un journaliste a évoqué les propos de Bergeron, St-Louis a répondu de manière encore plus directe, voulant dire:
« Personnene va pas me dire comment gérer mon banc. »
Au cœur de cette querelle se trouve Michael Pezzetta, un joueur dont la place dans l’alignement est de plus en plus difficile à justifier.
Avec une moyenne de 4 minutes et 14 secondes de temps de jeu en janvier et aucun point en huit matchs cette saison, Pezzetta semble jouer le rôle d’un figurant.
Même St-Louis a admis :
« Il a perdu pas mal de temps de glace. Ce n’est pas facile de revenir. »
Les pénalités mineures écopées par Pezzetta lors de ses deux derniers matchs n’arrangent rien. Ces erreurs, même si elles sont attribuées à un excès de motivation, ne font que renforcer l’idée qu’il est dépassé par la vitesse et l’intensité de la LNH.
Pourtant, St-Louis continue de le défendre, insistant sur son professionnalisme et son attitude irréprochable. Mais cette loyauté envers Pezzetta semble agacer Bergeron, qui voit en lui un joueur qui bloque inutilement la progression des jeunes talents.
Ce conflit entre St-Louis et Bergeron dépasse le simple cas de Michael Pezzetta. Il s’agit d’un affrontement entre deux visions du hockey.
Bergeron, avec son expérience d’entraîneur dans les années 1980 et 1990, privilégie une approche pragmatique et directe : si un joueur n’est pas performant, il doit être remplacé.
St-Louis, de son côté, adopte une approche plus humaine et axée sur le développement individuel, même au détriment de résultats immédiats.
Cette divergence reflète également un choc générationnel. Bergeron, habitué à une époque où les entraîneurs régnaient sans partage, voit d’un mauvais œil les critiques voilées de St-Louis.
Ce dernier, quant à lui, représente une nouvelle ère où les entraîneurs doivent jongler entre résultats, développement des jeunes et gestion des egos dans un monde où les opinions publiques sont amplifiées par les médias.
Le différend entre Bergeron et St-Louis est loin d’être résolu. Tant que Pezzetta restera dans l’alignement du Canadien, il continuera d’être une source de débats et de critiques.
Pour Bergeron, le maintien de Pezzetta est une erreur stratégique. Pour St-Louis, c’est un choix calculé, basé sur le respect et la confiance envers un joueur qui, malgré ses limites, reste professionnel.
Mais cette tension pourrait rapidement devenir insoutenable, surtout si les performances de Pezzetta ne s’améliorent pas.
Le Canadien de Montréal, déjà en difficulté, ne peut se permettre de maintenir un joueur qui ne contribue pas sur la glace.
Et si les critiques de Bergeron continuent de résonner, St-Louis pourrait être contraint de revoir sa position.
Le duel verbal entre Michel Bergeron et Martin St-Louis est plus qu’un simple désaccord sur l’utilisation de Michael Pezzetta. Il symbolise une fracture entre tradition et modernité, entre pragmatisme et idéalisme.
Mais au final, ce sont les résultats sur la glace qui trancheront.
Pour Pezzetta, la situation est devenue intenable. Coincé entre les critiques extérieures et une utilisation sporadique, il est difficile de voir comment il pourrait redresser la barre.
Et pour St-Louis, ce conflit pourrait devenir un test de sa capacité à gérer la pression et à défendre ses choix face à des figures influentes comme Bergeron.
Dans cette bataille de mots, personne ne sort indemne, et le Canadien de Montréal est, une fois de plus, au centre de la tempête.
Ça brasse.
ll n’aura pas fallu longtemps pour que la salle de presse capte la véritable signification des déclarations de Martin St-Louis.
Dès qu’il a répondu aux questions sur l’utilisation de Michael Pezzetta, les regards échangés entre les journalistes présents étaient clairs : St-Louis ne parlait pas seulement de son joueur, il répondait directement aux critiques cinglantes de Michel Bergeron.
Tout le monde dans la pièce savait que ces mots visaient bien plus qu’une défense banale de ses choix stratégiques.
St-Louis n’a pas besoin de nommer Michel Bergeron pour que le message passe. Son ton, sa posture, et cette insistance à rappeler son rôle exclusif de décideur sur le banc étaient des signaux clairs qu’il ne tolérerait pas d’ingérence extérieure, peu importe la stature de son interlocuteur dans les médias.
Si Martin St-Louis a mentionné qu’il aimerait donner plus de temps de glace à Pezzetta, il ne s’est jamais engagé à le faire.
Ses paroles, loin de constituer une véritable défense, étaient plutôt une manière détournée de justifier la gestion actuelle du joueur.
En expliquant que « Pezz, c’est un pro. Qu’il ait 3-4 [présences], qu’il en ait 8, il a la même attitude, » il a subtilement fait comprendre que Pezzetta n’est pas une priorité dans sa vision de l’alignement.
Cette nuance n’a échappé à personne dans la salle. St-Louis ne s’est pas risqué à affirmer que Pezzetta mérite davantage de responsabilités ou qu’il voit un avenir clair pour lui dans l’équipe.
Au contraire, il a semblé cautionner la critique implicite de son propre système, admettant que « nous composons souvent avec des retards dernièrement, » une situation qui limite naturellement les opportunités pour des joueurs de profondeur comme Pezzetta.
Pourtant, ce qui a le plus retenu l’attention, ce n’est pas ce qu’il a dit sur Pezzetta, mais la manière dont il a glissé ce rappel cinglant, soit le fait que personne ne va pas me dire comment gérer mon banc.
Cette phrase, bien que non dirigée explicitement vers Bergeron, portait une charge émotionnelle qui ne laissait aucun doute sur sa cible.
Les journalistes présents ont rapidement saisi que cette flèche dépasse largement le cas de Michael Pezzetta.
Bergeron, en critiquant l’utilisation du joueur, a remis en question la capacité de St-Louis à prendre des décisions en temps réel.
Pour un entraîneur qui prône une approche réfléchie et centrée sur le développement des joueurs, il est rare de le voir viser un membre des médias, même indirectement.
La réplique de St-Louis était donc aussi un moyen de défendre son honneur en tant qu’entraîneur, un rappel que, malgré son statut récent dans le métier, il reste le chef d’orchestre de l’équipe.
Dans ce contexte, chaque mot de St-Louis prenait un double sens. St-Louis défend ses choix stratégiques en expliquant que les circonstances dictent l’utilisation de Pezzetta, pas une quelconque incapacité à prendre des décisions courageuses.
Le Canadien de Montréal sera toujours une organisation sous pression, et chaque décision, aussi mineure soit-elle, est scrutée et critiquée.
Pour Pezzetta, cette querelle ne change rien à sa situation. Il reste un joueur de profondeur, utilisé comme un sous-plombier et dont l’avenir dans l’alignement est incertain.
Mais pour St-Louis, ce conflit représente bien plus qu’un simple désaccord. Il s’agit d’affirmer son autorité face à des figures du passé tout en prouvant qu’il est capable de gérer une équipe dans un marché aussi exigeant que Montréal.
Et dans cette bataille de mots, il semble évident que St-Louis a déjà gagner contre Bergeron.
La bagarre est déjà perdue pour le Tigre.