Martin St-Louis est en train de faire un John Tortorella selon André Roy

Martin St-Louis est en train de faire un John Tortorella selon André Roy

Par André Soueidan le 2025-12-01

Martin St-Louis savait très bien ce qui l’attendait en revenant à Montréal.

Des journalistes prêts à sortir le scalpel, et un vestiaire qui devait digérer un voyage épuisant à travers l’Ouest.

Et plutôt que de pointer ses joueurs, l’entraîneur du Canadien a décidé de sortir son meilleur numéro de John Tortorella version 2004 : absorber le blâme, détourner l’attention, et protéger son groupe.

St-Louis n’a laissé aucune zone grise.

« Dans la préparation de match, j’aurais pu faire une meilleure job… je le prends un peu sur moi », a-t-il avoué sans broncher, un rare moment de transparence brute dans une ligue où la cassette corporative domine.

Et il a poussé encore plus loin.

« J’ai demandé aux gars de défendre passivcement… c’était probablement une erreur. »

Pour un coach qui d’habitude parle de structure, d’identité et de “pace”, c’est pratiquement l’équivalent d’une confession publique.

L’ancien dur à cuire, André Roy, qui a vécu l’ère Tortorella à Tampa Bay avec St-Louis joueur, a tout de suite reconnu la signature lors de son segment du fameux 5@7 de RDS.

Il a expliqué qu’à l’époque, Torts utilisait constamment cette tactique : absorber le coup devant les médias pour faire retomber la pression sur Lecavalier, sur St-Louis lui-même, sur les défenseurs fatigués, sur les gardiens croulant sous les attentes.

Une façon de dire publiquement : laissez-les tranquilles, la faute est sur moi.

Une équipe qui affronte Vegas puis Colorado en moins de 24 heures, à pareille altitude, avec un voyage compressé, finit inévitablement par casser quelque part.

Et Bruno Gervais l’a résumé simplement : « Ça arrive à toutes les équipes. Le coach le voit venir. »

St-Louis le savait.

C’est justement ce que Tortorella aurait voulu : transformer une défaite gênante en conversation sur la responsabilisation, pas sur l’effondrement.

André Roy l’a répété : Torts avait cette capacité de diriger l’attention où il le voulait. Et en voyant St-Louis le faire aujourd’hui, il n’a pas été surpris. C’est un ancien joueur de John Tortorella. Il connaît le manuel.

Le voyage reste quand même une réussite comptable.

Deux victoires sur trois contre Utah et Vegas, avec un troisième match sacrifié à l’altitude du Colorado.

St-Louis l’a rappelé :

« Deux victoires sur trois contre de bonnes équipes, on prend le résultat, mais il y a des choses à resserrer. »

Et même dans le vestiaire, la lecture était similaire. Alexandre Carrier l’a bien dit :

« À Vegas, ç’a été notre meilleur match des trois. On a joué de la bonne façon. »

Ce n’est pas un hasard si St-Louis veut filtrer le bruit avant un mois de décembre infernal.

Quinze matchs en vingt-neuf jours. Quatre programmes doubles.

Des adversaires mieux classés que le Canadien dans presque tous les cas. Un timing parfait pour jouer la carte Tortorella : stabiliser l’environnement avant que les fissures ne s’élargissent.

En surface, ça ressemble à une défaite à oublier.

En réalité, c’est un moment révélateur : Martin St-Louis a compris qu’il ne pouvait pas laisser l’histoire se concentrer sur Dobes, sur Montembeault, sur la fatigue ou sur les erreurs individuelles.

Il a décidé de prendre la balle au bond. Exactement comme Tortorella l’aurait fait.

Et quand André Roy te dit que c’est la bonne lecture… c’est probablement parce qu’il l’a déjà vécu dans un vestiaire où cette méthode menait à une Coupe Stanley.

À suivre ...